L’Europe récompense les crimes de guerre

jeudi 11 décembre 2008
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Malgré les protestations internationales et sous l’énergique impulsion de la présidence française, les ministres des affaires étrangères de l’UE ont adopté, les 8 et 9 décembre, un texte intitulé « Council Conclusions Strengthening of the EU bilateral relations with its Mediterranean partners - upgrade with Israel ». Autrement dit, dans la droite ligne de la « démocratie » vue par l’Union Européenne (voir referendum irlandais), et contre l’avis exprimé par le Parlement Européen, le principe de « rehausser » les relations entre Israël et l’Union européenne a été accepté.
L’accord prévoit un dialogue stratégique avec Israël au sujet du processus de paix, du programme nucléaire iranien, du contre-terrorisme et du crime organisé. Le Premier ministre israélien rencontrera les ministres des Affaires étrangères des 27 trois fois par an, au mois d’avril 2009 pour la première fois. Enfin, l’Union européenne s’engage à œuvrer pour que plus d’Iraéliens soient intégrés aux agences onusiennes.

Pour apprécier le redoutable cadeau ainsi offert aux Palestiniens par l’Union Européenne à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui est aussi celui de leur tragédie, lisez ci-dessous un article de Michael Warschawski , écrivain et journaliste israélien, cofondateur de l’AIC (Alternative information center) publié quelques jours avant cette honteuse décision.

Gaza brûle”, écrit la militante française Liliane Cordova Kaczerginski, en citant les paroles d’une célèbre chanson racontant l’histoire d’un village juif détruit par les nazis. Comme il y a 60 ans, Gaza brûle et le monde se tait, attendant l’issue d’un processus de paix inexistant. « Une entité hostile », c’est la façon dont les dirigeants israéliens ont défini il y a un an, un territoire dans lequel 1.500.000 civils, femmes, vieillards et enfants essayent de survivre. En tant que telle, l’Etat d’Israël a le droit, en fait le devoir, de lancer contre elle une guerre d’annihilation.

Il y a quelques années, la défunte Tanya Reinhart utilisa le mot “génocide” pour décrire la féroce répression exercée sur les Palestiniens dans les territoires occupés par Israël. J’ai fait partie de ceux qui l’ont critiquée pour avoir utilisé un concept trop fort. De là où tu es maintenant, pardonne-moi Tanya, parce que tu avais raison, tu voyais la vraie nature du projet israélien et moi j’avais complètement tort : l’Etat d’Israël mène un génocide rampant contre le peuple de Gaza en utilisant l’arme de la famine, des coupures d’électricité, de la privation d’eau potable, en provoquant des épidémies et en empêchant les soins médicaux essentiels.

Gaza est en état de siège et le criminel de guerre Ehoud Barak vient juste d’ordonner la réduction de moitié de l’aide humanitaire d’urgence envoyée par les Nations Unies. Quand Sarajevo subissait un siège criminel de la part de l’armée serbe et des milices, la communauté internationale a réagi par des sanctions sévères, un boycott du régime yougoslave et le bombardement de Belgrade. Quand l’Irak a occupé le Kuweit, la communauté internationale a lancé une offensive militaire contre l’Irak et décidé d’un embargo radical qui a provoqué la mort de centaines de milliers d’enfants innocents. Aujourd’hui, la même communauté internationale est complètement muette face au martyre de Gaza. Il est de notre devoir, et du devoir des sociétés civiles du monde entier, d’exiger des institutions internationales et des gouvernements des actions urgentes et drastiques contre Israël, un Etat qui viole les règles élémentaires de la loi internationale, des centaines de résolutions de l’ONU et toutes les conventions destinées à protéger les droits humains.

Les crimes de guerre commis par l’Etat d’Israël contre la population de Gaza l’excluent de la communauté des Nations. Comme l’Afrique du Sud de l’apartheid, il devrait être sanctionné et boycotté et non récompensé par un renforcement de l’accord de partenariat avec l’Union européenne.

En tant que citoyen israélien, j’attends de l’Union européenne qu’elle nous aide à mettre la pression sur notre gouvernement pour qu’il cesse ses crimes contre la population palestinienne de Gaza. En récompensant Israël avec un renforcement de ses relations avec la communauté européenne, le message de l’Union européenne est une honte qui devrait être condamnée et combattue par tous les Européens attachés à la dignité humaine.

Michael Warschawski

(traduction Mireille Court)



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