Ce qu’un ex-premier ministre ne peut dire sur Israël qu’une fois parti à la retraite

dimanche 3 décembre 2006
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Merci, Madame la Présidente, mes amis. Mon discours est intitulé « Un cri pour rendre justice aux
Palestiniens ».
Etre invité à tenir un discours dans la
capitale d’un nation qui a enrichi la civilisation avec
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
est à la fois honorant et inspirant.

Par Dries van Agt

Il y a plusieurs
raisons convaincantes pour nous soucier de ce qui
se passe dans l’ancienne zone sous mandat anglais.

- La première est que son histoire est marquée depuis
plus de 60 ans par des violations graves et constan-
tes aux droits de l’homme fondamentaux, et cela à
grande échelle puisque ces violations sont commises en
effet, aux dépens de millions de gens. Ces violations,
en outre, vont de pair avec de lourdes atteintes au
droit international.

- Une seconde raison est que nous
avons, en qualité d’Européens, une responsabilité
toute particulière par rapport à l’injustice révoltante
qui se manifeste là bas.

- Une troisième raison, c’est
que les horreurs dont nous parlons aujourd’hui se
déroulent dans le Proche-Orient et par conséquent au
voisinage des frontières de l’Europe. Ceci nous rend
très vulnérables aux méfaits qui en découlent. Pour
dire les choses plus simplement, ce qui se passe là-
bas présente de graves dangers pour nous.

Commençons par les quelques mots sur la procla-
mation et l’expansion de l’ Etat d’Israël. Dès que les
Britanniques eurent rendu en 1947 à l’Organisation
des Nations Unies le mandat sur la Palestine, qui leur
avait été confié après la 1er guerre mondiale, l’Assem-
blée générale de l’ONU adopta une résolution visant
à régler le partage de la Palestine : deux Etats indé-
pendants devaient être créés, à savoir un Etat juif et
un Etat arabe. Ceux ci devaient initier ensemble une
union économique. L’ONU devait elle-même prendre
sous sa protection la zone comprenant Jérusalem et
Bethléem.

Ces dispositions ont été rejetées par la par-
tie arabe, ce qui n’était pas tout à fait incompréhen-
sible, parce que le territoire pour Israël dans ce plan
occupait 54% de la zone du Mandat, la partie pour
les Palestiniens par conséquent 46%. Alors, en 1947,
la population de la Palestine était encore composée
en grande majorité de musulmans et de chrétiens
palestiniens.

Au crépuscule du mandat britannique,
des troupes armées juives commencèrent l’expulsion
des habitants arabes. Lorsque les dernières garnisons
britanniques se retirèrent, et que David Ben Gourion
proclama la création de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948,
de nombreux Arabes étaient déjà des réfugiés. A la
fin de l’année 1948, plus de 700 000 Arabes avaient
quitté le territoire d’Israël. Ils avaient émigré, ou bien
ils avaient été expulsés. Et des centaines de milliers
de personnes allaient encore s’y ajouter en 1967.

Dans l’année qui suivit la proclamation de l’Etat d’Is-
raël, celui-ci étendit son territoire, les 54%, sur plus
des trois quarts de l’ancienne zone palestinienne. Par
conséquent, moins d’un quart de cette zone restait
aux Palestiniens. Telle était la situation déjà en 1948-
1949. Les pays arabes voisins et l’Irak avaient réagi
furieusement à la proclamation de l’Etat d’Israël et
avaient attaqué ce nouvel Etat. Nous le savons, et
nous savons aussi qu’ils étaient militairement faibles,
divisés par la défiance mutuelle, et que le jeune Etat
d’Israël infligea une défaite cinglante aux assaillants.

La situation actuelle : Israël contrôle toute la Pales-
tine depuis 1967, ainsi que le plateau du Golan. La
création d’un Etat pour les Palestiniens n’a pas encore
eu lieu. Israël occupe tous les territoires palestiniens
depuis 40 ans. Jérusalem-Est a même été annexée
par Israël, contrairement au droit international. L’oc-
cupation de Gaza et de la Cisjordanie est également
illégitime. Les résolutions de l’ONU ont à plusieurs
reprises, une dizaine de fois, quelques dizaines de
fois même, appelé Israël à cesser l’occupation au nom
de « La Terre pour la Paix ». Mais en vain.

Israël a
ignoré toutes ces résolutions, même celles du Conseil
de Sécurité. Le maintien de l’occupation de toutes le
zones palestiniennes est incontestablement illégal.

Parlons maintenant de la colonisation des zones
occupées

Au fil des années, de nombreuses installations de
colons juifs ont été créées, dans ces zones occupées.
Les colons étaient encouragés et soutenus par leur
gouvernement et leur nombre n’a cessé d’augmen-
ter. Le nombre de colons s’élève à l’heure actuelle à
plus de 400 000. Des terres palestiniennes ont été
confisquées pour les besoins de ces colonies, c’est
bien évident, mais d’autres terrains ont été confis-
qués aussi pour la construction de routes destinées à
leur protection. L’armée israélienne patrouille sur ces
routes réservées aux colons, seulement aux colons,
et à l’armée. En effet, les Palestiniens, notez bien sur
leur propre territoire, ne peuvent pas les utiliser du
tout.

Cette colonisation, y compris les équipements
d’infrastructure correspondants, est totalement
contraire au droit international. La politique de colo-
nisation se heurte de front à la IVe convention de
Genève sur le droit humanitaire applicable en temps
de guerre. Cette colonisation progressive viole en
outre la Feuille de route pour la paix et enfreint les
accords d’Oslo. Mais ce qui est encore plus grave,
plus grave que tout cela, pour ne pas dire fatal, c’est
que cette colonisation empêche la formation d’un
Etat palestinien viable. Par conséquent la perspective
d’une paix durable dans cette région s’évanouit.

Le Dr Tanya Reinhardt, citoyenne israélienne, professeur
à l’Université de Tel Aviv, soutient sans détour que la
politique du gouvernement à Jérusalem vise manifes-
tement à fractionner la Cisjordanie occupée. De cette
façon, écrit-elle, il se développe un réseau de prisons
en plein air, de parcelles de territoire encerclées de
tous côtés par l’appareil du pouvoir israélien. Les
Palestiniens évoquent à cet égard les bantoustans,
à savoir les ghettos d’Afrique du Sud sous le régime
minoritaire blanc. La fragmentation des zones pa-
lestiniennes existe, même sans tenir compte de la
politique de colonisation, du fait que l’armée d’occu-
pation a dressé partout des postes de contrôle et par
conséquent des barrages dans les zones occupées.

Ces dernières sont ainsi morcelées de fait en dizaines
de parcelles distinctes. Le nombre de barrages est
maintenant de 500, peut-être plus. Cette fragmen-
tation, vous le comprenez, est catastrophique pour
ce qui subsiste de l’économie palestinienne. A cela
s’ajoute que les Palestiniens sont souvent humiliés à
ces check-points, et parfois même traités comme des
chiens. Je l’ai vu et entendu moi-même à plusieurs
reprises. Certains jeunes Israéliens qui ont fait leur
service militaire auprès de ces check-points ont livré
des témoignages choquants à cet égard.

Parlons du Mur

Israël a commencé en 2003 la construction d’un
mur de séparation. Ceci à
des fins de sécurité selon les Israéliens, tandis que
les Palestiniens estiment que la fonction du Mur
consiste à renforcer la ségrégation, l’apartheid.

Il
s’agit d’un mur impénétrable doté de fossés, de
voies de patrouille, de tours de contrôle et de fils
de fer barbelés sous tension électrique. Pour une
grande partie, cette enceinte a été érigée dans les
territoires palestiniens. Alors, le 9 juillet 2004, il y
a 2 ans, la Cour Internationale de Justice a déclaré
illégale cette construction. La Cour a signifié à Israël
d’en cesser aussitôt la construction, de démanteler
ce qui avait déjà été construit, et de dédommager
les Palestiniens sinistrés. Quelques jours plus tard,
l’ONU, l’Assemblée Générale, s’est exprimée de la
même façon, à l’exception de quelques voix : 160
votes en faveur et 4 ou 6 votes contre, et ces 4 ou 6
votes, étaient les votes des Etats-Unis, d’Israël et de
quelques petites îles du Pacifique, que vous ne pouvez
pas trouver sur la carte.

Cela veut dire que le monde
entier s’est prononcé. Mais Israël a aussitôt, le même
jour, déclaré ne pas vouloir tenir compte de cette
déclaration, et la construction du mur se poursuit,
se poursuit quotidiennement, à un rythme soutenu.

Nous avons, Monsieur l’Ambassadeur Champenois et
moi-même, nous avons vu s’ériger ce colosse dans
la petite ville de Bethléem. C’est à la fois intimidant
et menaçant. Devant sa progression, des dizaines de
milliers de paysans doivent abandonner leurs terres,
et ils ne peuvent plus, ou plus guère, cultiver leurs
champs et leurs vergers situés de l’autre côté. Bien
des écoles et des hôpitaux deviennent inaccessibles
et les visites de famille impossibles. Il s’agit là d’un
projet scandaleux, d’une injustice flagrante, et le
monde ne fait rien, les pays européens rien non plus.

Ce constat établi, que dire des attentats suicides ?

Israël n’aurait-il pas le droit, pour sa défense, de se
retrancher derrière un tel rempart ? Le droit interna-
tional le permet, mais à condition qu’Israël construise
cette enceinte sur son propre territoire. Ce n’est pas
le cas en grande partie.

Le tracé du mur se dessine
sur le territoire palestinien, et à plusieurs endroits,
même, en profondeur, afin d’entourer des colonies
israéliennes. Celles ci sont ainsi annexées, de fait,
par Israël, en même temps que de grandes parcelles
de terre palestinienne sur lesquelles elles se trouvent
sont annexées aussi.

Quelques mots de plus sur les attentats suicides. Je
veux être clair, tout à fait clair. Dans la mesure où ils
se produisent contre des civils, je les condamne sans
restriction. Mais ces actes de violence ne peuvent
pas être considérés hors du contexte dans lequel ils
se produisent. C’est le contexte d’une occupation
continue, et sans issue aussi, dimension très im-
portante : 40 ans déjà. Appartiennent au contexte
aussi, les annexions insidieuses, la destruction d’ha-
bitations et de terres cultivables, les humiliations
aux barrages, l’étouffement de la vie économique.
Chers amis, chaque acte de violence palestinien, où
qu’il soit commis, est qualifié de terroriste par Israël.
Or, la résistance armée contre l’armée d’occupation
en zone occupée n’est pas du terrorisme. C’est un
combat pour la liberté.

En revanche, les actes commis par l’armée israé-
lienne ne sont jamais qualifiés de terroristes, quel
que soit le nombre de Palestiniens, femmes, enfants,
vieillards compris, qui succombent ou qui sont mu-
tilés à vie.

Une autre remarque sur ce contexte : la
violence pratiquée au moyen d’armes fabriquées de
façon artisanale s’appelle du terrorisme. Tandis que
la violence pratiquée en utilisant des avions, des
hélicoptères de combat, des camions et des tanks
n’en est presque jamais. L’Europe est doublement
responsable.

- En premier lieu la situation actuelle au
Moyen-Orient est partiellement due au morcellement
de l’Empire ottoman que les vainqueurs de la Première
guerre mondiale ont pratiqué après l’effondrement
de cet empire. La Grande Bretagne et la France se
sont partagé le butin et ont créé de nouvelles entités
de façon plutôt arbitraire. C’est ainsi qu’est née la
Palestine, celle sous mandat britannique, alors que
tous les autres fragments de l’ancien empire ottoman
étaient devenus au fil des ans des Etats souverains :
le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Egypte, même l’Irak.
Seule la Palestine était abandonnée aux caprices de
l’histoire.

- En second lieu, l’Europe est responsable de
l’holocauste : l’exode massif des Juifs en provenance
d’Europe vers la Palestine a été, nous le savons,
conséquence immédiate de l’holocauste qui s’est
déroulé en Europe. L’Europe s’acquitte-t-elle de cette
responsabilité ? Pas du tout. C’est en fait les Palestiniens qui
paient le prix des crimes perpétrés en Europe contre
les Juifs. Et ces crimes, ce sont tout d’abord, naturel-
lement l’holocauste, mais aussi la malveillance antisé-
mite qui l’a précédé pendant des siècles. Mais pas un
seul mètre carré de terre européenne n’a été mis à la
disposition des Juifs pour leur permettre d’établir un
refuge sûr. Ce sont les Palestiniens en revanche qui
ont perdu 90% de leur territoire, et après la guerre
des six jours les Palestiniens ont tout perdu.

Non, je
ne prétends pas que l’Europe abandonne complète-
ment les Palestiniens à leur sort. L’Union Européenne,
et ses Etats membres, ont offert beaucoup d’aide hu-
manitaire aux Palestiniens, tout au moins jusqu’à ce
que le Hamas accède au pouvoir. Il convient toutefois
de faire deux remarques à propos de cette assistance
de l’Europe.

- Pour commencer l’aide européenne perd
de son brillant par rapport à l’aide colossale qu’Israël
continue de recevoir de la part des Etats-Unis. En ce
moment, c’est plus de 3 milliards de dollars par an.
Il n’est donc pas étonnant du tout qu’après les Etats
Unis, Israël possède le plus grand parc d’avions de
chasse au monde, disposant de loin de l’armée la plus
puissante du Moyen-Orient. Israël possède en outre
l’arme nucléaire.

- Il convient également de mentionner
que l’aide de l’Europe n’est qu’un analgésique. L’Union
Européenne ne fait, et n’a presque rien fait d’autre,
pour éradiquer la cause de l’extrême misère des Pa-
lestiniens. Oui, l’Union Européenne échoue lamenta-
blement à cet égard. Mais sachez toutefois que je ne
plaide pas pour que nous, à notre tour, fournissions
des armes aux Palestiniens, à l’instar de ce que font
les Américains pour Israël.

- Je soutiens cependant que
nous devrions enfin mettre en application la clause
spéciale de l’accord euro-méditerranéen d’association
entre la Communauté européenne et Israël. Peut-être
pendant nos discussions, nous pourrons parler de la
réaction de l’Ouest. Malheureusement, les Américains
et les Européens sont main dans la main pour réagir
à l’accession du Hamas au pouvoir. Nous en parlerons
plus tard.

Vous avez, Mme la Présidente, mentionné
le fait qu’en 2002, les Arabes ont proposé à Israël de
céder les zones occupées en 1967, de les céder aux
Palestiniens avec en contrepartie la reconnaissance
de l’Etat d’Israël par tous les membres de la Ligue
arabe. La même chose s’est passée vingt ans aupa-
ravant. Ils l’ont fait deux fois. Mais Israël
n’a jamais donné suite à ce geste.

Quiconque, chers amis, exprime des critiques envers
le comportement du gouvernement de l’Etat d’Israël,
est aussitôt accusé d’antisémitisme. Nous le savons,
vous-mêmes qui venez de réagir avec vos mains, nous
le savons tous, que cette fâcheuse imputation est
complètement déplacée. Mais en fait, la menace de se
voir d’emblée attribuer un tel reproche effraie tant de
gens, qu’ils retiennent ou en tout cas atténuent leurs
critiques envers Israël.

Quoi qu’il en soit, je ne veux
pas me taire. Et il est conseillé dans cette délicate
question d’écouter des voix juives, et il y en a à foison,
d’écouter une déclaration du réseau nommé « Juifs
Européens Pour une Paix Juste ». Je cite : « Les Juifs
européens pour une paix juste demandent à la com-
munauté internationale, à l’Organisation des Nations
Unies et à l’Union Européenne de prendre enfin leurs
responsabilités et de faire cesser le bain de sang en
Palestine. L’injustice de 39 ans d’occupation militaire
par Israël doit cesser. Il est totalement inacceptable
que la charte de l’Organisation des Nations Unies, le
droit international et d’innombrables résolutions et
décisions de l’ONU aient été négligées par le Gouver-
nement israélien ».

En Israël même, vous le savez,
vous avez mentionné les noms de quelques organisa-
tions, il y a de courageux militants pour la paix, qui
continuent en dépit des déformations en provenance
de l’opinion publique, de donner leur rapport sur les
injustices en cours. B’tselem est une de ces organi-
sations. Ses rapports tiennent toujours un langage
ferme et clair.

Par exemple le rapport Land Grab « Vol
de terre ». Ce rapport, en 2002, dénonce le pillage des
terres occupées pour la construction des colonies. Une
de ses conclusions est la suivante : la modification
flagrante qu’Israël a provoquée sur la géographie de
la Cisjordanie pour la construction des colonies et le
choix de leur emplacement déjoue toute possibilité
réelle de pouvoir établir un Etat palestinien indépen-
dant et viable.

Comment ? C’est une déclaration forte
et choquante à la fois. Il y a quelques années, plu-
sieurs centaines de Juifs sud-africains ont publié une
déclaration de conscience dans laquelle ils ont établi
un parallèle entre le traitement des Palestiniens par
Israël et la répression de la population noire pendant
le régime d’apartheid. Et c’est ce que fait également
l’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la Paix :
« Cela me fend le cÅ“ur, écrit il après avoir rendu
visite aux territoires occupés, cela me fend le cÅ“ur
lorsque je vois comment les Palestiniens sont traités
par l’Etat d’Israël. Leur souffrance est celle que nous
avons connue jadis en Afrique du Sud ».

Y a-t-il encore une perspective de paix équitable ?

Il y a deux modèles, dont l’un est le modèle de deux
pays voisins, le pays d’Israël et un pays palestinien
viable. Mais comment pourraient cohabiter les Israé-
liens et les Palestiniens dans une telle hypothèse ?
Au mieux, on ne cesse de délibérer et de discuter à
ce propos, partout dans le monde, mais toutes ces
discussions ne concernent qu’un mythe : un Etat
palestinien réellement viable n’est plus réalisable.
Fini. Passé. Il n’est plus réalisable.

Il ne reste plus
maintenant que la moitié de la Cisjordanie, et cette
moitié est de surcroît morcelée si l’on tient compte
des annexions de facto par les colonies, et de tous
les équipements d’infrastructures correspondants,
et du mur. Et puis, Jérusalem-Est, j’en parlerai plus
pendant notre discussion, je suis conscient que j’ai
été invité par l’Association « Pour Jérusalem ». Il
est clair qu’une solution équitable ne pourra naître
de négociations entre Israël et les Palestiniens. Les
hommes politiques qui persistent à croire que de
telles négociations sont nécessaires ou souhaitables
ne se rendent apparemment pas compte, en dépit
de l’évidence de la situation qu’ils demandent des
négociations entre un lion et un mouton déjà à moi-
tié dévoré.

Il convient donc d’imposer une solution
juste. Mais, dit-on, seuls les Américains en seraient
capables. Seulement, il ne faut pas s’attendre à une
telle intervention de leur part et certainement pas tant
que les pays de l’Union Européenne continueront de
se comporter comme des vassaux de Washington.
Vous l’avez compris déjà. Nous, les Européens,
nous avons une obligation morale de faire enfin tout
notre possible pour créer la perspective d’une paix
équitable au cÅ“ur du Proche-Orient et si nous conti-
nuons d’échouer en cela, un chapitre d’une injustice
monstrueuse s’ajoutera à l’histoire de l’humanité.
Israël et les Etats-Unis y seront dénoncés comme
les responsables principaux et l’Europe sera désignée
comme une complice honteuse.
•••
pour nous et je voudrais attirer l’attention là-dessus.

Vous l’avez souligné dans votre exposé et cela m’a
vivement intéressé. Elle devient dangereuse pour
l’Europe. Je ne parle pas simplement du point de vue
de la justice que nous devons aux Palestiniens, mais
aussi du point de vue de notre intérêt. Car la ques-
tion palestinienne n’étant pas résolue, l’aggravation
des crises au Proche-Orient va être cumulative, ces
crises se nourrissant l’une l’autre. Vous avez aussi la
question d’Irak. Vous avez maintenant la question de
l’Iran, de la Syrie, du Liban. Tout cela s’accumule, se
nourrit, et va créer une situation plus qu’explosive.
Les Etats-Unis sont loin de là, alors que l’Europe est
toute proche. Je voudrais qu’on attire bien l’atten-
tion sur ce danger que je pense considérable, et qui
n’est pas très éloigné à la vitesse où vont les cho-
ses. Quand on voit ce qui s’est passé au Liban, avec
quelle brutalité, avec quelle soudaineté, on se dit que
le pire n’est pas forcément très loin, si on n’y prend
pas garde. Or, la question palestinienne est centrale
et tant qu’elle ne sera pas réglée, cette situation
explosive perdurera.

Trouvé sur le site de Michel Collon

Transmis par Linsay


Rencontre débat au Sénat français avec Dries M. A. van Agt
Ancien Premier ministre des Pays Bas
17 Novembre 2006
organisé par l’Association « Pour Jérusalem »,
assocpourjerusalem@yahoo.fr



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