Les Etats malades du terrorisme

vendredi 21 août 2009
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Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
Le terrorisme (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux humains la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n’en voyait point d’occupés
A chercher le soutien d’une mourante vie ;
Nul mets n’excitait leur envie ;
Ni oligarque ni banquier n’épiaient
La douce et l’innocente proie.
Les amants se fuyaient :
Plus d’amour, partant plus de joie.
Obama tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L’état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits guerriers
J’ai bombardé force Afghans.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m’est arrivé d’’anéantir des villages.
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
Sire Obama, dit le chef des Anglais, vous êtes trop bon président ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, tuer talibans, canailles, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les massacrant beaucoup d’honneur.
Et quant aux villageois l’on peut dire
Qu’ils étaient dignes de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur leurs femmes
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit l’’Anglais, et flatteurs d’applaudir.
On n’osa trop approfondir
Du Français, ni de l’’Allemand, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu’aux Israéliens,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
Cinq Cubains vinrent à leur tour et dirent : Nous avons souvenance
Qu’en un nid de terroristes passant,
Notre patriotisme, l’horreur des attentats, l’amour de nos enfants, et
Quelque héroïsme aussi nous poussant,
Nous eûmes le front de leur tirer la langue.
Nous n’en avions nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur les Cubains.
Un journaliste quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait encager les cinq impertinents,
Ces pelés, ces galeux, d’où venait tout leur mal.
Leur peccadille fut jugée un cas pendable.
Tirer la langue à autrui ! quel crime abominable !
Rien que la geôle n’était capable
D’expier leur forfait : on le leur fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Pcc Maxime Vivas d’après Jean de La Fontaine



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