Pour le moment cela ne fait pas les gros titres. Et pourtant en cette période où le pouvoir d’achat est à la une, où beaucoup se demandent comment gagner plus, l’initiative, révélée par Le Monde ne devrait pas être passée sous silence. ..

Sous le titre « la bonne fortune du baron Seillière » Le Monde du 02.05.08 nous apprend que « lors d’une réorganisation du capital en mai 2007, les cadres dirigeants du groupe Wendel se sont partagés 324 millions d’euros en actions. La part de l’ancien président du Medef (et toujours président du patronat européen) était de 79 millions d’euros » : si c’est pas de la gestion ça !!

Pour acquérir ces 324 millions d’euros en actions, à se partager à quinze, il suffisait de ne débourser « que » 83 millions. Mieux, et cela prouve que le groupe Wendel est bien managé, les 15 heureux élus ont réussi à n’en sortir que moins de la moitié de leur poche : 32,6 millions exactement.

Et en plus tout est légal ! nous dit Le Monde même si le quotidien souligne les « questions éthiques » soulevées par l’opération. C’est donc en toute légalité attestée par cabinet d’affaires que Ernest-Antoine Seillière président du conseil de surveillance de Wendel, a reçu 79 millions d’euros de titres, Bernard Gautier membre du directoire 36 millions et Jean-Bernard Lafonta président du directoire 83 millions d’euros. Les douze autres cadres se sont contentés des 85 millions qui restaient.

Vous voulez faire pareil ? C’est simple ! Il suffit que vous ayez 14 collègues sur qui vous pouvez compter pour investir en tout à peu près 33 millions soit un peu plus de 2 millions chacun : c’est pas la mer à boire. Petit détail si un de vos collègues travaille chez ADOMA laissez tomber en ce moment ils ne sont pas d’humeur…

Pour la bande de copains du baron il a quand même fallu 3 ans de dur labeur pour que l’opération se concrétise.

 Il y a d’abord eu le 25 octobre 2004, une option d’achat de la société, Solfur, une entreprise jadis spécialisée dans la distribution d’énergie grâce en particulier, nous apprend Le Monde, à Jean-Bernard Lafonta, arrivé à 41 ans, en 2001, dans une holding familiale vieillissante et qui a fait de celle-ci « une société de participations fort rentable, qui investit dans les entreprises les plus diverses et engrange de copieux dividendes. »

 Ensuite de savants calculs sur le cours des actions et leur possible montée.

 Puis un jeu compliqué de créations de sociétés (dont une mystérieuse luxembourgeoise) qui s’imbriquent les unes dans les autres, qui s’achètent et se revendent, qui se défont et se refont sous un autre nom, …Le jeu est tellement compliqué que notre pauvre baron est obligé par deux fois de s’écrire à lui-même pour se persuader d’acheter. Il faut dire aussi qu’il a fort à faire avec un organigramme d’une très grande complexité qui ne sert pas comme le disent les mauvaises langues à truander les impôts mais témoigne seulement du fait que chez les Wendel on a l’esprit de famille et que l’on respecte la loi.

 C’est donc au nom de la loi, que cette grande famille (elle regroupe 950 actionnaires familiaux), bénéficie au travers de toutes ces manipulations de la loi Dutreil, votée en 2003, qui permet un abattement sur l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune.

 C’est aussi en toute légalité que des actions achetées 7cts sont revendues à 127 euros pièce…et net d’impôts !

De quoi améliorer l’ordinaire des trois plus hauts dirigeants de Wendel qui perçoivent par ailleurs des rémunérations à peine décentes : 1 563 790 euros en 2006 pour M. Lafonta (62 % de plus qu’en 2005), 870 000 euros pour M. Gautier (+ 150%), et 507 694 euros pour M. Seillière, en jetons de présence.

Et ne demandez pas à M^me Christine Dutreil, l’épouse de l’autre, accessoirement directrice de communication chez Wendel, et qui en participant à ce mécano financier a ramassé 8 millions d’euros en actions ce qu’elle pense de tout ça, elle vous répondra comme elle l’a fait aux deux journalistes du Monde que cela fait partie de sa vie privée !

Et bien sûr cela ne nous regarde pas !!