Quel rôle joue Jérusalem dans la guerre Israélo-Palestinenne ?

Un rôle essentiel. Quand les Israéliens ont annexé Jérusalem-Est en 1967, la ville palestinienne comptait une centaine de milliers d’habitants, la plupart dans la Vieille Ville, à l’intérieur des remparts. Aujourd’hui Jérusalem compte 750000 habitants, un tiers Israéliens à Jérusalem-Ouest, un tiers Palestiniens et un tiers Israéliens dans les « nouveaux quartiers » en territoire annexé. La superficie de la partie Est (annexée à Israël par un vote de la Knesset) a été multipliée par 10. La ville s’étend sur près de 20 km de Ramallah à Bethléem.
Ces changements démographiques expliquent qu’aujourd’hui les Religieux Juifs sont largement majoritaires dans la municipalité. Une « épuration ethnique » permanente est à l’Å“uvre, visant à rétrécir les quartiers palestiniens, à construire de nouveaux quartiers juifs, à s’emparer d’immeubles pour obliger les habitants à partir. Ainsi à l’intérieur des remparts, les Israéliens se sont emparés de l’ancien « quartier juif »(vidé de sa population palestinienne) et dans le « quartier musulman », ils se sont emparés de plusieurs maisons. Ariel Sharon notamment en possède une.

Quel rôle joue le tramway dans cette restructuration de la ville ?

Les « nouveaux quartiers » à l’Est sont en fait des colonies qui sont petit à petit intégrées dans l’espace urbain de Jérusalem. Ils ont été construits sur d’anciens villages palestiniens. Ainsi le « nouveau quartier » de Givat Shaul est construit sur les ruines de Deïr Yassine, le village Palestinien où les terroristes de l’Irgoun ont commis le plus grave crime de guerre pendant la Naqba (toute la population civile du village massacrée en 1948). Le tunnel routier qui passe sous Givat Shaul s’appelle tunnel Menahem Begin. Avant d’être Premier Ministre, Begin avait dirigé l’Irgoun. Actuellement, ces « nouveaux quartiers » sont mal reliés au centre-ville. En allant de Jérusalem-Ouest aux nouvelles colonies (Pisgat Zeev), le tramway accélère donc en termes démographique et économique l’annexion.

D’autant que ces nouveaux quartiers jouxtent d’autres colonies qui ne sont pas encore intégrées à Jérusalem mais qui sont appelées à l’être. La plus importante, Maale Adoumim est une colonie luxueuse de 35000 habitants qui domine le désert de Judée. Si Maale Adoumim reste israélien, alors Ramallah et Naplouse seront totalement coupés de Béthléem et Hébron et il n’y aura aucun Etat Palestinien possible (même un bantoustan).

En quoi la construction de ce tramway concerne-t-elle les Marseillais ?

Il s’agit d’abord d’une violation flagrante du droit international qui n’a jamais reconnu les annexions israéliennes et qui s’en tient aux frontières d’avant 1967. Cette construction n’est pas seulement illégale, c’est un acte de guerre contre les Palestiniens avec le but évident de rendre le fait accompli irréversible. Et puis retrouver Alstom et Véolia qui ont déjà multiplié les coups foireux dans la région (privatisation de la SNCM, attaques contre la RTM) dans cette violation du droit montre bien que la défense des droits des travailleurs ici est inséparable de la solidarité internationale.
Nous devons aussi diriger notre colère contre les autorités européennes et françaises. Alstom et Véolia ne sont pas indépendants du pouvoir politique. Celui-ci cautionne cette construction illégale. Il semble même que l’ambassade de France en Israël et des élus marseillais aient joué un rôle déterminant dans la signature du contrat de construction du tramway. Nous avons toutes les raisons de demander des comptes et d’exiger l’arrêt de la construction de ce tramway.