Politique française : le regard de l’étranger

lundi 4 octobre 2010
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Ayant échappé aux poursuites de la Commission européenne pour discrimination contre les Roms, le gouvernement jubilait.
A tort disent nombre de journalistes et d’observateurs internationaux.

Eric Besson a « la tête haute » [« La France sort la tête haute dans l’échange qu’elle avait avec la Commission », a-t-il déclaré le 29 septembre devant l’Assemblée nationale]. Le ministre français de l’Immigration et de l’Identité nationale ne voit dans la décision européenne « aucun camouflet » pour sa politique, « au contraire ». Il ne voit pas davantage où est le problème quand il désigne à son ministère l’objectif de fabriquer de « bons Français ». Le quai d’Orsay lui aussi se « félicite » que la Commission européenne n’ait pas engagé à ce stade de procédure d’infraction pour discrimination [une procédure d’infraction a toutefois été lancée pour non-respect des règles européennes dans sa politique d’expulsion des Roms]. On se pince. La France non seulement ne fait pas profil bas, mais elle bombe le torse en prétendant avoir raison contre le reste du monde !

Le gouvernement français réalise-t-il à quel point les mots ont un sens ? Les propos de Bruxelles sont carrément manipulés. Non, la commissaire Viviane Reding n’a pas « pris acte » du fait qu’aucune discrimination n’avait été commise à l’encontre des Roms. Elle demande à en savoir plus et exige des preuves, c’est très différent. C’est la deuxième fois que la France prétend entendre l’inverse de ce que la commissaire dit. Au lendemain de sa déclaration menaçant Paris d’une procédure d’infraction, Viviane Reding n’avait pas du tout exprimé d’« excuses » pour avoir évoqué la seconde guerre mondiale, comme l’avait alors prétendu Nicolas Sarkozy. Elle avait - cela n’a rien à voir - « regretté l’interprétation » de ses propos...

Pas un jour ou presque sans que la France soit montrée du doigt à l’étranger. En témoigne cette nouvelle couverture Newsweek [pour son édition européenne datée du 4 octobre] où la photo de Nicolas Sarkozy illustre un dossier sur l’extrémisme en Europe. Certes, certains médias étrangers ne font pas dans la nuance, mais tout de même. Sourde à la moindre critique sur sa politique sécuritaire et migratoire, la France ajoute à sa brutalité son éternel péché d’arrogance. « Circulez, il n’y a rien à voir... »

Par Joëlle Meskens dans Le Soir le 30/09/2010

Transmis par Linsay



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