Rouge Midi : la CGT ALTEO a exprimé sa colère suite à une action d’un groupe " écolo" : est-ce à dire que les questions environnementales ne vous semblent pas importantes ?

CGT ALTEO : Pour notre syndicat et ses adhérents il est essentiel de produire tout en préservant l’ environnement, l’industrie est créatrice de richesse, mais ces richesses ne doivent plus se faire en mettant à mal notre planète, nous sommes persuadés que toutes les industries peuvent améliorer leur empreinte environnementale, ceci passe évidement par des investissements non productifs, ce qui freine la volonté des industriels, pour qui le profit compte plus que le respect de l’environnement.Nous en sommes un exemple, Ex Péchiney , nationalisé à l’époque, puis Alcan et enfin RIO TINTO, ces différents industriels ont eu l’aval des gouvernements successifs pour exploiter cette usine sous dérogation réglementaire à la convention de Barcelone. Il aura fallu que RIO TINTO finisse de découper ce qui restait du groupe Péchiney et nous vende à un fonds de pension américain HIG, pour que notre usine mette en œuvre des procédés dépolluants innovants dans le monde de l’alumine.
Nous ne « remercierons » jamais assez RIO TINTO qui a programmé l’investissement des filtres presses qui sèchent les boues que nous rejetions en mer (fin des boues en mer 31/12/2015)... quitte à laisser au propriétaire actuel une valise en euros pour réaliser ses investissements (32M€) et quitte à surtout à oublier d’informer les salariés au travers des syndicats représentatifs, que les eaux retours filtres presses avant envoi en mer dépasseraient largement la réglementation européenne sur un nombre considérable d’éléments chimiques (métaux ,soude, PH etc...)

Depuis grâce au travail des salariés il y a la mise en service d’une grosse unité de filtration en 2016, ce qui a permis de gros progrès environnementaux (5 M€)
Recherche et développement d’une unité CO2 pour épurer les métaux contenus dans l’eau, respecter le PH , démarrage prévu en Mars 2019, (6.3M€).
Reste à mettre en oeuvre, pour respecter totalement la réglementation, la création d’une troisième phase de traitement pour les deux derniers paramètres hors règlementation DBO5 ( demande en oxygène à 5 jours) et DCO ( demande chimique en oxygène). Nous n’avons pas connaissance encore du montant des investissements prévus.
Les investissements se font sur les profits générés par l’entreprise et non pas sur le capital, c’est donc grâce au travail des salariés que l’entreprise investit dans ces projets.
Nous retiendrons que l’impact environnemental est loin d’avoir été entièrement supporté par les grands groupes qui se sont succédé. Cela n’était pas dans leur stratégie, surement une des raisons qui ont fait que nous soyons vendus de cette manière.

Rouge Midi : Quelles solutions préconisez-vous ?

CGT ALTEO : Pour que l’environnement soit complètement respecté il faudrait que les techniques de dépollutions innovantes d’ALTEO soient mises en œuvre dans toutes les usines d’alumine procédé BAYER du monde.

RM : Vois-tu le lien avec la centrale et plus largement les attaques contre l’industrie dans le 13 ? Pourquoi ?

CGT ALTEO  : Il y a forcement un lien avec la centrale car des politiques et des associations prennent l’environnement comme prétexte pour demander la fermeture des usines, sans même comparer ce qui est comparable. Nous nous demandons à qui le crime profite ? L’objectif de faire de notre région le bronze cul de l’Europe n’a surement pas quitté l’esprit de certains, c’est sûr.En prenant un minimum de recul en fermant la centrale et ALTEO cela laisse de la place à l’immobilier (entre Aix et Marseille) et le port minéralier de FOS n’aurait plus de raison d’exister !!!.....

RM : Que penses-tu de la proposition de l’ANC de nationaliser les grandes entreprises (et donc la vôtre). On dit bien nationaliser et non pas étatiser, c’est-à-dire que l’état intervienne pour prendre l’entreprise du grand groupe à qui elle appartient et la rende en gestion aux salariés et à la population ?

CGT ALTEO : Je pense que c’est une solution sérieuse, ces industries créatrices de richesses devraient profiter aux populations et être sous leur contrôle, pour avoir qu’elles aient la maitrise sociale et environnementale des productions, au lieu que les capitaux profitent à l’actionnariat pour le compte d’une poignée de personnes.