Il faut se féliciter que les otages français aient été libérés. La forte mobilisation des médias et de la population y a fortement contribué. Mais l’arbre de ces libérations ne doit pas cacher la forêt des arrestations et enlèvements de très nombreux Irakiens par les forces d’occupation étatsuniennes.

Abdul Jafar Al Kubaysi en fait partie. Réfugié politique en France, il est retourné à Bagdad où il a créé un journal « Nida Al Watan » critiquant l’agression contre l’Irak et l’occupation du territoire. Ce qui a fortement déplu aux autorités d’occupation qui l’ont arrêté le 4 septembre 2004 dans un grand déploiement de forces armées (3 hélicoptères, 4 tanks et 100 militaires !). Depuis, il est détenu au camp Cropper près de l’aéroport sans chef d’accusation, sans possibilité de visite, ni de sa famille, ni d’un avocat.

Dans le prolongement de la pétition pour sa libération, déjà signée par des dizaines de personnes (parlementaires, syndicalistes, avocats, journalistes), plusieurs associations (Comité contre la guerre en Irak, Conférence internationale de solidarité avec le peuple irakien en lutte, Appel franco-arabe, Co-développement avec le tiers-monde, Collectif communiste polex) ont organisé le 27 juin à Paris une réunion publique animée par Aline Pailler.

Les participants, ont trouvé un vif intérêt à la grande diversité des interventions qui abordaient aussi bien la situation générale en Irak que le cas de Abdul Jafar Al Kubaysi et des prisonniers politiques en Irak.

Mère de deux enfants de 9 et 7 ans (dont le dernier est né en France), M^me Al Kubaysi a bien sûr exprimé les difficultés de sa famille séparée de son mari (qu’elle n’a encore jamais pu aller voir). Mais elle a surtout insisté sur le sort de toutes les femmes irakiennes qui souffrent de l’occupation et qui sont souvent sans nouvelles de leur père, mari ou frère enlevé sans motif par les forces d’occupation. Son avocate Nicole Dreyfus et l’avocat Jean-Jacques de Felice ont insisté sur la nécessité de se mobiliser pour briser le mur du silence autour du cas Al Kubaysi et pour appuyer les actions judiciaires déjà engagées auprès du procureur de la République et du Ministre des Affaires étrangères (Al Kubaysi était réfugié politique en France et sa famille y réside toujours) et auprès du groupe de travail des Nations-Unies sur les détentions arbitraires.

Serge Terrier, responsable du secteur international de la Fédération CGT de l’énergie, a apporté son soutien à l’action engagée pour la libération d’Al Kubaysi et a exprimé sa solidarité avec les travailleurs irakiens et leurs organisations qui se battent à la fois contre l’occupation, contre les privatisations, pour leur emploi et leur pouvoir d’achat.

Awni Al-Kalamji, porte-parole de l’Alliance patriotique irakienne, et Subhi Toma ont rendu compte de la situation réelle en Irak où la puissance des Etats-Unis et le gouvernement fantoche se heurtent à la résistance multiforme du peuple irakien. Condamnant les actes terroristes contre les civils et les prises d’otages, ils ont salué la résistance du peuple irakien qui s’exprime aussi bien par des actions contre les privatisations, des mobilisations dans les quartiers pour le pouvoir d’achat que par des actes contre les forces policières et militaires d’occupation. Leurs propos ont été relayés par des participants qui ont fait référence à la Charte des Nations-Unies qui reconnaît à un peuple le droit légitime de résister à l’occupation de son pays, comme ce fut le cas au Vietnam, en Algérie et aujourd’hui en Palestine.

Les médias qui n’abordent la question irakienne qu’à travers les prises d’otages ou les voitures piégées, auraient pu utilement se renseigner sur la réalité irakienne. Aucun journaliste français n’était présent à l’étonnement d’une journaliste japonaise très intéressée par cette réunion !

Au cours de la réunion, Aline Pailler a lu les messages de soutien du chanteur Gérard André, de l’écrivain Gilles Perrault pour qui « elle est singulière, la prétendue croisade pour la liberté qui aboutit à ouvrir des camps d’internement et à les remplir de milliers de détenus irakiens(...). L’exigence de leur libération s’impose à toutes celles et à tous ceux qui n’acceptent pas que les droits humains soient ainsi bafoués », de l’ancien ministre Anicet Le Pors qui a salué Al Kubaysi qui « résistant aux forces d’occupation et récusant le recours aux méthodes inhumaines qui isolent les forces démocratiques, a consacré ses efforts au rassemblement des forces vives irakiennes qui aspirent à construire pour l’Irak un avenir de progrès et de paix », du député européen italien Vittorio Agnoletto (du groupe GUE/NGL) qui s’est dit « convaincu qu’une des priorités de l’Irak doit être la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers politiques (....) Il faut mettre un terme à cette occupation étrangère et restaurer la souveraineté irakienne ». Son message se concluait pour l’engagement de soulever le cas d’Al Kubaysi au Parlement européen au cours du prochain débat sur la situation en Irak.

A l’issue de la réunion, Guy Poussy, au nom des organisateurs, a fait adopter le principe d’une délégation auprès de l’Ambassade des Etats-Unis à Paris.

Pour plus de renseignements sur la situation en Irak et pour signer la pétition :

Iraqresistance