De nouvelles journées de combat multiforme face au cynisme d’UNILEVER

mercredi 26 octobre 2011
par  Charles Hoareau
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Audience à la cour d’appel d’Aix le 19 octobre, nouveau référé expulsion au TGI de Marseille le 21 octobre au matin, rencontre à la préfecture dans l’après midi, la semaine qui vient de s’écouler a encore été une semaine chargée pour les Fralib contraints de se battre sur tous les fronts face à une direction arrogante et haineuse.

Le 19, soutenus par des délégations de salarié-e-s du département qui avaient fait le déplacement à l’appel de la CGT 13, les Fralib sont venus contester le jugement rendu par le TGI en date du 21 juillet 2011.

La décision contestée était celle portant sur les conditions de la consultation des salarié-e-s sur le plan de fermeture et la régularité du Plan « social ». On le sait les Fralib soutiennent que le groupe UNILEVER ne leur a pas donné (et pour cause !) tous les éléments pouvant justifier la fermeture de l’usine.

Une nouvelle fois Me Amine GHENIM a démontré avec son talent coutumier qu’Unilever n’a pas respecté les obligations légales aux termes de la procédure de consultation du CE, que le groupe n’a pas communiqué - comme l’avait indiqué le juge aux termes de son ordonnance rendue le 4 février dernier - l’ensemble des documents et informations permettant au Comité d’Entreprise de donner un avis sur le projet de la direction. Il faut reconnaître à la décharge de la direction qu’il est difficile de justifier une fermeture quand une usine est rentable et que le groupe fait des profits considérables…

Autre embarras manifeste des représentants du groupe, la question du « reclassement » des salarié-e-s. Celle-ci a donné lieu à un échange entre la direction et le juge qui aurait pu être comique s’il ne s’agissait de l’emploi de dizaines de familles. Sous les questions pressantes du magistrat, la direction, présente dans la salle avec 10 gardes du corps ( !), après avoir affirmé que les 182 salarié-e-s avaient reçu une offre de reclassement dans les alentours, puis une centaine, puis une cinquantaine, a fini par admettre que son « offre » concernait une trentaine de salarié-e-s… qui étaient invités à partir en Pologne. Ce qui a fait demander à la juge dans une ultime question restée sans réponse : « En Pologne vous estimez que c’est un reclassement…dans le bassin d’emploi ? »…Décision rendue le 17 novembre.

Une nouvelle provocation d’UNILEVER

Le jour même on apprenait que 26 salariés étaient assignés devant le TGI de Marseille pour exactement les mêmes motifs pour lesquels d’autres salarié-e-s avaient été assignés le 28 septembre dernier : obstacle à l’entrée dans l’usine. Comme le dit la CGT de l’entreprise « Au lieu de discuter des conditions de cession aux salariés de ce qui est notre patrimoine collectif « la marque Eléphant », elle [la direction] préfère nous traîner de tribunaux en tribunaux ! »
Et le syndicat de rajouter : « Pourquoi ? Parce qu’ils sont en très grandes difficultés compte tenu que nous respectons scrupuleusement l’ordonnance rendue le 28 septembre [1] ».

En fait l’objectif de la direction n’est pas de rentrer dans l’usine ce qu’elle n’a pas été empêchée de faire [2], mais « d’empêcher les salariés de rester unis et organisés autour de leurs représentants du personnel pour qu’une fois dispersés, elle puisse continuer tranquillement à appliquer son Plan de Sabordage de l’Emploi. La direction peut toujours nous traîner de tribunaux en tribunaux, cela n’entamera en rien notre détermination à poursuivre unis et solidaires notre juste combat ! ». Lundi 24 on apprenait que le juge avait cédé devant les arguments de la direction et autorisait l’entrée de vigiles armés dans l’usine !! Comme le dit le syndicat qui a immédiatement fait appel de cette décision [3] « Devant cette dérive très grave et les conséquences qui peuvent en découler, chacun devra prendre ses responsabilités. ». Dans ces conditions les déclarations de la direction parlant de son « retour de manière posée (…) une fois le calme et l’ordre rétablis (sic !) » ne peuvent apparaître que comme une sinistre farce.

Une rencontre en préfecture

Ce même vendredi 21 octobre, à l’initiative de la préfecture de région, se tenait une réunion pour « engager une réflexion sur les mesures susceptibles de faire l’objet de la convention de revitalisation que doivent signer l’état et Fralib ».
Une occasion de plus pour les Fralib, accompagnés de leurs experts, de présenter leur solution alternative et crédible Une occasion aussi pour rappeler l’exigence d’une table ronde nationale. La direction, à part de bafouiller des propos contradictoires sur les machines dont elle aurait besoin ou pas et d’annoncer que le bail de l’usine est prolongé jusqu’au 30 juin 2012 [4], n’a pas annoncé grand-chose, on s’en doutait.

Quoiqu’il en soit le secrétaire général du Préfet a annoncé lui, qu’il prendra des mesures conservatoires en ce qui concerne l’outil industriel pour permettre la reprise de l’activité à Gémenos.

De même selon lui la convention devra aller au-delà de l’exemplarité légale, concernant le financement qui pour l’heure est prévu par Unilever à seulement 0,02% des profits réalisés en 2010, soit 997 000€. Rappelons que la demande des salarié-e-s est que ce financement atteigne 300 millions soit le montant de l’évasion fiscale réalisée en 5 ans par le groupe en France sur le dos de la seule usine Fralib. Ramené au montant des profits 2010 cela représente 6%. Pour un groupe qui a versé en 7 ans près plus de 13 milliards de dividendes aux actionnaires, ce n’est pas grand-chose, chacun en conviendra.

Comme si en matière de provocations cela ne suffisait pas, dans la foulée de cette réunion, les salarié-e-s, non encore licencié-e-s (essentiellement les délégué-e-s), apprenaient qu’ils étaient considérés grévistes depuis la fermeture du site et que donc leur paie ne serait pas versée : un comble !

Une raison de plus de poursuivre et d’amplifier la solidarité autour des Fralib. Ce qu’on fait les paysans du nord du département qui, à l’appel des communistes du secteur, ont livré aux Fralibiens en fin de semaine, une tonne de fruits et légumes.

Pendant ce temps, sous les portraits du Che dont le dernier géant orne le grand bâtiment à l’entrée de l’usine, l’occupation continue et plus que jamais nous disons nous aussi au côté des occupants : pas un boulon ne sortira d’ici !


[1voir les documents joints à l’article

[2comme l’ont constaté gendarmes et huissier voir constats

[3voir déclaration jointe

[4le bail devait s’arrêter au 31 décembre 2011



Documents joints

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Constat d'huissier 4 octobre
Constat d'huissier 6 octobre
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