La cotisation sociale toujours au centre de l’affrontement

lundi 23 janvier 2006
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Les discours du président de la République, lors des vÅ“ux traditionnels, ont de quoi alarmer. Particulièrement sur le plan social avec une offensive non dissimulée sur le modèle français en matière de salaire, fondé sur deux dimensions indissociables : la partie directe (salaire net) et la partie indirecte (cotisation sociale composée de la part salariale et de la part patronale).

La soi-disant innovation proposée serait la mise en place d’une modulation (" un transfert ", dit Chirac) de la part patronale pour la faire reposer sur l’ensemble de la valeur ajoutée (intégrant les profits). Pas de surprises, le PS ne trouve rien à redire puisque cette mesure fait partie de la synthèse adoptée lors de son dernier congrès.

Plus problématique, et plus nouveau aussi, est la confusion syndicale sur cet enjeu majeur et historique que constitue le salaire, dit " socialisé ", base de toute la protection sociale.

Quelle mouche a bien pu piquer le Président de la République ? Se serait-il converti aux bienfaits du progrès social comme moteur de l’économie après s’être attaqué méthodiquement aux acquis de notre peuple ?

Qui a oublié la réforme Fillon sur les retraites, la casse de la sécu par Douste-Blazy, la privatisation d’EDF/GDF par Sarkozy entraînant la remise en cause des régimes spéciaux des personnels, et enfin l’accord inique sur l’assurance chômage, assorti d’innombrables radiations et du flicage des sans-emploi ?

L’OBJECTIF DU GOUVERNEMENT ET DU MEDEF : LA BAISSE DES SALAIRES

Nous en avons l’expérience, c’est la même politique qui est poursuivie depuis 25 ans au nom de la défense de l’emploi ! Le chômage est massif (sa stabilité autour de 10 % n’est dû qu’à des radiations arbitraires) et le recours aux exonérations patronales n’a fait que généraliser les bas salaires. Le secteur du textile, particulièrement concerné par ces pratiques, n’a pu être préservé de l’hémorragie de ses emplois.

Ajoutons les conséquences de cette politique sur la protection sociale dans son ensemble. La fiscalisation d’une part toujours plus grande des cotisations sociales (CSG, CRDS) n’a pas permis de conserver le même niveau de prestation tout en transférant sa gestion au parlement et au gouvernement. Pourtant le salaire, même indirect, appartient aux seuls salariés.

UNE NOUVELLE ETAPE : la modulation de la part patronale

Si on admet que la part patronale de la cotisation sociale fait partie intégrante du salaire qui nous est dû, alors revendiquer sa modulation équivaut à accepter une modulation du salaire. C’est contraire à la reconnaissance des qualifications et introduit des différences de traitement suivant l’entreprise. C’est la remise en cause des conventions collectives et des statuts.

De plus, qui peut sérieusement croire qu’en rendant le financement de la sécurité sociale dépendant du taux de profit (des marchés financiers, donc), la réponse aux besoins de santé s’en trouvera améliorée ? Ce qui est garanti, c’est le renforcement de la dictature de la rentabilité financière immédiate. Sinon, pas de remboursement ! Au menu : pression sur les salaires directs, augmentation de la productivité, de la flexibilité et de la précarité.

Les promoteurs de tous bords de cette mesure avouent eux-mêmes leur impuissance quand ils admettent que cela n’apportera aucune recette supplémentaire. Les augmentations des uns ne feront que compenser les allégements consentis à d’autres.

Pour eux, l’essentiel n’est pas là. Il consiste à briser le lien organique qui unit le financement de la protection sociale au seul salaire et à son niveau.

LA MISE EN PLACE D’UN SYSTEME SOCIAL TOTALEMENT DIFFERENT

Ce n’est pas un hasard si Jacques Chirac a évoqué dans le même discours la notion de " sécurisation des parcours professionnels ". cette proposition ressemble à s’y méprendre à la sécurité sociale professionnelle prônée désormais par le parti socialiste ou encore la sécurité emploi-formation, issue du PCF ou de l’association " confrontations ".

Avec la modulation de la part patronale, cette proposition constitue le second pilier d’un système de protection sociale totalement différent de celui mis en place à la Libération et qui fonctionne encore aujourd’hui.

Il s’agit ni plus ni moins de faire accepter l’existence d’un chômage massif comme horizon indépassable. Depuis son origine, le capitalisme veut faire prévaloir ce point de vue en prétendant que le chômage lui permet de réguler sa production. En réalité, cela lui sert de variable d’ajustement pour maintenir le taux de profit. On ne touche pas au sacro-saint taux de profit, tant pis pour les drames humains !

Avec cette proposition, le capital veut signifier et généraliser la précarité de l’emploi. Fini pour tous la garantie de l’emploi pendant toute la vie professionnelle ! C’est une nouvelle mouture du partage du travail où chacun se verra contraint d’alterner emploi et chômage forcé. Chacun son tour d’avoir un emploi et un salaire ! Revendiquer des garanties de formation pour faire passer la pilule ne peut cacher le fait que les périodes de non-travail sont et seront toujours imposées par le patronat et prises en charge par la solidarité nationale. Et là reviens la modulation de la part patronale de cotisation sociale...

LA SOLUTION DE TOUS NOS MAUX : L’AUGMENTATION GENERALE DES SALAIRES

Depuis 25 ans, la part des salaires dans la répartition des richesses créées a reculé de 10 % au profit des revenus du capital. Parallèlement et même consécutivement, le chômage a explosé et la protection sociale connaît d’énormes problèmes de financement.

L’urgence est à la rupture avec ce transfert de richesses (160 milliards d’euros par an pour les gros actionnaires) en inversant la tendance. Le moyen politique : l’augmentation, générale et massive, des salaires et le retour au financement exclusif de la protection sociale sur sa base. Compte tenu des profits faramineux empochés ces dernières années, il doit même être question de décider l’augmentation de la part patronale.

Le propos n’est pas ici de se substituer aux syndicats qui doivent déterminer, avec les travailleurs, le montant du salaire minimum. Restons tout de même sur les fondamentaux qui consistent à définir celui-ci à partir des besoins vitaux, admis comme seuils minimaux pour vivre (loyer, alimentation, habillement, éducation des enfants, loisirs, ...) et non en revendiquant ce qu’on estime possible d’avoir.

Notons aussi que le niveau du SMIC ne dépend pas du bon vouloir des patrons mais relève des prérogatives des gouvernements. On sait donc à quelle porte aller manifester !

" A travail égal, salaire égal " est un principe toujours actuel. Il a permis de nombreuses mobilisations et conquêtes salariales. L’Histoire nous enseigne que l’Etat confirme les acquis obtenus par les travailleurs face au patronat, mais que jamais, il n’octroie spontanément ce qui n’a pas été conquis sur le capital par la lutte salariale. Puisque nous avons le mode d’emploi...

Jean Calvary, Rouges Vifs Paris



Commentaires

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vendredi 3 février 2006 à 18h38 - par  Jean Ploi
Site web : Jean Ploi
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vendredi 27 janvier 2006 à 08h36 - par  pam

la partie centrale de son argumentation

A lire sur le site http://altercommunistes.org

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