Regards d’avril 2010

mardi 20 avril 2010
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ASSEZ DE DISCOURS ! DES SANCTIONS CONTRE ISRAEL !

Contrairement à des ministres et des délégations parlementaires, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a eu l’autorisation de se rendre à Gaza. Il a pu se rendre compte des dégâts humains et matériel causés par l’agression israélienne de l’hiver 2008-2009 et des conséquences du blocus qui continue d’asphyxier le territoire : « J’ai dit clairement aux dirigeants israéliens que leur politique de bouclage n’est pas tenable et qu’elle est mauvaise (...) Elle inflige des souffrances inacceptables à la population de Gaza ». Après son retour à Washington, quelles ont été les suites de cette ferme déclaration : rien, aucune décision concrète pour empêcher Israël de continuer à bafouer le droit international !

Il en est malheureusement de même pour les dirigeants des Etats-Unis et des pays européens. Barack Obama, qui mettait comme condition à la reprise des négociations, le gel total de la colonisation, a reculé et essaie aujourd’hui de convaincre les autorités palestiniennes de mener des « négociations indirectes » avec Israël. Même la provocation de l’annonce par le gouvernement israélien de construire 1600 nouveaux logements dans la partie arabe de Jérusalem lors de la visite du vice-président étasunien Joseph Biden à Tel Aviv, n’a suscité que quelques réprobations, vite oubliées.

L’Union européenne, membre du Quartet avec l’ONU, les Etats-Unis et la Russie, ne fait pas preuve de plus de fermeté à l’égard d’Israël. Au contraire, elle a pris la décision de « rehausser » ses relations avec Israël ; ce geste a été reçu par Israël comme une récompense et un encouragement à poursuivre sa politique de colonisation et de répression. Depuis, les responsables des institutions européennes, que ce soit au Conseil ou à la Commission, se contentent de beaux discours et de grandes déclarations pour « condamner », exhorter« , »dénoncer« Israël (leur principal travail est de consulter le dictionnaire des synonymes pour rédiger leurs textes). Auditionné par la commission du développement du Parlement européen, Tony Blair, représentant du Quartet, est même allé jusqu’à dresser un tableau optimiste des progrès réalisés dans les territoires palestiniens en jugeant la »situation équilibrée" !

Sur le plan français, c’est la même mollesse des réactions allant jusqu’à l’inaction masquée là aussi par de belles déclarations. C’est ainsi que Bernard Kouchner a reconnu l’impuissance de son gouvernement et de l’Union européenne en répondant à une vigoureuse interpellation du député Hervé de Charette, ancien ministre des affaires étrangères :« Qu’est-ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut faire alors que tout le temps, tous les jours, toutes les semaines, toutes les réunions, nous sommes en train non seulement de dénoncer mais de proposer (...) Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? Est-ce que vous avez une idée sur ce que l’on pourrait opposer pour être efficace ? Nous n’en avons pas beaucoup, alors nous faisons, et l’Europe avec nous, beaucoup de choses ».

Certains responsables ne se contentent pas de déclarations, ils agissent...pour soutenir Israël, comme le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui inaugure une « Esplanade Ben Gourion » et va présenter un festival de films français à Tel Aviv et Jérusalem-Ouest.

L’inaction coupable des dirigeants des pays occidentaux, que les grandes déclarations ne peuvent faire oublier, rend le gouvernement israélien encore plus intransigeant et arrogant. Il n’hésite pas à humilier Barack Obama et son administration ou à considérer ouvertement l’Union européenne comme quantité négligeable. Non seulement, il maintient le blocus de Gaza, garde en prison plus de 10 000 Palestiniens (dont de nombreux députés), poursuit la répression contre les Palestiniens, refuse le gel de la colonisation mais annonce au contraire que le processus va se poursuivre alors que déjà plus de 200 000 Israélien se sont installés dans des quartiers juifs à Jérusalem-Est depuis son annexion en 1967.

Le 24 mars, un conseiller municipal de Jérusalem, M. Peleg, a ouvertement déclaré que Jérusalem était « une ville unie sous souveraineté israélienne » et qu’il fallait « continuer d’y délivrer des permis de construire ». Déclaration que la municipalité de Jérusalem et le gouvernement appliquent à la lettre. L’expérience de ces dernières années le prouve, les exhortations, les recommandations, les condamnations verbales, Israël s’en moque complètement ! Si l’on veut qu’Israël respecte le droit international, il faut l’y contraindre par des actes, par exemple en imposant des sanctions économiques, commerciales et financières.

Comme l’a écrit Serge Grossvak [1] le 12 avril :« C’est sur l’Etat d’Israël, coupable de crimes, que nous voulons agir et sanctionner ». Sur le plan européen, la suspension de l’accord d’association UE-Israël, comme l’avait demandé le Parlement européen en avril 2002, serait sans nul doute un des meilleurs moyens pour mettre un terme à l’impunité d’Israël qui se considère au-dessus des lois et normes internationales. Pour faire appliquer ces sanctions, il faut renforcer le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) et développer la mobilisation internationale.

- Un film à commander : Samir Abdallah a réalisé un film « Gaza crève l’écran » à partir des rushes tournés pendant les 22 jours de l’attaque israélienne. Ce DVD de 90 mn en arabe (avec sous-titres français ou anglais) peut être commandé à : L’Yeux ouverts /Cinémeteque BP 624 92006 Nanterre-Cedex tél. 0680633965

LES ROMS SUBISSENT TOUJOURS DES DISCRIMINATIONS DANS L’UNION EUROPEENNE

La présidence espagnole de l’Union européenne a eu la bonne idée d’organiser le deuxième « Sommet européen sur le peuple Rom » à Cordoue le 8 avril, journée internationale des Roms (qui sont 12 millions dans l’Union européenne). Ce Sommet devait se conclure par des décisions concrètes préparées par de nombreux forums, réunions de parlementaires et d’associations, qui se sont tenus dans les Etats membres et au niveau européen. La déception est à la hauteur des attentes et des promesses ! Certes, le constat a été largement partagé par les intervenants : la situation des Roms s’est détériorée en Europe. Le racisme à leur égard est toujours aussi virulent, ils sont toujours victimes de discriminations, leurs conditions de vie ne se sont pas vraiment améliorées, que ce soit dans les domaines du logement, de l’éducation, de la santé et de l’emploi. Pourtant, le premier Sommet de septembre 2008 avait donné des espoirs puisqu’il s’était conclu par une « plate-forme pour l’inclusion des Roms » qui avait été prolongée par un plan d’action communautaire. Mais, en 2009, on a connu plus de rapports d’experts et de réunions que de mesures concrètes ! Cette situation a amené la Haut-commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, Mme Pillay, à dénoncer récemment à Genève les discriminations dont souffrent en Europe les migrants et les minorités, notamment les Roms :« Les Roms continuent d’être confrontés à un racisme sans fard et à des agressions racistes ».

Cette reconnaissance de la faiblesse ou de l’absence de résultats des politiques européennes mises en œuvre auraient dû se traduire par une plus grande volonté politique et une mobilisation des responsables concernés. Il n’en a rien été et les ministres des Etats membres ont été peu nombreux à participer aux travaux de ce Sommet qui s’est conclu par des recommandations peu contraignantes visant à « donner une impulsion pour parvenir à des améliorations substantielles dans l’intégration sociale et économique de la communauté Rom » !

Le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a fait mine de s’offusquer de cette absence de mesure concrète : « Les déclarations d’intention ne peuvent suffire car, depuis l’élargissement, l’Europe a découvert en son sein un problème très sérieux de 9 à 12 millions de citoyens de seconde zone qui vivent souvent dans des conditions abominables (...) Ces citoyens attendent de l’action ». Cette belle envolée de tribune ne peut faire oublier que la politique de son gouvernement n’a pas jusqu’à présent favorisé l’intégration économique et sociale des Roms. Ceux-ci continuent à être victimes de discriminations en France et ne sont pas les derniers à remplir les charters pour être expulsés. Les associations de Roms et leurs soutiens ont encore des actions à mener, en France et dans l’Union européenne, pour obtenir la fin des discriminations et l’amélioration de leurs conditions de vie.

L’EUROPE EN BREF...

- Après avoir décidé d’abandonner la « taxe carbone », Nicolas Sarkozy avait assuré que la Commission européenne proposerait prochainement une taxe carbone aux frontières ; la Commission lui a répondu de façon indirecte qu’une telle taxe présenterait « un nombre considérable d’inconvénients » et constituerait une atteinte à la libre circulation des marchandises. Elle n’a pas du tout l’intention de proposer une telle taxe.
- Le 10 mars, le Parlement européen a adopté une résolution invitant la Commission européenne à élaborer en vue du prochain Sommet de G20 « une évaluation d’impact d’une taxe mondiale sur les transactions financières » ; mais la résolution souligne aussi que toute solution dans ce domaine « doit impérativement s’abstenir de réduire la compétitivité de l’Union ».
- L’Union européenne a déclaré 2010 « Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ». Humour noir de mauvais goût, particulièrement pour les Grecs auxquels le gouvernement grec et les institutions européennes (ainsi que le FMI) veulent imposer une sévère cure d’austérité.


[1conseiller municipal PCF et membre de l’UJFP NDR



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