Alors, on se suicide ?

mercredi 16 mai 2007
popularité : 4%

En élisant Sarkozy après Chirac, le corps électoral, a reconduit son choix de 2002. Il a refait ce choix, après avoir constaté que ce qui lui était proposé cette année, n’était pas fondamentalement différent de ce qu’il avait déjà rejeté en 2002. Non seulement les quelques ajustements sur 2002 étaient de nouveaux reculs devant le capital, mais il n’était pas tenu compte de son Non au Traité constitutionnel européen.

Il faut donc cesser de dire que ce choix renouvelé des électeurs est catastrophique, alors que la catastrophe, c’est le refus des « élites politiques de gauche » de prendre en compte les désidératas du « peuple de gauche ».
Il faut, au contraire, essayer de prendre la mesure de ce que certains voudraient bien nous faire prendre pour un « virage à droite de l’opinion publique », une « défaite de la classe ouvrière » (qui, par ailleurs, n’existerait plus !), etc., tentatives dont il permis de penser qu’elle visent à démobiliser pour faire accepter par avance, les mesures antipopulaires que Sarkozy et les siens ne vont pas tarder à nous présenter.

Selon un sondage TNS Sofres pour Le Figaro et TF1, 63 % de ceux qui ont élu Sarkozy (au second tour) adhèrent à ses thèses. Rapporté à l’ensemble des électeurs inscrits, cela signifie que seulement 26,8 % du corps électoral adhèrent aux thèses de Sarkozy : à peine plus d’un électeur sur 4, moins de 3 électeurs sur 10 !

Ce constat vient confirmer un autre sondage de novembre 2005 (sondage LH2 pour Libération), selon lequel 61 % des sondés jugeaient négativement le capitalisme : 6 sur 10 !
Est-ce parce qu’il employait le mot « capitalisme » que ce sondage est passé oubliettes ? Il est vrai que ce même sondage jugeait négativement le libéralisme économique (51 %), mais positivement le socialisme (51 %) !

On le voit, non seulement l’élection de Sarkozy n’a rien d’un basculement à droite, mais le chantier reste ouvert pour celles et ceux qui veulent débarasser la société française du joug du capital : jamais, sous la 5e République, la campagne d’une élection présidentielle n’a connu autant de grèves.

Pour se dégager du joug du capital, il me semble qu’il faut commencer par sortir du clivage gauche-droite, ne serait-ce que parce qu’il ne rend pas compte de la réalité de ceux qui jugent négativement le capitalisme (38 % des électeurs UMP et UDF portent un jugement négatif sur le capitalisme), pour revenir au clivage sur lequel repose la société française actuelle, le clivage capital-travail.
Il n’y a qu’en revenant sur ce fond que pourront se créer les rapports de forces obligeant le capital à reculer, jusqu’à redevenir la propriété du peuple qui, par son travail, l’a créé, mais en a été dépossédé.

Pour se faire élire, Sarkozy a fait un certain nombre de promesses concernant l’emploi, le pouvoir d’achat, etc. L’absence d’opposition fondamentale lui a permis de surfer sur les problèmes réels pour les dévoyer.
Figées sur cette ligne, nos « élites de gauche » continuent d’agiter « Sarko-facho » et nous font attendre, l’arme au pied, ses mesures antisociales, attendre pour avoir à se battre sur la défensive, à « résister »... pendant les vacances d’été...

Ne vaudrait-il pas mieux réclamer tout de suite les emplois, le pouvoir d’achat promis ? Où sont les emplois pour gagner plus en travaillant plus ? Aller au-devant des promesses de Sarkozy en dénonçant les responsables des carences en emploi (délocalisations, licenciements boursiers, notamment), en pouvoir d’achat (notamment les profits, les parachutes dorés) ? Et ainsi, isoler Sarkozy avec les seuls 26,8 % qui adhèrent à ses thèses ultra-libérales et atlantistes, faire monter la mise en cause de la propriété privée du capital et le besoin de son appropriation sociale, sans laquelle aucun changement fondamental ne pourra intervenir dans la vie quotidienne du peuple de France.

Sur leur lancée politicienne, pour les futures élections législatives et pour le moment, il ne semble pas que les « élites politiques de gauche » aient décidé de tenir compte du vote du peuple à l’élection présidentielle. A nouveau, elles se préparent à n’agiter que l’épouvantail Sarkozy.

Parmi elles, certains vont plus loin. Un ancien ministre communiste propose même la création d’« une nouvelle formation » politique, intégrant des communistes, des socialistes, des altermondialistes et écologistes, et n’excluant pas l’abandon de la référence au Parti communiste ! Il est vrai que ce ministre, qui fut le premier à privatiser une autoroute, expliquait que l’ouverture du capital d’Air France n’était pas la privatisation, se félicitait de la baisse du taux du livret A, mais restait muet quand, à Barcelone, Jospin et Chirac entérinaient le principe de la privatisation d’EDF-GDF...

Révolutionnaires de base, mes camarades, confrontés à la défection (pour ne pas dire plus) des « élites » qui ont abandonné les principes fondamentaux du Manifeste, invités à nous faire hara-kiri, allons-nous nous suicider collectivement ?

Ou allons-nous réagir, nous rencontrer, et reconstruire une organisation communiste digne du 21e siècle, qui fait si cruellement défaut aujourd’hui ?

Jean-François Autier,
ajusteur mécanicien, adhérent du PCF depuis le 3-1-63.

Transmis par Combat.



Commentaires

mercredi 16 mai 2007 à 17h22
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