Patrick et Isabelle Balkany : les fléaux de Seine.

vendredi 22 janvier 2010
popularité : 3%

Dans un livre signé de Monsieur mais écrit à plusieurs mains (celles de Madame et celles de l’Elysée), le couple infernal des encombrants amis de Sarko nous joue la grande Seine du « neuf-deux ».

La scène est belle comme l’antique.

Elle figure en bonne place dans le livre de Patrick Balkany (« Une autre vérité, la mienne »).

Par « un dimanche givré » de décembre 2006, Nicolas Sarkozy se promène avec son copain Patrick dans le jardin de la superbe propriété normande du couple Balkany.

Quand le futur président lui demande sans ambages « Aimerais-tu avoir un ministère, et lequel ? », son ami lui répond, d’un ton impérial, qu’il préfère se retirer sur son Aventin de Levallois- Perret : "Je ne veux rien du tout ! (...).

Si tu me nommes à un poste, quel qu’il soit, « ils » t’attaqueront à travers moi et cela je ne le supporterai pas...".

La tirade est émouvante, mais elle ne correspond à aucune réalité.

"La vérité c’est que Patrick voulait absolument être ministre du Commerce extérieur.

Durant des mois, il n’a pas arrêté d’en parler à Nicolas", témoigne un proche du Président.

Et Sarko a décliné les offres de service de son ami, par crainte, justifiée, des éclaboussures médiatiques.

Balkany n’en est pas à une vantardise près.

Dans son livre (revu et largement corrigé par sa femme Isabelle et par l’Elysée) il affirme aussi avoir couché avec Brigitte Bardot en 1966. Il livre au passage - et sans élégance - les compliments supposés de l’intéressée.

Laquelle traite Balkany d’affabulateur. Dans un communiqué rédigé à la kalachnikov, l’amie des bêtes se déclare « outrée et scandalisée par ce qui n’est qu’une lamentable désinformation ayant pour but de faire vendre son livre, ramassis de médiocrités à son image ».

Les fanfaronnades de Patrick, le langage d’harengère d’Isabelle
 Pour être élue dans une ville, il faut faire le trottoir ») et les frasques politico-judiciaires du couple n’empêchent pas Sarko de les fréquenter assidûment depuis plus de trente ans.

Aujourd’hui Patrick est de presque tous les voyages officiels du Président.

« Parce que je suis son ami », claironne le député-maire de Levallois.

Il joue également les missi dominici de la Sarkozye et de grands groupes français en Afrique.

Non sans commettre quelques gaffes diplomatiques, comme le jour où il a apporté le soutien de la France à Dadis Camara, le chef de la junte de Guinée-Conakry, juste avant le massacre de plus de 150 manifestants civils.

L’omniprésence du couple sulfureux auprès de Sarko n’en finit pas d’intriguer son état-major.

"Je ne comprends pas pourquoi il se montre avec eux.

C’est une question qui me brûle les lèvres, mais je n’ai jamais osé la poser à Nicolas« , confesse un proche du Président. »Il faut être fou pour sortir avec les Balkany, ce n’est pas convenable« , s’offusque »un haut personnage de l’Etat « cité par »Le Point" (14/1).

Mais Sarko n’a que faire des mises en garde.

Le 27 mai 2008, il décore la belle Isabelle de la Légion d’honneur au cours d’une cérémonie organisée à l’Elysée à sa seule intention.

Un privilège rarissime au Château, où les remises de décorations se font d’habitude par « fournées », d’une dizaine de récipindaires.

Ce jour-là, le Président ne lésine pas sur les compliments.

« Isabelle est une princesse, c’est une grande dame », ose même Sarko.

Une « princesse » qui peut se montrer méchante comme une teigne.

« Le Point » a raconté cette scène qui remonte à la garden-party élyséenne du 14 Juillet 2002.

Ce jour-là, entendant Bernadette Chirac proférer des commentaires acides sur son couple, Isabelle ne fait ni une ni deux : elle retourne sa bague (la pierre tournée vers l’intérieur de la paume) avant de « broyer- et non serrer - la main de la première dame ».

Une anecdote sans doute enjolivée mais qui témoigne d’un côté Carabosse digne de la première dame de Levallois.

Pour tenir la dragée haute aux autres courtisans de l’Elysée, Isabelle s’est fait un devoir de chaperonner la carrière politique de Jean Sarkozy.

En 2008, elle s’autoproclame directrice de campagne quand le « Prince Jean » se présente dans le canton en or de Neuilly-Sud.

Elle prépare elle-même les affiches et apprend au « petit » les rudiments du porte-à-porte.

Deux mois plus tard, elle manoeuvre pour le faire élire à la présidence du groupe UMP du conseil général.

Elle rêve, désormais, de l’installer, à la place de Patrick Devedjian - son ennemi juré -, à la tête du département.

A l’automne 2009, elle défend bec et ongles la calamiteuse candidature du Prince à la tête de l’Epad (l’établissement public d’aménagement de la Défense).

Mais quans son poulain jette l’éponge, son côté poissonnière reprend le dessus :
« On s’est mouillés comme des fous, maintenant on va tous passer pour des cons... », rugit -elle dans les couloirs du conseil général (« L’Express », 17/12/09).

Jean peut en prendre de la graine : les exploits accumulés depuis vingt-sept ans par les Balkany dans leur fief de Levallois-Perret témoignent de leur inimitable talent.

Au conseil municipal, l’opposition se fait régulièrement agonir et les débats sont réduits à leur plus simple expression : le dernier rapport - très critique- de la chambre régionale des comptes n’a pu être examiné par les élus qu’en pleine nuit devant une salle presque vide.

Côté gestion, avec 786 millions de dettes pour 26 000 habitants, Levallois est devenue l’une des communes les plus endettées de France.

Et une kyrielle d’affaires, qui ont parfois bénéficié aux époux Balkany et à leur famille, ont enrichi l’histoire locale.

Et la gazette des tribunaux.

Au conseil général, présidé jusqu’en 2007 par papa Sarko, Isabelle fait figure également de marraine idéale : la direction des affaires scolaires, dont elle assure la tutelle, se trouve sous le coup de plusieurs enquêtes judiciaires pour des affaires de marchés truqués.

Heureusement, le procureur de Nanterre, le très sarkozyste Philippe Courroye, a fait des miracles : depuis l’élection présidentielle, les dossiers où apparaissent les noms des Balkany sont pratiquement gelés.

Décidément, le Prince Jean est à bonne école ...

Par Hervé Liffran dans Le Canard enchaîné du 20/01/2010

Transmis par Linsay.



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur