Constitution, ports, retraites : l’offensive des tenants de l’UE

vendredi 9 décembre 2005
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• FORCING POUR LA CONSTITUTION EUROPEENNE :

De nombreux dirigeants politiques et commentateurs des médias ont encore en travers de la gorge l’arête du non au referendum sur la constitution. Mais ils n’en tirent aucun enseignement et continuent à faire la leçon aux peuples français et néerlandais. Tout en essayant de faire croire que les choses iraient mieux si la Constitution avait été adoptée, ils reconnaissaient toutefois que la constitution était « caduque », voire « morte ». Dans la dernière période, on assiste à un réveil des partisans du oui et curieusement, à un « bougé » de certains partisans du non. Est-ce à cause des prochaines échéances électorales ?

De nombreuses associations (dont Confrontations), qui bénéficient pour la plupart de fonds européens, se sont alliées à des parlementaires de droite, socialistes et Verts pour mettre en place une structure intitulée « Sauvons l’Europe », avec l’objectif de sauver la Constitution.

Pour le député européen polonais du groupe libéral Bronislaw Geremek, la Constitution devrait s’appliquer en 2007. La nouvelle chancelière allemande Angela Merkel n’est pas aussi pressée mais, au cours de sa récente rencontre avec le président du Parlement européen, elle a appelé à faire le forcing pour ne pas abandonner la Constitution.

Le 29 novembre dans « La Croix », l’ancien ministre des affaires européennes Michel Barnier affirmait que le texte n’était pas « mort ». Il proposait de poursuivre le processus de ratification et appelait à réunir les partisans du oui et du non pour « mettre à plat la question européenne et recréer ainsi un consensus, une sorte de grande coalition des idées qui regrouperait gauche et droite voulant aller de l’avant ».

Ce rapprochement des partisans du oui et du non est également un objectif de certains parlementaires et dirigeants politiques au niveau européen. C’est ainsi que Fausto Bertinotti, secrétaire général du Parti de la Refondation Communiste en Italie, a initié un séminaire le 30 novembre à Bruxelles sur le thème « Comment réconcilier le oui et le non ? » avec la participation de parlementaires socialistes (dont Harlem Désir), Verts (dont Cohn-Bendit) et libéraux. Cette initiative correspond-elle à une tactique pour mieux s’inscrire dans la campagne commune derrière Romano Prodi (ancien président de la Commission européenne) pour les prochaines élections en Italie ?

Quand on sait que Fausto Bertinotti est le président actuel du « Parti de la gauche européenne » (dont est membre le PCF), qui a tenu son premier congrès fin octobre à Rome, est-ce de sa part une tentative de faire évoluer les positions de ce Parti européen sur la construction européenne ? Celui-ci a déjà pour objectif de dégager des « propositions d’alternatives concrètes en vue d’une autre constitution européenne ». Les partis qui le composent sont-ils tous d’accord pour ce processus constituant ?

La démarche de Fausto Bertinotti n’est-elle pas relayée en France par ceux qui prônent un rassemblement des partisans de gauche du oui et du non après avoir jugé le dernier congrès du Parti socialiste comme un infléchissement à gauche ?

En France comme en Italie, n’est-on pas en train d’assister chez certains à un mouvement d’abandon ou de marginalisation du non populaire et de classe à la constitution européenne pour préparer les prochaines échéances électorales et les alliances politiques qui en résulteraient pour la formation d’un gouvernement ?

• RELANCE DE L’OFFENSIVE POUR LA LIBERALISATION DES PORTS :

Grâce à la mobilisation des personnels des ports, notamment des dockers, la proposition de la Commission européenne de 2001 sur la libéralisation des services portuaires avait été rejetée par le Parlement européen en 2003 (209 voix contre 229 et 16 abstentions).

Refusant de tenir compte de ce rejet, la Commission européenne (qui multiplie les rapports et les déclarations sur la démocratie et la transparence) est revenue à la charge en 2004 avec une nouvelle proposition de directive qui s’inscrit dans la même démarche. Tous les services portuaires seraient ouverts à la concurrence : pilotage, remorquage, amarrage, manutention du fret, services passagers. L’objectif est toujours le même : réduire les coûts au détriment de la sécurité, de l’emploi, des conditions sociales des personnels et de la qualité des services.

La commission des transports du Parlement européen vient d’approuver le 21 novembre la proposition de la Commission sans aucun amendement. Le dossier sera examiné à la session plénière de janvier à Strasbourg. D’ici là, les syndicats du secteur des transports maritimes resteront mobilisés, comme ils l’ont été en manifestant le 21 novembre à Bruxelles, avec un seul objectif : obtenir le retrait pur et simple du projet de directive qui est défendu par le commissaire français Jacques Barrot.

• LES RETRAITES DANS LE COLLIMATEUR :

Le 16 novembre, John Monks, secrétaire général de la CES (Confédération européenne des syndicats), était reçu par « l’intergroupe syndical » des parlementaires européens. Après avoir fortement soutenu le projet de Constitution européenne, il a pris son bâton de pèlerin pour défendre « l’Europe sociale ». Refusant le rejet de la directive Bolkenstein, il « défend le besoin d’une directive équilibrée » ! Pour lui, « il est clair que l’Europe sociale est importante » ; ce qui l’amène à déclarer aux parlementaires : « Les travailleurs doivent sentir que l’Europe sociale est là pour eux ».

Les salariés belges l’ont tellement bien « senti » qu’ils ont manifesté et fait grève contre « le pacte de solidarité entre les générations » du gouvernement qui vise à réformer la protection sociale, avec notamment le relèvement de l’âge de la retraite. L’Europe « sociale » est conjuguée également à Berlin par la nouvelle alliance entre le SPD et la CDU qui a dégagé un accord sur un relèvement des cotisations retraites et une augmentation de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans sans oublier le relèvement de la TVA. Même orientation à Madrid avec la volonté du gouvernement socialiste de Zapatero d’allonger la durée du travail et d’augmenter l’âge de la retraite au-delà de 65 ans.Tony Blair n’est pas en reste puisque la commission qu’il a mise en place propose d’allonger la durée du travail jusqu’à 69 ans.

Face à cette offensive contre les droits sociaux, ne serait-il pas plus utile que le secrétaire général de la CES contribue à impulser les luttes des salariés dans toute l’Europe plutôt que d’aller pérorer sur « l’Europe sociale » dans les instances européennes ?



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