Georges Papandréou : drôle de drachme !

mardi 22 novembre 2011
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Plus près des Enfers que de l’Olympe, vedette surprise du dernier G20 de Cannes, l’ex-Premier ministre grec a bien mérité la Palme d’or de la tragicomédie.

Quelle sortie de piste !.

Déjà, le vendredi 28 octobre, jour de la fête nationale grecque, il avait dû quitter fissa la tribune officielle pour échapper aux manifestants, que ne contrôlaient plus les MAT (les CRS locaux), dont les boucliers précisent, pour éviter toute équivoque, « Police ».

Trois jours plus tard, Papandréou en tirait la leçon, annonçant un référendum sur le plan d’austérité.

Stupeur et tremblement !.

Immédiatement convoqué au G20 par un Sarko furieux, le trublion déclencha un charivari vertigineux : et si la Grèce quittait l’Union européenne et la monnaie unique pour revenir au drachme ?. Charivari ou pas en tous cas en Grèce la question est bien posée par le KKE (parti communiste grec) qui rencontre un écho certain dans les luttes et dans ses propositions.

Parachevant son coup de poker, il évoqua même le risque d’un coup d’Etat militaire ! Plutôt l’armée que le progrès social : ça ne vous rappelle rien ?
Devant les députés grecs, ce professeur « regretté » par « Le Monde » (8/11) sembla d’abord rafler la mise : un vote de confiance ric-rac et une opposition de droite contrainte d’avaler l’amère potion des plans de sauvetage.

Après quoi il n’avait plus qu’à démissionner et à laisser le pouvoir à d’autres...y compris aux fascistes.

Une attitude peu habituelle quand on fait partie d’une famille où le pouvoir se transmet comme une charge de notaire.

Son père, Andréas, fut Premier ministre, ainsi que son grand-père, Georgios.

En 2011, « petit » Georges avait battu Costas Caramanlis , Premier ministre, lui-même neveu de Constantin Caramanlis, président de la République.

Ainsi va la Grèce politique, qui, faute d’un Churchill, a supporté pendant deux ans un Papandréou de plus.

L’héritier malheureux va-t-il rester en Grèce ?.

Son impopularité est telle qu’il ne peut même pas traverser la rue.

Né dans le Minnesota d’une mère américaine, parlant l’anglais mieux que le grec, Papandréou est soupçonné d’écrire ses discours en « greekenglish », c’est-à-dire en alphabet latin.

C’est son destin : trop grec pour les Européens, pas assez pour des compatriotes dont le slogan favori est désormais :

« On ne doit rien, on ne paye rien » .

Ni transports en commun, ni impôts, ni nouvelles taxes...

Y a-t-il un pilote dans la galère grecque ?.

Réponse démoralisante d’un banquier français ( « Le Point », 3/11) :

« Les plans de rigueur ne servent à rien dans la mesure où la Grèce est incapable de recouvrer l’impôt ».

Il faudrait en parler à l’Eglise orthodoxe, qui préfère servir des soupes populaires plutôt que payer des taxes foncières. Il faudrait en parler aussi aux armateurs grecs à la tête de la première flotte mondiale et à qui la loi permet de ne pas payer d’impôt sur les bénéfices.

Au pays de la fausse facture, de la contrebande, du travail non déclaré et des salariés fantômes, « tout le monde fraude » (surtout ceux qui ont une entreprise pour pouvoir le faire), se désespère Nicolas Lekkas, chef de la lutte contre la criminalité financière.

Jusqu’à quand ?.

Pour chasser les contribuables récalcitrants, Sarkozy et Merkel demanderont-ils à Obama d’envoyer ses drones ?.

En attendant de comprendre l’alpha et l’oméga de la finance, le citoyen lambda vend ses bijoux et son or, gage tout ce qu’il peut - voitures, bateaux, immeubles - pour obtenir du cash.

Les plus enragés brûlent le drapeau allemand en dénonçant l’« avènement du IV Reich », tandis que la presse allemande voit ces « fainéants » de Grecs.

Moussaka contre choucroute !.

Trente ans d’Union européenne pour en arriver là...

De toute façon, ce sont les Grecs qui ont inventé le « chaos » , que le poète Hésiode définissait comme un « vide sans fond, sans direction, espace de chute indéfinie, où rien n’arrête jamais l’errance du corps qui tombe ».

Allez, assez d’histoire grecque !.

Si on passait aux Romains ?.

D’après Frédéric Pagès dans Le Canard enchaîné du 09/11/2011

Transmis par Linsay



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