C’était bien une journée historique…

Et l’espoir était au rendez-vous !
lundi 20 juin 2011
par  Charles Hoareau
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Combien étions-nous sur le Vieux Port en ce samedi 18 juin ?
Plus de 3000 ont dit les médias (Alors si même eux le disent…) qui pourtant n’ont pas jugé utile de faire de grands sujets télévisés, sur cette manifestation, la plus grande par sa taille pour une initiative de ce genre.

Nous avons connu ici par le passé des manifestations nombreuses pour protester contre des épisodes particulièrement violents de cette guerre qui dure depuis plus de 60 ans, rassemblements de colère aux poings fermés, mais jamais nous n’avions vu une telle foule pour un rassemblement de solidarité où l’espoir parcourait comme un doux vent de printemps la foule rassemblée. Un rassemblement à l’image de cette campagne qui a rassemblé plus de 80 associations ou organisations et des milliers d’anonymes, qui ont collecté la somme incroyable de plus de 600 000€ !

Quand Régine Minetti,

la représentante locale du Mouvement de la Paix, a pris, au nom de toutes les organisations, la parole pour démarrer le meeting et annoncer que encore aujourd’hui 1500€ étaient versés et que ce n’est pas un mais deux bateaux français qui rejoindraient la flottille évidemment les applaudissements ont crépité.

Sur le podium installé pour l’occasion les orateurs et oratrices allaient se succéder. Impossible ici de tous les citer. Nous retiendrons les intervenants palestiniens

interrompus par des applaudissements émus, quand ils diront que ce que nous faisons en France est à la même hauteur que leur résistance là-bas.

Applaudissements déterminés quand ils diront qu’ils prennent l’engagement de ne jamais cesser le combat.

Autre intervention marquante celle de Michel Warschawski,

ce journaliste israélien militant anticolonialiste qui dira notamment que tôt ou tard, Israël devra payer aux Etats Unis le soutien que ceux-ci lui apportent et qui risque fort d’évoluer avec la nouvelle donne que sont en train de bâtir les peuples de la région. Il insistera aussi, avec juste raison, sur la nécessité pour un état palestinien viable, d’un passage libre entre Gaza et la Cisjordanie.

Un bateau nommé Louise Michel

Toute l’après midi se sont succédés à la tribune des représentants de quelques unes des organisations qui ont participé à la campagne

(CGT, Solidaire, Confédération Paysanne, FSU, NPA, les verts…) Pierre Laurent pour le PCF a annoncé que le bateau, acheté il y a 10 jours à Athènes, se nomme le Louise Michel. Tout un symbole que la reprise du nom de cette militante morte à Marseille en 1905.

Les prises de parole ont été entrecoupées d’instants musicaux en écho à la soirée marseillaise qui avait vu le 19 avril des dizaines d’artistes se mobiliser dans une soirée mémorable tant par le nombre que par la qualité artistique. Moment d’émotion quand nous sommes invités à chanter en même temps qu’une soprano à la voix impressionnante une version française du chœur des esclaves du Nabuccho de Verdi, ce même morceau qui a récemment sonné magnifiquement à Rome contre Berlusconi et dont les mots liberté font courir un frisson que toute la foule partage.

Moment d’émotion aussi quand Nawel,

chantera sa Tunisie en révolution saluée par une joie mouillée de larmes de jeunes brandissant un drapeau tunisien dansant, au dessus de milliers de gens battant dans leurs mains, la danse de la liberté retrouvée.

Bien sûr il y avait un peu de déception de ne pas voir le deux mats acheté à Athènes partir de Marseille. Le spectacle aurait alors été grandiose et l’espoir à son comble.

Bien sûr nous savons aussi qu’Israël dont l’un des porte-parole a déclaré « Aucun navire n’atteindra Gaza » veut tout faire pour que la flottille n’arrive pas à bon port. Si la défection du bateau turc, le Mavi Marmara, est un exemple de plus des pressions internationales, si nous savons que de nouvelles techniques ont été testées pour intercepter les navires, si sur la Canebière même des provocateurs ont tenté en vain, drapeau israélien à la main, de perturber le rassemblement, cela ne peut entamer la détermination des combattants du monde libre détermination pour la première fois teintée d’espérance dans le rassemblement de samedi.

Un sentiment qui rejoint celui des autres participants de par le monde à la flottille de paix, évènement unique en soi dans l’histoire guerrière du monde. Jusqu’à maintenant le mot flottille était indissociablement associé à celui de guerre, au mieux à celui de pêche, maintenant il faudra aussi y associer le mot paix.

Le porte parole de l’UNRWA [1] est clair « il est difficile de comprendre la logique d’une politique pensée par l’homme qui appauvrit de façon délibérée tant de gens et qui condamne des centaines de milliers de personnes potentiellement actives à une vie de misère (…) le nombre de gens qui viennent à nous, vivant dans une pauvreté absolue avec à peine plus de 1 dollar par jour, a triplé depuis que le blocus a été imposé, il s’élève à 300.000 personnes, tandis que de nombreux projets de reconstruction sont toujours en attente d’approbation. L’avenir s’annonce sombre. »

La foule ce samedi a bien conscience, qu’à l’instar des peuples armés seulement de leur courage et qui de l’autre côté de la Méditerranée, se soulèvent face à des dictatures, il faudra bien avoir la même attitude pour en finir avec l’état colonial. A l’image de cet intervenant palestinien arborant un tee-shirt de la campagne pour le boycott, ils le disent à nos gouvernants qui ont choisi le camp de l’oppression. Ainsi le député communiste Jean Paul Lecoq qui, dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, explique pourquoi il embarquera sur le bateau :

« (…) La population de la bande de Gaza subit depuis 2009 un blocus mené dans la plus totale illégalité par l’Etat d’Israël, la privant de vivres, de traitements médicaux et de carburants. (…)
En agissant de la sorte, cet Etat méconnaît le droit international et notamment la résolution 1860 (2009) des Nations Unies, lui demandant « de prendre des mesures constructives et radicales pour mettre un terme à l’enfermement de Gaza »(…)
Par ailleurs, toujours en application du droit international, la mer et les océans sont ouverts à tous et n’appartiennent à personne, en dehors de la mer territoriale propre à chaque Etat côtier. En l’occurrence, l’accès de la Palestine à la mer doit être libre puisqu’elle en est riveraine. Dans tous les cas, Israël n’a aucune compétence légitime pour interdire cet accès.
Israël n’a également aucune compétence pour imposer à la Palestine des voies d’accès par son propre territoire. En conséquence, les voies maritimes doivent donc être ouvertes.
Ce blocus est enfin une sanction économique. Or, seul le Conseil de sécurité des Nations Unies peut imposer une telle mesure.
Nous constatons donc que l’Etat d’Israël ne fait aucun cas du droit international. Et cette situation inacceptable n’a que trop duré. Voilà pourquoi des organisations, associations, partis politiques et personnalités, ont décidé d’organiser une initiative baptisée « un bateau Français pour Gaza ». (…) Je vous informe par la présente que je ferai partie de la délégation française qui embarquera sur ce bateau.
Je ne doute pas que vous aurez à cœur d’assurer la protection de vos compatriotes, ainsi que le respect du droit international.
A l’heure où l’Organisation des Nations Unies doit examiner la question de la création d’un Etat Palestinien en septembre, cette initiative est une occasion historique pour la France de reconnaître enfin la Palestine comme Etat à part entière, comme l’ont déjà fait 112 Etats membres de l’ONU. Cette reconnaissance permettrait également de réaffirmer l’existence d’un territoire Palestinien dans les frontières de 1967, c’est-à-dire en incluant Gaza et la Cisjordanie, sans se cacher derrière un prétendu « processus de paix » qui n’est qu’un prétexte pour ne pas reconnaître l’Etat Palestinien.
 »

Au moment ou même des soldats israéliens demandent qu’une aide soit apportée aux habitants de Gaza, nous ne pouvons pas faire autrement qu’y répondre.

Ce samedi, devant la foule rassemblée terminant en dansant sous le soleil ce rassemblement porteur d’avenir, les mots du poète palestinien Mahmoud Darwich, résonnaient avec encore plus de force sur cette rive-ci de la Méditerranée « Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir ».


[1l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) est une agence de l’ONU créée en 1948 (et qui devait être provisoire !) pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient dans la Bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Elle est de loin la plus grande agence de l’ONU et son existence fait que les les réfugiés palestiniens sont les seuls réfugiés au monde à ne pas dépendre du Haut Commissariat aux Réfugiés.



Documents joints

3rd Generation Partnership Project - 274.4  (...)

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