Amérique latine : à gauche toute !

dimanche 17 décembre 2006
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Dans la semaine qui a précédé l’élection présidentielle au Venezuela le 3 décembre, « Arte » a diffusé un reportage de son envoyé spécial qui ne donnait la parole qu’aux opposants à Hugo Chavez : un ancien « guérillero » rallié aux forces conservatrices, des témoignages contestant, au mépris de la réalité, les mesures prises en faveur des couches populaires dans le domaine de l’éducation et de la santé (« les centres de santé sont inefficaces », « les médecins cubains ne sont pas de vrais médecins »...).

S’inscrivant dans la même démarche, « Le Monde » du 3 décembre prenait ses désirs pour des réalités : essoufflement des partisans de Chavez, opposition revigorée avec une mobilisation dépassant largement la mobilisation des chavistes, enrichissement des riches et appauvrissement des pauvres...

En élisant Hugo Chavez avec plus de 60% des voix en présence de très nombreux observateurs internationaux, le peuple vénézuélien leur a apporté une réponse cinglante. Il a confirmé son adhésion à la révolution socialiste bolivarienne fondée sur la satisfaction des besoins des plus pauvres et la coopération avec les autres peuples d’Amérique Latine concrétisée par le « Traité commercial des peuples » signé par la Bolivie, Cuba et le Venezuela.

A Cuba, alors que les exilés cubains à Miami, souvent relayés par les médias occidentaux, comptent les minutes de Fidel Castro et souhaitent ouvertement sa mort, le peuple continue de résister au blocus imposé par les Etats-Unis et à construire le socialisme.
Début novembre 2006, l’Assemblée générale des Nations-Unies a condamné une nouvelle fois l’embargo contre Cuba et exigé sa levée par 183 voix contre 4 (Etats-Unis, Israël, Palau, Iles Marshall). Comme l’a déclaré le ministre cubain des Affaires étrangères devant l’Assemblée générale des Nations-Unies : « Cuba socialiste est là et restera là, debout ».

Au Nicaragua, c’est Daniel Ortega, premier responsable du Front sandiniste de libération (FSLN) qui avait chassé le dictateur Somoza en 1979, qui a été élu malgré les pressions du patronat et des Etats-Unis. Il a toutefois conclu des alliances contre-nature avec une partie de la droite qui risquent de lui poser des problèmes à l’avenir.

En Bolivie, le gouvernement continue de se réapproprier les ressources naturelles du pays. Les premiers accords avec les multinationales du secteur des hydrocarbures (Total, Repsol, Petrobas) prévoient qu’elles remettront leur production à l’entreprise publique bolivienne. C’est l’inverse de la situation d’avant quand ces multinationales accaparaient plus de 80% des richesses produites.
Ces nouvelles recettes seront affectées à la santé et à l’éducation des plus pauvres. La réforme agraire a été adoptée par le Parlement pour mettre fin au pouvoir des latifundistes. Cette nouvelle loi, qui était un engagement prioritaire d’Evo Morales, prévoit la confiscation et la redistribution des terres jugées improductives à des milliers de paysans pauvres organisés en coopératives. Pour Evo Morales, cette réforme agraire est le symbole d’une « décolonisation » : « C’est la fin du pouvoir des latifundistes. Nous avons l’instrument pour en finir avec les grands propriétaires ».

En Equateur, c’est le candidat de gauche, Raphaël Correa, qui a battu très nettement (57% des voix) le candidat de l’oligarchie, le milliardaire Alvaro Noboa, magnat de la banane. Dès son élection, Raphaël Correa a annoncé « la fin de la nuit néolibérale ». Il a refusé de signer un traité de libre-échange avec les Etats-Unis et s’est prononcé pour la fermeture de la base militaire étasunienne de Manta et pour engager un programme de lutte contre la pauvreté qui touche actuellement la moitié de la population.

Le peuple cubain n’est plus seul à se battre et à résister à l’impérialisme étasunien. En mettant clairement le cap à gauche, les peuples d’Amérique Latine affirment leur volonté et leur détermination à se dégager de la domination des Etats-Unis. Ils leur ont signifié que le temps où ils dictaient leur loi dans ce qu’ils considéraient comme leur « arrière-cour » est terminé.

Ils ont également prouvé que les Etats peuvent se retirer d’alliances internationales impérialistes, affronter les multinationales et imposer leurs choix, comme la réforme agraire ou les nationalisations. Ils font souffler un vent d’espoir et nous ouvrent la voie. Ils ont besoin de tout notre soutien et de nos luttes pour construire un monde débarrassé de l’exploitation et de l’oppression.



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