Les autorités complices de la déforestation

lundi 11 janvier 2010
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Officiellement protégées, les forêts malgaches se vident de leurs bois précieux, avec l’accord tacite des autorités. “Le Missouri Botanical Garden, rapporte L’Express de Madagascar, publie des chiffres accablants sur le trafic de bois précieux.

Selon un ­rapport de ce centre américain de ­re­cherche botanique, 571 conteneurs ont été exportés illégalement de Madagascar vers la Chine de janvier à avril 2009. Un commerce juteux qui a permis aux trafiquants d’engranger 120 millions de dollars alors que la valeur déclarée à la douane malgache était de 41,6 millions de dollars. De surcroît, seuls 5 % de cette valeur seront versés aux caisses de l’Etat à titre de redevance.”

Les chiffres sur ces revenus ne concernent que le début de l’année 2009, lorsque la crise politique malgache est à son paroxysme. C’est l’autorisation exceptionnelle d’exportation accordée [par le régime de Marc Ravalomanana] à treize opérateurs à la fin du mois de janvier qui déclenche l’hémorragie [officiellement, il n’était question que de commercialiser les arbres déracinés par les cyclones]. Face à la demande importante des exportateurs pour remplir leurs quotas, des milliers de paysans commencent à envahir les forêts et ne se contentent plus de ramasser les arbres abattus. Les coupes deviennent alors incontrôlables. Ce n’est qu’au mois d’avril que le régime de transition [d’Andry Rajoelina] décide de geler les exportations, même celles autorisées par le précédent régime [tombé le 17 mars].

Le 14 septembre, pour lutter contre les trafics, le gouvernement met en place un groupe de travail réunissant les ministères de l’Environnement et des Forêts, de la Justice, des Forces armées, des Finances et du Budget, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, de la Population et des Affaires sociales. Le groupe de travail se répartit en trois équipes. “La première s’occupe de la collecte d’informations et de renseignements, la deuxième se charge de la perquisition et la troisième de l’enquête”, notent Les Nouvelles. Arraisonnement de navires, cargaisons bloquées, stocks saisis et autres interventions réalisées sur le terrain reçoivent alors de larges échos dans la presse malgache.

Mais le 21 septembre le gouvernement prend un arrêté interministériel autorisant provisoirement et sous certaines conditions l’exportation de bois précieux, en théorie afin de liquider les stocks. Chaque opérateur doit payer 72 millions d’ariarys par conteneur (28 800 euros), dont 60 millions versés dans les caisses de l’Etat et les 12 millions restants pour la protection de l’environnement. L’opération est censée s’achever le 30 novembre 2009. D’après M. Razakarimanarina, président de l’Association des ingénieurs forestiers malgaches, “l’exploitation légale, durable et équitable des ressources forestières peut rapporter au gouvernement au moins 250 millions de dollars par an (redevances et taxes)”, rapportent Les Nouvelles. Or, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), dans le nord de l’île “on assiste à une véritable exploitation de la situation de pauvreté de la population. Dans la région SAVA, les bûcherons perçoivent 5 000 ariarys par jour [2 euros] pour transporter les bolabola, les troncs de bois de rose ou d’ébène, des profondeurs de la forêt jusqu’au fleuve. Ce travail d’acheminement se fait dans des conditions inhumaines, certains troncs pesant jusqu’à plus d’une tonne. Dans les ports d’Antalaha, Sambava ou Vohémar, le prix à l’exportation de ces bois précieux n’a rien à voir avec ce qui se passe en amont. Nos ri­chesses en bois de rose et d’ébène sont exportées à raison de 8,50 euros le kilogramme !”

Sources L’Express de Madagascar du 05/11/2009

Transmis par Linsay

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