Ces victimes dont on ne parle pas

...et ces chiffres que l’on ne publie pas !
mardi 7 juin 2011
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La guerre et ses victimes africaines oubliées.
Deux articles viennent rappeler que du Sénégal au Niger la guerre plonge des familles dans la misère et les déplacements forcés.

Vu depuis la France le discours pro Kadhafi de nombre de réfugiés peut surprendre, mais il existe. Il est nourri par la différence d’attitude de l’Occident vis à vis des différents gouvernements africains, le soutien aux dictatures à leur service et la guerre aux dirigeants manifestant des velléités d’indépendance.
Les leçons de démocratie que nos gouvernants ne s’appliquent pas à eux mêmes et mais entendent donner à des peuples qu’ils pillent le renforcent.

Que ne dirait on dans les médias bien pensants si l’armée malienne intervenait en Espagne en soutien aux indignados brutalisés par la police...

"Aux premiers jours de l’insurrection, il y avait de jeunes bandits qui faisaient la loi et dès qu’ils voyaient un Noir africain, ils essayaient de le détrousser de tous ses biens et s’ils ne le bastonnaient pas, c’est parce qu’il a eu de la chance." Bou Bakayoko, chauffeur à l’ambassade du Burundi à Tripoli, trouvé ce matin d’avril dans le parking plein de bolides d’un grand hôtel de Tripoli, a la peur à la bouche. Le ressortissant malien jette des regards furtifs par-ci et par-là, comme s’il se sentait épié. Tantôt à droite, tantôt à gauche. Il tente de cacher sa nervosité, mais son visage, plein de rictus, trahit ses appréhensions. Il se tait un moment, regarde au loin comme s’il guette le pire. La mort qu’il a pensé voir venir depuis le 15 février dernier, date du début des affrontements en Libye entre les soldats loyalistes pro-Kadhafi et les rebelles de Benghazi. Dans cet « enfer » libyen, théâtre d’une guerre de rues où l’ennemi peut être n’importe qui, Bou Bakayoko regarde par deux fois avant de placer un mot. Le danger peut surgir de partout, de n’importe où : du quidam qui passe ou de l’immeuble d’en face.

Aujourd’hui, alors que Tripoli se transforme en zone de guerre, que les insurgés, rapporte la chronique locale, se rapprochent de plus en plus de la capitale, qu’une infernale pluie de bombes de la Coalition internationale tombe drue sur la ville jusqu’à détruire une partie du bureau du guide, Mouammar Kadhafi, l’inquiétude est palpable chez... les Noirs africains résidant dans la capitale libyenne. La peur est sur tous les visages, perceptible dans chaque mot, chaque phrase de ces Africains du sud du Sahara, venus faire fortune en Libye et piégés par cette guerre intestine qui ravage leur "eldorado". En proie à toutes sortes de brimades et d’exactions, coincés entre les frappes de l’Otan, les drones américains et les tirs de riposte des soldats loyalistes, ils ne savent plus à quel...camp se vouer. A quel sort s’attendre.

Le docteur Mouhamadou Lamine Ndiaye, qui travaille dans la réputée clinique Oumar Moctar de Tripoli et collabore avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) témoignent qu’ils veulent partir maintenant, tout de suite, à la maison, ou dans n’importe quel autre pays où ils pourront travailler. "C’est vrai que c’est de plus en plus difficile dans ce pays, mais, par principe, je suis contre l’émigration clandestine. Et c’est pourquoi en collaboration avec l’OIM, je fais des campagnes de sensibilisation auprès des Africains pour leur demander de ne pas voyager à tout prix vers des destinations aventureuses, comme, par exemple, passer par la Tunisie pour aller rejoindre Lampedusa (Italie). Mais malgré tout, certains y vont au péril de leur vie. J’ai vu personnellement plusieurs cadavres enterrés dans le désert".

D’autres n’ont pas le choix : ils devront rester en attendant que la situation se calme, que tout revienne à la normale. Comme au temps où le pays de Kadhafi offrait mille et une opportunités et qu’ils gagnaient bien leur vie en toute dignité, loin des humiliations et des brimades qu’on leur faisait subir aujourd’hui. Abdoul Dia, Mauritanien d’une cinquantaine d’années qui a passé 18 longues années dans ce pays, refuse d’abandonner Tripoli. "Je ne peux pas d’un seul coup quitter la Libye comme ça, car je suis ouvrier-tapissier et mon business marche bien à Tripoli. Même s’il m’est difficile de travailler convenablement dans l’état actuel du pays, je pense que la situation va finir par se décanter. Et puis, je n’ai pas de problèmes ici, les autochtones pensent même que je suis Libyen, tant je suis bien intégré. Non, je ne peux pas quitter ce pays", persiste-t-il.

C’est le silence-radio des chefs d’Etat africains qui semble le plus dépiter les ressortissants des pays de l’Afrique subsaharienne résidant dans la capitale Libyenne. Francis Fouko, béninois de nationalité, travaille dans une ambassade accréditée à Tripoli. Cet homme râblé d’une trentaine d’années n’hésite pas à pointer un doigt digne de Zola sur les dirigeants de l’Afrique noire. "J’accuse les Présidents africains, mais surtout cette organisation fantoche qu’est l’Union africaine, dénonce-t-il. Car si quelqu’un vous soutient dans la vie de tous les jours, quand il a des problèmes, il faut le soutenir. Et je n’ai pas senti les chefs d’Etat africains faire ça pour Mouammar Kadhafi. Je ne comprends pas pourquoi, c’est comme s’ils ont tous peur des Occidentaux et moi en tant qu’Africain, je ne me l’explique pas. Le Guide Kadhafi a toujours eu des idées généreuses pour le continent africain", affirme-t-il.

Biyawourou, chauffeur à l’ambassade du Bénin, approuve : "Les chefs d’Etat africains devraient apporter leur soutien à Mouammar Kadhafi qui les aide beaucoup financièrement, peste-t-il. Finalement, c’est comme si les chefs d’Etat africains étaient à la solde des occidentaux. ".

D’après Mor Talla GAYE dans Weekend Magazine (Sénégal) le
31/05/2011

Etonnant que l’article ne fasse pas référence au refus par l’OTAN des propositions de l’Union Africaine qui allaient dans le sens de la paix et que Kadhafi avait acceptées...

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Vu du Niger

Quelque 66 200 Nigériens ont quitté la Libye pour retourner au Niger depuis la fin février. En Libye, la majorité d’entre eux travaillaient dans le domaine agricole et gagnaient jusqu’à 216 dollars (100 000 francs CFA) par mois.

Selon une évaluation réalisée par le gouvernement, [1], la plupart des retournés sont au chômage et ils sont nombreux à s’être endettés pour payer les frais administratifs élevés exigés pour l’entrée au pays et les coûts de transport excessifs pour le trajet depuis la Libye – un voyage d’environ trois semaines à travers le désert.

« Nous sommes des milliers de jeunes à avoir quitté [la Libye] pour retomber dans le chômage au Niger. Nous n’avons d’autre issue que de faire le mendiant ou le voyou », a dit à IRIN Abdelkadre Moussa, un retourné natif d’Agadez, dans le centre du pays. « C’est la Libye qu’on bombarde, mais c’est le Niger qu’on tue ».

Selon l’évaluation du mois d’avril, près de la moitié des villages du département de Tanout, dans la province de Zinder, où 15 000 retournés se sont réinstallés, sont considérés comme vulnérables. Cela signifie que les villageois ont déjà perdu un nombre significatif de têtes de bétail ; qu’ils sont confrontés à des pénuries d’eau ; qu’ils ont souffert de déficits agricoles en 2009 et 2010 ; et qu’ils ont de la difficulté à se procurer de la nourriture à cause des prix élevés des denrées alimentaires.

« Le retour de ces migrants risque d’accroître la vulnérabilité de ces communautés », a dit à IRIN Mamoudou Daouda, représentant de l’OIM à Dirkou. « Dans certains cas, l’économie du village entier reposait sur ces transferts de fonds...La situation risque de devenir intenable ».

D’après M. Daouda, les stocks de céréales sont trop bas pour combler les besoins de l’ensemble des retournés. Les régions de Gouré et de Tanout ont connu six saisons consécutives de déficits agricoles.

De nombreuses familles vendent les rares animaux qu’il leur reste afin d’aider les nouveaux arrivants.

Grâce aux travailleurs migrants, le département de Gouré recevait jusqu’à 217 000 dollars (soit 100 millions de francs CFA [2]) par semaine. Mais ces fonds se tarissent. Alhadji Amarma, qui aidait auparavant les travailleurs à transférer leur argent à leur famille à Agadez, a dit à IRIN qu’il n’avait désormais que peu ou pas de travail.

La plupart des hommes avec qui IRIN s’est entretenu à Agadez ont dit qu’ils envoyaient auparavant entre 108 et 216 dollars par mois à leur famille.

Adamou Habi, membre du comité de gestion des réfugiés de la Libye et représentant du gouverneur d’Agadez, a dit à IRIN : « L’heure est grave, très grave ! Nous sommes débordés par le flux de ces gens ! On fait de notre mieux avec l’aide de quelques rares personnes qui aident les gens à rentrer chez eux, mais je ne pense pas qu’on puisse tenir bien longtemps ».

La semaine dernière, le gouvernement a appelé les bailleurs de fonds internationaux à apporter leur soutien aux retournés et à leur famille.

Le gouvernement, les organisations d’aide humanitaire et les bailleurs de fonds doivent répondre à l’appel avant la mi-juin, qui est traditionnellement le début de la période de soudure au Niger, ont souligné les responsables du gouvernement.

Le flot de retournés a récemment diminué, a dit M. Daouda. Cinq cents personnes traversent maintenant chaque jour la frontière du Niger, contre 1 200 à la mi-avril. Les femmes et les enfants sont cependant plus nombreux, ce qui indique que les travailleurs emmènent leur famille avec eux.

D’après irinnews.org

Transmis par Linsay

Rappelons que selon la FNTE CGT (fédération CGT des travailleurs de l’état la guerre en Libye coûtait avant l’intervention des hélicoptères qui en encore ont renchéri le prix 1,2 millions d’euros par jour à la France...


[1le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) et l’organisation non gouvernementale (ONG) Care International

[2ou 150 000 euros



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