Allez voir « Hunger »...

jeudi 27 novembre 2008
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…Mais seulement si vous avez le cœur bien accroché parce que l’agonie de douleur de Bobby Sands n’est pas une promenade, même 27 ans après et même au cinéma. Faut-il le rappeler, Bobby Sands, était le premier de dix jeunes volontaires de l’IRA, que Margaret Thatcher a laissé mourir d’une grève de la faim en 1981.

« Hunger » (faim), le film du britannique Steve McQueen est un huis clos dans la prison de Maze, en Irlande du Nord. Il commence, au cœur de la grève dite « des couvertures et de l’hygiène » lancée par les détenus politiques irlandais en 1976 pour protester contre l’abolition de leur statut de prisonniers politiques. Refusant de porter l’uniforme carcéral des droits communs, ils vivent nus dans leurs cellules, qu’ils souillent volontairement de leurs excréments. Ponctué par l’intransigeance coupable d’extraits de discours de Margaret Thatcher, le film déroule sans complaisance un quotidien d’humiliations et de brutalités soigneusement organisées, telles que l’auteur se les est fait décrire par les survivants, détenus et gardiens.

C’est au sortir de ces images d’une rare violence qu’intervient la conversation entre Bobby Sands et un prêtre catholique. Le prisonnier lui annonce son intention d’entamer, le 1er mars 1981, une seconde grève de la faim pour aller cette fois jusqu’au bout. Il répond à la fois aux réticences morales de son interlocuteur et aux critiques politiques de ses censeurs. Quinze minutes en plan fixe. Seules les idées s’agitent. Après cela, c’est l’agonie et le spectateur sait pourquoi.

Ce premier film de Steve McQueen est impressionnant à bien des titres. L’humanité et la poésie n’y sont jamais complètement absentes malgré le réalisme les images et des sons. Un regard qu’il faut saluer sur un moment de l’Histoire dont la « communauté internationale » n’a pas à s’enorgueillir (notamment le gouvernement de « gauche » que la France venait de se donner…) puisqu’elle a simplement laissé faire.

Allez-voir « Hunger » mais accrochez-vous. Parce que l’exposé des horreurs dont le capitalisme se rend coupable est douloureux. Et quand vous sortirez, ne pensez pas seulement à Bobby Sands mais aussi à tous les autres, dans le désordre et de manière non exhaustive : Patrice Lumumba, Amilcar Cabral, Thomas Sankara, les Chiliens de l’Unité Populaire, les Républicains espagnols, les communistes indonésiens, irakiens, sud-africains..., dont le sacrifice est enterré sous les tonnes de « dénonciations du communisme totalitaire » déversées par les supplétifs médiatiques du capital.



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