Le Maroc obtient « un statut spécial » dans ses relations avec l’Union Européenne

mercredi 28 janvier 2009
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Après l’adhésion de certains pays de l’Est, l’Union européenne a mis en place en 2004 une nouvelle politique, dite de « voisinage », pour renforcer les liens avec les pays de l’Est non membres de l’Union européenne. Pour compenser cet élargissement à l’Est, cette nouvelle politique a également concerné les pays méditerranéens déjà inclus dans le processus de Barcelone instauré en 1995.

Mais, pour certains pays, cette relation avec l’Union européenne n’était pas suffisante. Ils voulaient obtenir un statut privilégié fondé sur un renforcement du partenariat.

Une prime aux pays colonisateurs.

En juin 2008, au Conseil d’association UE-Israël, les ministres des Affaires étrangères des 27 ont accepté d’octroyer à Israël un « statut spécial » malgré les vives protestations des Palestiniens, du mouvement de soutien à la cause palestinienne et de nombreux élus. Israël devrait bénéficier d’une plus grande intégration dans le marché unique européen, d’un renforcement de la coopération économique et commerciale et d’une participation accrue aux programmes communautaires dans les domaines de la recherche, de l’enseignement, de la santé etc....Cette décision, qui a été concrétisée début décembre par le Conseil européen, a été reçue par le gouvernement israélien comme un encouragement à poursuivre sa politique de colonisation et de répression et comme un « feu vert » à l’offensive aérienne et terrestre de l’armée israélienne à Gaza.

Après Israël, c’est le Maroc qui a bénéficié d’un « statut avancé » en octobre. Ainsi l’Union européenne a-t-elle choisi de récompenser deux gouvernements qui mènent une politique de colonisation et de répression, l’un en Palestine, l’autre au Sahara occidental !

L’Union européenne cautionne la politique marocaine d’occupation et de répression.

A la 7e session du Conseil d’association UE-Maroc en octobre 2008, l’Union européenne (impulsée par la France qui a assumé la présidence jusqu’à fin 2008) a rendu hommage aux « mérites » du Maroc pour sa politique de réformes engagées dans les domaines social, des libertés et des droits de l’homme. Les démocrates marocains emprisonnés, les Sahraouis victimes de la violence policière et détenus suite à des procès truqués, les délégations d’observateurs expulsées des territoires occupés ne manqueront pas « d’apprécier » les extraits de cette déclaration : « L’Union européenne reconnaît que les réformes entreprises ont permis de consolider les droits de l’homme et d’élargir le champ des libertés individuelles (...) ». La commissaire européenne aux relations extérieures, Benita Ferrero Waldner, a surenchéri : « Le Maroc fait le choix de l’élargissement des droits de l’homme et des libertés individuelles. Il s’agit du choix de l’humanisme et de la raison ». L’attribution du « statut avancé » au Maroc a été reçue par le gouvernement comme un encouragement à sa politique qui ne respecte, ni les droits de l’homme, ni le droit international. Pour le journal marocain « Le Matin » : « Le statut avancé constitue, avant tout, une marque de confiance et d’estime de l’Europe dans la pertinence des choix stratégiques opérés par S.M. le Roi Mohamed VI ».

Ce « statut avancé » vise à un renforcement des relations économiques et financières, à une augmentation des investissements mais aussi à une coordination en matière militaire et de sécurité. Sans aucun garde-fou pour que « les avantages accordés au Maroc dans ce cadre ne soient pas détournés à des fins d’occupation et de répression au Sahara occidental », a souligné Mohamed Sidati, représentant du Front Polisario auprès de l’Union européenne.

Estimant que l’Union européenne cautionnait ainsi la politique marocaine d’occupation et de répression, notamment au Sahara occidental, de nombreux partis politiques, syndicats et associations des droits de l’homme partout dans le monde ont protesté contre ce statut et demandé que le Sahara occidental n’en fasse pas partie. L’Association internationale « Western Sahara Resource Watch » (WSRW) a lancé une pétition pour demander que le Sahara occidental, territoire occupé illégalement par le Maroc (aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc), soit exclu du partenariat euro-marocain. Déjà signée par plus de 450 organisations, partis, syndicats et associations, la pétition demande à l’Union européenne et aux Etats membres « de ne pas reconnaître l’annexion du Sahara occidental par le Maroc et de soutenir la décolonisation du territoire » (voir les sites www.wsrw.org et www.arso.org).



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mardi 8 décembre 2009 à 18h22 - par  Charles Hoareau
lundi 7 décembre 2009 à 22h11

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