Valérie Hoffenberg : beaucoup de moyens, peu d’Orient.

lundi 1er août 2011
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A quoi sert la « représentante spéciale » de Sarkozy au Proche-Orient ?. A ramasser les voix des Français de l’étranger et des fonds pour la présidentielle. Pour le moment, elle se ramasse toute seule.

Des montagnes de petits-fours à l’abandon et 50 personnes sur les 250 attendues.

Ce fut le triste bilan du premier meeting de campagne UMP en vue des législatives 2012 en ce soir du 9 juin à Netanya (Israël).

Une méchante blogueuse s’est même esclaffée :« Parmi les présents, tous les tontons et les tatas [de Valérie Hoffenberg] ! », 48 ans, la candidate.

Pourtant, elle avait choisi une cité balnéaire fort prisée des Français, et la 8e circonscription des Français de l’étranger (Chypre, Grèce, Israël, Malte, Turquie), avait, en Israël, donné 87% de ses suffrages à Nicolas Sarkozy en 2007.

Affreux revers pour la « représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient » .

Un titre comique, inventé exprès pour elle, en août 2009, par le chef de l’Etat.

Pas facile à obtenir, on s’en doute, dans la « République irréprochable » de Nicolas Sarkozy.

Mais Hoffenberg a tant de mérites !.

Dont le premier - et le seul ?- est de s’être tant démenée, dès 2004, pour garnir l’escarcelle du futur président.

A l’époque, elle préside l’Américan Jewish Commitee (AJC), et rafle, au côté d’Eric Woerth, l’argent des ultra-riches, au sein du Premier Cercle des donateurs de l’UMP.

Et, dès novembre 2007 à Washington, elle couronne Sarko, au nom de l’AJC, du très modeste « prix de la lumière parmi les nations », en raison de « son courage et sa vision en Israël ».

En récompense, Hoffenberg est élue en mars 2008 conseillère municipale à Paris.

Six mois plus tard, la Légion d’honneur est accrochée a sa robe rouge par les mains présidentielles.

Ce troc d’honneurs aurait dû se poursuivre, le Président ayant fait miroiter à la belle Valérie au moins la députation européenne, voire un secrétariat d’Etat.

« Elle appelait les rédactions pour raconter que Sarkozy allait lui confier d’importantes fonctions, se souvient un journaliste, c’est comme ça que quelques papiers la donnaient secrétaire d’Etat au Commerce ».

Mais rien ne vient, seul un cruel désenchantement lors du remaniement de 2009

« Elle s’est quasiment roulée par terre ! » raconte un proche de Sarko.

C’est ainsi qu’on la retrouve au Quai d’Orsay, munie de son titre ronflant, « aussi creux qu’il est long », raillent des diplomates.

Sa tâche - s’il y en a une - n’est pas aisée.

Avec ses ministre de tutelle, ce n’est pas vraiment ça.

Kouchner la déteste, Mam la prend de haut.

Au point qu’après la visite mouvementée à Gaza, où la « représentante spéciale... » est hospitalisée, à la suite d’un jet de caillou à la tête, Alliot-Marie ne se donne « même pas la peine de lui passer un coup de fil ! » raconte un ancien du Quai.

Avec Juppé, c’est pire.

Si elle pose près de lui sur quelques photos officielles, il ne l’a toujours pas reçue et, en juin, a refusé qu’elle l’accompagne en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Juppé a même ces mots tendres, qu’à rapportés « Le Canard » :

« Non seulement elle ne sert à rien, à son poste, mais il est hors de question qu’elle fasse campagne sur mon dos et grâce aux moyens de l’Etat ».

Un orfèvre en la matière qui sait de quoi il parle...

Et, déjà, de mauvaises langues s’interrogent sur les comptes de la campagne, « sans parler de ses notes d’hôtel, d’avion et de restaurant. Qui paie ?. L’Etat ou l’UMP ?. »

Ce n’est pas tant que Valérie Hoffenberg soit « méchante, ni intrigante, ni vaniteuse, ni que ses dents rayent le parquet, susurrent de bons amis, c’est qu’elle n’est pas à sa place et qu’elle ignore tout de la politique ».

C’est aussi que Valérie commence à être célèbre pour sa façon bien à elle de s’approprier le boulot des autres avec un culot qui fait presque envie.

Une bonne copine organise un événement, se tape un travail de chien, et Hoffenberg surgit, tout sourire, et se fait applaudir.

Un réalisateur lui présente son projet de réunir de jeunes Palestiniens et Israéliens, elle trouve ça « intéressant », ne pipe pas un mot, et hop ! six mois plus tard, c’est « son » projet.

« Mon dîner, mon colloque, ma réunion, mon idée...Ça a fini par taper sur les nerfs de tout le monde », soupirent ses « victimes ».

Depuis quelque temps, elle est retournée vers son ami Jean François Copé, auquel elle prédisait dès 2003 un destin présidentiel.

A l’UMP, il en fait la « secrétaire nationale chargée des relations avec les clubs, les »think tanks« et les partis étrangers ».

« Copé espère surtout qu’elle ramassera du fric pour lui en 2017, comme elle l’a fait pour Sarko. D’ailleurs, elle s’en vante déjà ! » raille un de ses nouveaux collègues.

Et c’est Copé qui l’a imposée, « par la force », assure-t-on, à la 8e circonscription des Français de l’étranger.

L’opposition de plusieurs fins connaisseurs prédisant une « catastrophe électorale » n’y a rien fait.

Même son copain Claude Goasguen - elle est élue sur sa liste dans le XVIe arrondissement de Paris - grand défenseur d’Israël, aurait « pété les plombs en apprenant sa candidature » et se contente depuis d’un service minimum de soutien.

La pauvre Hoffenberg patauge à vue dans le chaudron israélien.

"Forcément, elle n’a ni convictions réelles ni colonne vertébrale politique !
Elle va se ramasser !"
prédit un adversaire.

Moche pour quelqu’un qui aime à répéter :

« Je fais partie des gens qui n’hésitent pas à parler de tous les sujets, c’est peut-être mon point commun avec Nicolas Sarkozy, nous avons le courage de nos convictions ».

Qu’importe, Hoffenberg arbore un éternel sourire et, sur son blog, a transformé la salle vide de Netanya en un « dialogue enrichissant et fructueux ».

Et puis, rien n’est impossible à qui proclame pouvoir réconcilier Copé et Sarkozy :

« Je ferai tout pour que leurs relations s’améliorent. J’y arrive entre les Palestiniens et les Israéliens, pourquoi pas entre eux ? ».

C’est dire.

Par Dominique Simonnot dans Le Canard enchaîné du 27/07/2011

Transmis par Linsay



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