USAID et la « démocratie » à Cuba

vendredi 11 novembre 2011
popularité : 4%

Un des exemples qui prouvent l’illégalité de la politique extérieure des Etats-Unis tourne autour de la bagarre que se livre la mafia cubano-étatsunienne pour s’emparer des fonds que l’Agence Internationale pour le Développement (USAID, pour son sigle en anglais) destine à la promotion de la « démocratie » à Cuba. Objectif qu’interdisent et sanctionnent ses propres lois nationales

L’argent de l’USAID va en infime proportion aux ingénus « dissidents » de l’île. La quasi-totalité va dans les poches des associations ayant résidence légale à Miami et Washington DC : Fondation Nationale Cubano-Américaine (FNC), Centre pour un Cuba libre (CFC), Directoire Démocratique Cubain (DDC), Fondation pour les Droits Humains à Cuba (FHRC), etc.

Début 2004, le Programme Cuba de l’USAID « fit don » de 26 millions de dollars à 28 organisations non gouvernementales (ONG) pour « favoriser une transition rapide et pacifique à la démocratie à Cuba ».

En juin, les fonds augmentèrent à 36 millions, et furent canalisés par les universités de Rutgers et de Miami, la Fondation Internationale pour des Systèmes Electoraux (IFES) et le Conseil Patronal Etats-Unis-Cuba.

Néanmoins, en décembre 2006, les propres comptables de l’USAID révélèrent que la section des intérêts du gouvernement yankee à La Havane, à charge de James Cason, avaient acheté des chaînes de moteur, des bicyclettes de montagne, des manteaux de peau, des pull-overs de cachemire, des jeux électroniques Nintendo, des chocolats Godiva et des boîtes de langouste pour leur prétendue livraison à la dissidence.

Cason fut renvoyé et le gouvernement de W. Bush le récompensa par une ambassade au Paraguay. Et lorsqu’il prit sa retraite du Département d’Etat (2009) il fut exonéré de charges criminelles grâce à son amitié avec Llena Ros-Lehtinen, chef des relations extérieures de la Chambre Basse du Congrès.

Ensuite Cason a été engagé par Frank Calzon comme président du Congrès de l’Administration du Centre pour un Cuba Libre (CFC). Créé en 1997 avec du personnel de Freedom House (FH, un des dinosaures des mécanismes d’ingérence de l’ultra-droite étasunienne), le CFC reçoit un financement de l’USAID et a son siège à Arlington (Virginie), à côté de la CIA.

Ami personnel de Cason, Calzon gonfla les coûts des livres qu’il éditait, soi-disant pour leur distribution à Cuba. De son côté, Cason se vanta d’avoir distribué « un quart de millions de livres » quand il était en poste dans la capitale cubaine (2005-07).

En décembre 2009, un bras droit de Calzon, Felipe Sixto, reconnut devant un juge fédéral du district de Reggie Walton (Floride) qu’il avait « détourné » 600.000 dollars. Sixto se déclara coupable et W. Bush lui donna du travail au Bureau des Affaires Intergouvernementales (juillet 2005-2007).

Selon le journaliste canadien Jean Guy Allard, le vol de Sixto représentait le quart de la subvention totale attribuée en 2008 au CFC par le cubano-étatsunien Adolfo Franco, ex-directeur pour l’Amérique latine de l’USAID.

En mars 2008, la FNCA exigea une « meilleure transparence » dans l’usage des subventions du gouvernement, car il ressort à son procès que d’autres associations comme le Directoire Démocratique Cubain (DDC) consacrait seulement 4% de l’argent distribué par l’USAID en appui à sa clientèle de dissidents.

Le site web du journaliste Trace Eaton informe que de 2007 à 2009 les coûts du DDC représentèrent plus de 913.000 dollars pour les voyages ; 2 millions 279.000 pour les salaires (y inclus l’épouse du patron) ; 331.000 pour des bureaux en Europe, Amérique centrale et Amérique du sud ; 550.000 pour les programmes à l’étranger et le coût des visites et représentations (République Dominicaine, 200.557 ; Argentine, 126.412 ; Mexique, 56.936 et Costa Rica, 59.988 dollars).

Pour les aventuriers qui se coupent les veines pour la démocratie à Cuba les choses ne vont pas bien. En 2009, le gouvernement cubain arrêta et condamna à 15 ans de prison le mercenaire Alan P. Gross, qui avait livré à ses contacts dans l’île des équipements de communication par satellite d’ultime génération. Gross travaillait pour Development Alternatives Inc., un des plus grands entrepreneurs du monde du gouvernement des Etats-Unis.

En avril 2010, l’USAID organisa une conférence afin de promouvoir Internet et la technologie sans fil pour des opérations de déstabilisation à Cuba. Et en octobre, le dénommé Institut d’Etudes Cubano-Américaines de l’Université de Miami (ICCAS), organisme constitué par seulement deux personnes et dirigé par l’ex-analyste de la CIA Jaime Suchlicki, érigea une plaque commémorative au vieil assassin Orlando Bosch, chef de la Coordination des Organisations Terroristes (CORU) créée en République Dominicaine (1976) et responsable de centaines d’attentats aux Etats-Unis et à l’extérieur.

En juin dernier, FH déclara qu’elle renonçait à une subvention de 1,7 millions de dollars de l’USAID parce que « ...cette entité pose des questions dangereuses sur la façon dont sont dépensés ses fonds pour favoriser la démocratie à Cuba ». Daniel Calingaert, sous-directeur de programmes de FH, a indiqué que les demandes d’information « non seulement sont onéreuses, mais qu’elles augmentent réellement les risques pour ce que nous faisons, particulièrement à l’ère de Wikileaks ».

José Steinsleger (La Jornada)

Traduit de l’espagnol par Gérard Jugant




Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur