L’enfer ordinaire de l’Albanie

samedi 11 décembre 2010
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Ni la chute du mur de Berlin, ni la guerre des Balkans, n’ont réglé quoi que ce soit dans ce pays où l’on meurt de manière violente et absurde comme s’en indigne l’hebdomadaire Mapo, qui en appelle à la responsabilité de l’Etat.
Va-t-on lui reprocher de faire appel à « l’Etat providence » ?

Début novembre, une mère découvrait ses quatre enfants, âgés de 6 à 13 ans, asphyxiés en plein sommeil. Faute d’électricité, ils avaient allumé une bougie – à l’origine du feu qui a dévasté le petit logement qui abritait cette famille monoparentale.

Ces quatre enfants innocents ont eu la malchance de vivre en Albanie. La chronique de leur mort nous insupporte et pourtant chaque année on découvre d’autres victimes – mortes de froid, noyées, écrasées ou brûlées vives dans un accident de voiture.

Un deuil national a été organisé en l’honneur de cette malheureuse fratrie ; or l’émotion publique a vite été emportée par la routine et ses problèmes. La vie des Albanais vaut-elle si peu ? A une époque où tant d’organisations humanitaires fleurissent en Albanie, une grande partie de ses citoyens, notamment les enfants, vivent dans des conditions indignes pour un pays européen.

Le fautif n’est pas juste la misère, la malchance, l’incurie ou l’insouciance. C’est aussi notre rapport à la vie. C’est donc à l’Etat de prendre les choses en main et d’agir sur l’origine du mal. Cela aurait dû déjà être fait depuis longtemps. Les pays civilisés ne comptent pas sur le destin pour éviter les drames. Nous devrions en faire autant, car le destin semble souvent oublier de protéger nos enfants...

En 2009, deux petits Roms mouraient enterrés vivants sous un immeuble qui s’est écroulé sur eux. Ils y cherchaient des barres de fer pour les revendre. D’autres jeunes âmes ont quitté ce monde par le passé dans des embarcations remplies de clandestins fuyant le pays. En octobre 2008, la mort de cinq personnes au large de Butrint a ravivé le souvenir, plus ancien, de la tragédie d’Otrante [87 morts en 1997 au large des côtes italiennes], et aucun Albanais ne peut oublier l’horreur et qui a décimé des familles entières de la ville de Vlora (Sud).

Mais combien d’histoires aussi terribles les unes que les autres n’avons-nous pas entendues ces dernières années ? Combien d’accidents de la route, d’explosions de bouteilles de gaz et autres accidents domestiques dus à des habitations insalubres et non conformes aux normes de sécurité ? Ainsi, le 9 novembre dernier, un grave accident de car est venu assombrir les festivités de la levée de l’obligation des visas pour les Albanais voulant se rendre dans l’Union européenne. Neuf personnes y ont trouvé la mort ; le véhicule assurait la ligne Tirana-Athènes... Comme si rien n’avait changé depuis la tragédie d’Otrante.

Source Editorial | Mapo le 25/11/2010

Transmis par Linsay



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