Mines : nationaliser ou pas ?

mardi 25 mars 2008
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Le gouvernement congolais s’apprête à revoir le code minier : les sociétés privées qui exploitent les richesses du pays s’insurgent.

Au Mali les pouvoirs publics n’ont pas hésité à nationaliser. Au Congo, pour l’heure, on ne parle pas de nationalisations mais simplement de mieux répartir les bénéfices des riches concessions minières exploitées par le privé. Il n’en faut pas plus pour sérieusement inquiéter les sociétés minières comme le montre cet article de Jean-Pierre Tuquoi publié sous le titre « L’Etat congolais veut remettre à plat les contrats miniers conclus par les régimes précédents » dans Le Monde du 23.03.08

Attendu depuis plusieurs mois, objet de fuites dans la presse locale, le rapport de la Commission (interministérielle) de revisitation des contrats miniers a été publié, jeudi 20 mars, par le gouvernement. Au fil de ses 500 pages, le document préconise de revoir des dizaines de contrats miniers conclus depuis les années 1990 par Kinshasa avec des firmes privées, dans des conditions souvent opaques. Celles-ci, selon le gouvernement, ont « gagné beaucoup d’argent sans que le Congo en profite ».

Sur les 61 contrats « revisités », pas un n’a été déclaré équitable par la commission ; 37 sont classés « à renégocier » et, pour les 24 autres, la commission préconise une résiliation pure et simple.

Pour justifier la remise en cause des contrats, le vice-ministre des mines, Victor Kasongo, a expliqué qu’« aucun n’est conforme aux standards internationaux », ce dont témoignerait la faiblesse des recettes fiscales tirées par l’Etat de l’exploitation des immenses ressources minières du pays (10 % des réserves mondiales de cuivre, plus de 30 % de celles de cobalt). En 2007, Kinshasa n’aurait encaissé que 40 millions de dollars (27 millions d’euros). A titre de comparaison, l’organisation, en 2007, des élections en République démocratique du Congo (RDC) a coûté 460 millions de dollars à la communauté internationale.

PILLAGE DES RESSOURCES

Les sociétés minières avaient été informées, en février, des conclusions de la commission les concernant, et invitées à y répondre par écrit avant l’ouverture des renégociations dont la date n’a pas encore été fixée. Une révision du code minier a également été annoncée, ce qui a entraîné une chute des cours des groupes miniers anglo-saxons présents en RDC et cotés sur les places financières occidentales.

Pour leur défense, les multinationales qui ont investi au Congo reprochent aux auteurs du rapport, outre des « erreurs multiples », de les avoir mises dans le même sac que les sociétés qui, en dépit de leurs engagements, n’exploitent pas les concessions qu’elles détiennent et attendent de les céder avec un bénéfice important.

En privé, les critiques sont plus sévères pour les autorités coupables de participer au pillage des ressources du pays (l’exportation du diamant de la province du Kasaï, par exemple, se fait par avion avec la complicité active des responsables militaires locaux). Alors que, depuis des années, le Congo est le pire pays pour le climat des affaires, selon le classement de la Banque mondiale, les groupes miniers se disent convaincus que la « revisitation » n’est qu’une recette imaginée par les dirigeants politiques pour « rançonner » les groupes miniers. « Quand on additionne les sommes versées par nos entreprises et celles encaissées par l’Etat, on constate que le compte n’y est pas. L’argent finit dans d’autres poches », assure le responsable d’une compagnie minière sous couvert d’anonymat.

Transmis par Linsay



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