La Turquie à l’heure des choix

lundi 2 mars 2009
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Dans la dernière période, les autorités turques ont fait quelques avancées en matière de droits de l’homme, notamment vis-à-vis de la population kurde. Le système pénal a été réformé. Le 1er janvier, a été inaugurée une chaîne de télévision publique diffusée en langue kurde. Le grand poète Nazim Hikmet, déchu de sa nationalité en 1951, mort en exil à Moscou en 1963, a été officiellement réhabilité. Des négociations ont été ouvertes entre Chypriotes grecs et turcs. Le président Abdullah Gül a même effectué une visite en Arménie cet été. Ces progrès ont amené le journal « L’Humanité » à titrer le 9 janvier : « La Turquie à l’heure des audaces ». Mais ces gestes positifs sont-ils le signe de véritables changements ou ne servent-ils qu’à donner le change dans le cadre des négociations d’adhésion avec l’Union européenne ?

Ce questionnement était au cœur de la conférence-débat organisée le 2 février à Paris sur le thème « La Turquie en crise d’identité » par le « Collectif pour les droits de l’homme en Turquie » composé de « l’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie » (ACORT), l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), Amnesty International et la Ligue des Droits de l’homme.

Pour ce collectif, « malgré les réformes du système pénal turc, la persistance de procédures judiciaires inéquitables, l’usage de la torture, les violations de la liberté d’expression entachent gravement les avancées de la Turquie en matière de démocratie ». Le collectif a appelé au soutien des organisations turques de défense des droits de l’homme qui étaient représentées à la réunion par Yavuz Önen, président de la Fondation des droits de l’homme à Ankara.

Elles auront bien besoin de ce soutien car les progrès constatés dans le domaine des droits de l’homme peuvent être remis en cause, notamment quand il s’agit de la question kurde. C’est ainsi que Leyla Zana, ex-députée, qui a passé dix années en prison pour avoir prononcé un discours en langue kurde au Parlement turc, est de nouveau poursuivie par la justice. Elle a été condamnée le 4 décembre en première instance à dix ans de prison pour avoir revendiqué son identité kurde dans neuf discours, notamment au Parlement européen et à la Chambre des Lords en Grande-Bretagne.

Pour le procès en appel, le procureur a demandé cinq ans de prison par discours, soit une peine de 45 ans ! Leyla Zana a besoin de notre solidarité dans cette nouvelle épreuve. Elle vient de recevoir le soutien du Parlement européen qui lui avait attribué en 1995 son prix des droits de l’homme. Sur proposition de Francis Wurtz, président du groupe GUE/NGL, le Parlement européen a décidé d’inviter Leyla Zana et d’envoyer une délégation officielle à son procès en appel le 31 mars 2009 à Ankara. Il ne reste que quelques semaines pour intervenir auprès des autorités turques pour demander l’arrêt des poursuites contre Leyla Zana et la reconnaissance définitive des droits économiques, sociaux et culturels du peuple kurde.



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