Lettre de Yaguine Koita et Fodé Tounkara

mardi 6 avril 2010
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« Excellences, Messieurs les membres et responsables d’Europe,
Nous avons l’honorable plaisir et la grande confiance de vous écrire cette lettre pour vous parler de l’objectif de notre voyage et de la souffrance de nous, les enfants et jeunes d’Afrique.

Mais tout d’abord, nous vous présentons les salutations les plus délicieuses, adorables et respectées dans la vie. A cet effet, soyez notre appui et notre aide, soyez envers nous, en Afrique, vous à qui faut-il demander au secours ? Nous vous en supplions, pour l’amour de votre continent, pour le sentiment de vous envers votre peuple, votre famille et surtout l’affinité et l’amour de vos enfants que vous aimez comme la vie. En plus, pour l’amour et l’amitié de notre créateur Dieu le Tout-Puissant qui vous a donné toutes les bonnes expériences, richesses et pouvoirs de bien construire et bien organiser votre continent à devenir le plus beau et admirable ami des autres.

Messieurs les membres et responsables d’Europe, c’est à votre solidarité et votre gentillesse que nous vous appelons au secours en Afrique. Aidez-nous, nous souffrons énormément en Afrique, nous avons des problèmes et quelques manques de droits de l’enfant.

Au niveau des problèmes, nous avons la guerre, la maladie, la nourriture, etc. Quant aux droits de l’enfant, c’est en Afrique, et surtout en Guinée nous avons des écoles mais un grand manque d’éducation et d’enseignement. Sauf dans les écoles privées qu’on peut avoir une bonne éducation et un bon enseignement, mais il faut une forte somme d’argent et nous, nos parents sont pauvres. La [illisible ?] c’est de nous nourrir, ensuite nous avons des écoles de sport telles que football, basket, [illisible ?] etc.

Donc dans ce cas, nous les Africains, et surtout les enfants et jeunes Africains, nous vous demandons de faire une grande organisation efficace pour l’Afrique pour qu’il soit progressé.

Donc, si vous voyez que nous nous sacrifions et exposons notre vie, c’est parce qu’on souffrent trop en Afrique et qu’on a besoin de vous pour lutter contre la pauvrieté et mettre fin à la guerre en Afrique. Néanmoins, nous voulons étudier, et nous vous demandons de nous aider à étudier pour être comme vous en Afrique.

Enfin, nous vous supplions de nous excuser très très fort d’oser vous écrire cette lettre en tant que vous, les grandes personnages que nous devons beaucoup du respect. Et n’oubliez pas que c’est à vous que nous devons plégner (sic) la faiblesse de notre force en Afrique. »

Écrit par deux enfants guinéens, Yaguine Koita et Fodé Tounkara.


Yaguine Koita, 14 ans, et Fodé Tounkara, 15 ans, avaient emporté cette lettre en forme de testament avant de fuir la Guinée. Lundi 2 août 1999, on a retrouvé leurs corps sans vie dans le train d’atterrissage d’un appareil qui assurait la liaison Conakry-Bamako-Bruxelles. Daté du 29 juillet, soit trois jours avant le départ des adolescents, le message rédigé en français évoque la situation désespérée de leur pays dans lequel la moitié de la population n’a pas un dollar par jour pour vivre.

Les deux jeunes gens étaient scolarisés : on a trouvé sur eux une carte d’étudiant d’un collège de Conakry, avec photo. Après une escale à Bamako au Mali, l’Airbus A330-300 de la compagnie belge Sabena en provenance de Conakry s’est posé vers 5h45 à Bruxelles. Yaguine et Fodé avait mis plusieurs couches d’habits : trois pantalons, une veste, un gros pull et un bonnet. Mais à 10’000 mètres d’altitude, la température descend jusqu’à -50 °C. Les roues, que le frottement peut chauffer jusqu’à 200 °C au moment du décollage, améliore momentanément les conditions dans l’habitacle, mais les chances de survie restent extrêmement minces, d’autant que les passagers clandestins risquent de se faire broyer par le train d’atterrissage lorsqu’il se replie. De plus, l’oxygène raréfié provoque rapidement l’asphyxie.



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