Annexée

mercredi 9 mai 2007
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Je viens de faire une simulation de ce que pourrait être le montant de ma future indemnisation journalière Assedic, à l’aide de la toute nouvelle formule sortie !
Pas beaucoup de différence avec ce qui m’a été accordé pour la période précédente.

Quoi qu’il en soit, comme mon dernier contrat de travail s’est terminé avant le 1er avril dernier, c’est l’avant-dernière formule que je dois utiliser.
Je fouille dans mes archives. Je ne suis même pas sûre de ne pas avoir raté un épisode... Les dispositions des annexes 8 et 10 changent tout le temps !
Une fois l’opération terminée, c’est l’angoisse.
Si je ne me suis pas trompée, je serai bientôt moins bien indemnisée qu’actuellement. De l’ordre de 10ââ€Å¡¬ de moins PAR JOUR !

De toute façon, chaque fois que j’ai essayé de calculer à l’avance, je n’ai pas obtenu le bon résultat.
Enfin. Disons plutôt que le résultat que j’ai obtenu ne correspondait pas à ce qui m’a été attribué.
Lors de mon dernier renouvellement de droits, j’ai réussi, au bout de 3 coups de téléphone à l’Assedic, à extorquer à l’un de mes interlocuteurs le nombre d’heures travaillées qui avait été pris en compte pour calculer le montant de mon allocation : 540.

J’avais travaillé 604 heures. J’avais les attestations, j’en avais même fait un tableau comprenant salaires, dates de contrats, dates de paiements, rappels, numéros d’attestations etc.

À une époque, nous, intermittents du spectacle, devions envoyer nos attestations d’employeurs, ainsi que copies de nos fiches de paies, chaque mois, comme les chômeurs du régime général.

Aujourd’hui, la transmission de ces informations est à la charge de l’employeur, et donc nous sommes tributaires de sa diligence.

Quand cela a été mis en place, il a été donné comme consigne aux agents Assedic de ne pas prendre en compte les copies envoyées par les intermittents (autre information obtenue au téléphone). Autrement dit, notre application à nous, notre rigueur, n’avait aucune valeur.
Et pour être parfaitement tranquilles, les autorités ont décidé que l’on ne devait plus recevoir, dans les antennes locales, les intermittents. Le téléphone était bien suffisant.

Aucun moyen, donc, de vérifier contrat par contrat, face à un interlocuteur, comme cela se faisait ces dernières années, qu’un renouvellement de droit se faisait en tenant compte de tous les éléments. Sauf si l’on tombait, au téléphone, sur une personne plus consciencieuse et plus patiente que les autres.
Un peu la loterie, quoi !
Mais en cas de problème, cette personne ne pouvait pas, de toute façon, déroger à tout.

Pour en finir avec l’épisode de ma dernière période d’indemnisation, sachez que j’ai envoyé, en recommandé avec accusé de réception, un courrier demandant un recalcul de mon allocation, avec mon joli tableau récapitulatif, mon nombre d’heures réellement travaillées, et copies de mes attestations et fiches de paies.
J’ai été tout simplement ignorée.
J’étais dégoûtée, mais surtout découragée.
J’ai laissé tomber.

Je ne sais toujours pas comment a été évaluée mon indemnité journalière.

J’ai espéré que j’allais travailler beaucoup et que mes jours de chômage ne seraient que saupoudrage au milieu de mes jours d’activité.
Car, contrairement à ce que pensent certains, dont certains « partenaires » sociaux, le but de la plupart des intermittents, c’est pas de se la couler douce, mais de BOSSER !

Cependant, la répartition des heures de travail peut être différente de celle des métiers salariés. Dans certaines professions, comme la mienne, on peut facilement travailler 60 heures par semaine.
Je suis régisseur de télé et cinéma. Et sachez que, dans mon métier, quand on est intermittent, on est payé au forfait... C’est-à-dire corvéables à merci. Et comme on est consciencieux et qu’on aime ce qu’on fait... On le fait volontiers.

Mais cela ne laisse pas beaucoup de place au quotidien, à la vie avec les enfants, la famille, les amis, avec soi, aussi. On est un peu hors du monde, hors du temps, quand on tourne.

C’est une chance de faire ce genre de métier. Ça fait rêver. Mais on ne choisit pas les membres d’une équipe de tournage avec qui l’on travaille. Parfois c’est formidable. Parfois c’est difficile. Tout comme dans la vie, mais en plus concentré.

Dans tous les cas, la décompression est assez terrible, et l’on a forcément besoin, après un telle période, de récupérer, de se retrouver, et de consacrer du temps à la « vraie vie », avant d’attaquer un autre projet.

Pourtant, j’adore mon métier, que j’ai mis longtemps à trouver.
Bien loin de l’idée de ce milieu quand j’étais à l’école, j’ai plus tard cherché, fait des « petits » boulots, travaillé bénévolement (quelle horreur, j’étais alors au chômage !) pour cerner petit à petit ce monde...
Les choses se sont un peu stabilisées quand j’ai commencé à travailler plus régulièrement... Quand j’ai « fait » suffisamment d’heures et suis devenue intermittente !!!
Ce qui tendrait à prouver que ce statut n’est pas apparu par hasard. Il correspond bien à ce que sont nos métiers, en tout cas à la façon dont nous sommes obligés de les exercer.

Je trouve que j’ai de la chance de faire un métier que j’aime. Je trouve que j’ai de la chance d’avoir pu prendre le temps de le chercher.
Et je ne me sens vraiment moi-même que quand je travaille. Si je suis en pause, j’ai besoin de savoir jusqu’à quand, d’avoir un projet calé dans le temps... Pas trop loin !
Financièrement, bien sûr, la vie est très différente d’une période de boulot à une période chômée. Pas grave, tant que les deux s’équilibrent. On peut prévoir, mettre de côté.
Mais à un moment donné, si le travail tarde à arriver, ça n’est plus possible.

Moi, ça me fait culpabiliser, de me plaindre.

Je suis installée plus que correctement.
Chance, quand j’ai fait une demande de crédit à La Poste, moi qui ne connais que le CDD, mon dossier a été présenté à une commission moins frileuse que les autres. Un apport financier hérité de mes parents et quelques fiches de paies siglées France 3, ont dû leur inspirer confiance.

J’en ai pris pour 20 ans, et j’ai pu acheter un appartement qui me plaît, pour mon fils et moi-même.
Le comble, c’est que quand je regarde le prix des loyers, je me dis que je ne m’en sortirais pas du tout si je devais louer le même logement. Mon crédit est à ma mesure... Tant que je ne cesse pas de trouver contrat après contrat.

Oui j’ai de la chance. Quand je suis en tournage, ou entre deux, avec des projets, tout est possible. Je suis forte, qualifiée, courageuse, rieuse, tout est possible.
Mais là j’ai peur.
En 2006 j’ai travaillé 8 mois. En 2007 pas encore ! Deux projets tombés à l’eau, un réseau de relations sûr mais limité. Je ne suis pas mondaine.
Car en plus d’être compétents, il nous faut être présents tout le temps, nous montrer. Sinon, on nous oublie aussitôt...

Je démarre dans quelques jours une nouvelle période d’indemnisation par l’Assedic.... Sans savoir, donc, à quelle sauce je vais être mangée (l’image est juste, je vous assure).

Cerise sur le gâteau, je viens d’apprendre que j’ai un sérieux problème de dos... Problème sérieux pour l’exercice du métier de régisseur !
Alors je me sens une « rien du tout ».
Et nous sommes si nombreux dans ce cas...
La précarité est partout, là où elle se voit et là où elle ne se voit pas.
Quand elle n’est pas là, elle nous guette.
Enfin ça, c’est pas un scoop... Surtout depuis dimanche...

Claire



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