La CGT vous la voulez comment ?...

vendredi 5 mai 2006
par  Charles Hoareau
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Texte de l’intervention que Charles n’a pas pu faire au congrès puisque le bureau du congrès n’a pas voulu lui donner la parole.

...A la hauteur de la colère des salariés...

En 17 ans d’existence du comité chômeurs des Bouches du Rhône nous n’avons jamais été confrontés à une telle montée de la misère et à une telle massification de celle-ci. Non seulement le chômage et la précarité ne diminuent pas mais tout le système d’aide sociale se déglingue et ne peut plus répondre à l’urgence sociale. Dans ce domaine aussi la loi de décentralisation n’a fait qu’empirer les choses.

On a moins de sous pour le social ? Alors on fait la chasse aux chômeurs et rmistes. 30 ans de montée continue du chômage n’en finissent pas de ghettoïser des populations entières mal logées, discriminées, maintenues dans la pauvreté.
Pas étonnant dans ces conditions que celles-ci oscillent entre abattement, colère et désespoir.

Pour autant la colère inorganisée et sans perspective peut, nous le savons tous, aboutir à un effet exactement inverse à celui recherché. Le CPE était la soi disant réponse à la colère des quartiers pauvres.

Nous pensons qu’il n’y a rien de plus urgent pour la CGT qu’elle soit présente au quotidien au côté de ceux et celles qui souffrent. Présente et disponible pour la lutte sans donner à celle-ci d’autres limites que la réponse aux besoins. A ceux et celles qui se posent la question de savoir si l’on doit employer dans le document le terme lutte de classe nous rappellerons simplement la phrase de Guillaume Sarkozy, le frère de l’autre, « Si la lutte des classes existe nous la gagnons tous les jours »...

Pour ne prendre qu’un exemple comment peut on aborder la question du statut du salarié sans aborder celle du statut des entreprises ? Imagine-t-on demain une entreprise où des salariés aux parcours différents auraient pour le même travail un statut différent ? De même poser la question de la sécurité sociale professionnelle, idée d’ailleurs reprise allègrement par nos adversaires n’est ce pas admettre comme inéluctable le chômage et renoncer de fait au plein emploi solidaire ? Le chômage n’est pas fatal, les délocalisations non plus.

Quand les salariés d’ ARCELOR voient leur emploi menacé par une opération de spéculation entre capitalistes, la CGT ne devrait-elle pas mener bataille pour la nationalisation de la sidérurgie ?

Poser la question des nationalisations, c’est poser la question de l’Etat nation, non pas pour refaire l’Albanie comme cela m’a été répondu hier en commission, mais plutôt, sans en faire un modèle, s’inspirer du Venezuela, où un peuple se bat face au capitalisme mondial pour se réapproprier les richesses nationales.

Si l’on veut que les plus exploités, les exclus adhèrent en masse à la CGT et en fassent leur outil il faut qu’ils aient le sentiment que celle-ci est un véritable outil de lutte qui ne va pas conditionner son action à des négociations sans fin face à un capitalisme qui ne veut rien négocier ou que cet outil va attendre l’arme au pied une unité d’action basée sur le plus petit dénominateur commun quitte à ne pas répondre aux attentes de ceux et celles qui n’en peuvent plus.

Dès le lendemain du 4 octobre n’y avait-il pas nécessité de poursuivre l’action, de la proposer aux autres et de la mener seuls s’ils ne voulaient pas suivre ? A-t-on tout fait confédéralement pour élargir des conflits majeurs comme ceux du Port, de la SNCM ou de la RTM qui portaient en leur sein la question du choix de société ? Nous ne le pensons pas.

La défense du service public ne passe pas par l’énoncé de vÅ“ux pieux mais par des actes.

Si l’on veut rendre l’espoir aux gens il faut dire clairement que le capitalisme n’est pas amendable parce qu’il porte en son sein l’inégalité de la répartition des richesses due au fait que certains vivent et s’enrichissent du travail des autres, il faut dire que rien ne nous sera donné et que tout sera acquis par la lutte ce que l’histoire a montré et montre encore.

Il y a dans la vie et dans les congrès des symboles qui en disent long.

Quand des jeunes étudiants montent sur la tribune du congrès de la CGT et chantent main dans la main avec des dirigeants confédéraux, c’est un symbole fort.

Quand un dirigeant confédéral fait ostensiblement la bise à une ancienne ministre du travail qui a cassé le SMIC et supprimé le fonds social des chômeurs c’en est un autre.

Quand enfin un dirigeant confédéral co-écrit un livre au titre révélateur (changer le travail ensemble) avec un ancien président du MEDEF ce n’est plus un symbole, c’est une dérive.

Pour la 1re fois depuis 17 ans nous voterons contre le rapport d’orientation et cela ne nous fait pas plaisir...



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dimanche 14 mai 2006 à 15h49 - par  Esteban

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