Résistance

dimanche 18 novembre 2007
popularité : 4%

Il y a des prises de conscience douloureuses mais salutaires.
Voilà plusieurs fois, en quelques mois, que je parle à des personnes
âgées de 18 à 30 ans d’Angela Davis et que l’on me répond : « Qui ça ? »

Il nous faut donc en permanence rafraîchir la mémoire des moins jeunes et faire découvrir aux plus jeunes un moment de l’histoire qui ne figure pas dans les manuels scolaires !
Mais il est encore plus difficile, plus long et moins attrayant, d’expliquer
des notions comme « convention collective », « salaire » ou pire encore « salaire socialisé » !

Là aussi, il nous faudra revenir à l’histoire et nous aurons du mal à être cru, surtout si on nous sait de gauche ou pire impliqué dans le mouvement syndical !

Mais, heureusement, les pires ennemis de ces « droits sociaux acquis de haute lutte » et qui les considèrent comme des « avantages archaïques » viennent parfois à notre secours pour transmettre un héritage de moins en moins assumé par ceux qui devraient naturellement le revendiquer avec fierté.

C’est donc un ennemi des caisses de Sécurité Sociale, de la fonction publique, du conventionnement du marché du travail, de la représentation syndicale, des régimes complémentaires de retraite et autre code du travail, qui vient à notre rescousse pour exprimer sans détour et en toute clarté la cohérence des « réformes » engagées par Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Ce brillant pédagogue n’est autre que Denis Kessler, figure historique du MEDEF !

Dans un édito du 4 octobre dernier qu’il a signé dans la revue « Challenges », il nous donne une leçon lumineuse de science économique et sociale :

« À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité au programme ambitieux des réformes. C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exceptions. Il s’agit de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance. » Il donne alors un petit résumé du pacte politique entre gaullistes et communistes, rappelle que cette « architecture singulière » a été renforcée en 1981 « à contresens de l’histoire par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée… ». Je serais professeur d’histoire et géographie ou de sciences économique et sociale en terminale, je donnerais à coup sûr ce texte de Denis Kessler à commenter.

Quel plus bel aveu de la volonté de détruire un modèle de société qui reste pourtant pertinent et plus que jamais nécessaire si on veut échapper à la violence, à la barbarie et à la catastrophe écologique !
Avec ce texte, je donnerais, bien entendu, à commenter à mes jeunes élèves « L’APPEL DES RESISTANTS » lancé en 2004 pour la commémoration du 60 ème anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 :

« Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations
à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est
toujours intacte.

Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :

Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 :

Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des " féodalités économiques ", droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Les responsables politiques,
économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

Nous appelons ensuite les mouvements, partis,
associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau "Programme de Résistance " pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre qui, eux-mêmes, se nourrissent des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands- parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.

Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil National de la Résistance et
aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : " Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ".

Signataires :
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.

Pourquoi ne pas lire cet appel dans toutes les classes, pourquoi pas à 20h sur toutes les chaînes de télévision, avant tous les matchs, pour redonner du courage et de l’espoir à tous les citoyens ? Je serais ravie que l’on reprenne cette idée !



Commentaires

vendredi 23 novembre 2007 à 09h13
Logo de Le Gloahec
jeudi 22 novembre 2007 à 09h14 - par  Le Gloahec

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur