Israël boycotte les droits de l’homme

jeudi 31 janvier 2013
popularité : 4%

« Conformément à l’article 49 (interdiction pour la puissance occupante de transférer des populations dans des territoires occupés), Israël doit cesser toute activité de peuplement dans les colonies et ce sans conditions préalables. Il doit immédiatement commencer un processus de retrait de tous les colons des territoires occupés" : c’est l’une des recommandations d’un rapport d’experts indépendants missionnés par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies et rendu public jeudi 31 janvier à Genève.

Ce rapport tombe alors que Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies vient d’appeler une nouvelle fois les autorités israéliennes à abroger les plans de nouvelles implantations, rappelant que les colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie sont illégales en vertu du droit international.

Les colonies juives dans les territoires palestiniens occupées, qui étaient au cœur de la récente campagne des législatives en Israël bénéficient d’une aide financière accrue - de l’Etat d’Israël mais aussi d’une multitude d’organisations étrangères, dont des chrétiens évangéliques américains et européens. Le parti nationaliste religieux Habayit Hayehudi (Le Foyer juif) de Naftali Bennett, qui défend les colons, a obtenu 12 sièges à la Knesset, multipliant par quatre son score de 2009.

En mars 2012, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies avait mandaté une mission internationale indépendante pour étudier les effets des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés. La mission était constituée de trois magistrates, la Française Christine Chanet (qui la dirigeait), la Pakistanaise Asma Jahangir et la Botswanaise Unity Dow. Son rapport sera soumis le 18 mars aux 47 États membres permanents du Conseil.

Dans son rapport, la mission demande l’arrêt immédiat de la colonisation et le retrait progressif de tous les colons. Le texte, évoque - et c’est une première - un éventuel recours devant la Cour pénale internationale (CPI) et appelle "tous les États membres"des Nations unies à assumer leurs obligations et responsabilités au regard des lois internationales dans leurs relations avec un État violant les normes péremptoires des lois internationales", spécifiquement en "ne reconnaissant pas la situation illégale résultant des violations israéliennes".

Israël a évidemment rejeté ce travail indépendant, jugeant qu’il était "biaisé". "Des mesures contre-productives telles que ce rapport ne feront que saper les efforts pour trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien", a affirmé dans un communiqué le ministère israélien des Affaires étrangères. "Malheureusement, accuse le ministère, le Conseil des droits de l’homme se distingue par son approche unilatérale et systématiquement partiale à l’encontre d’Israël".

En dépit de demandes de coopération écrites répétées auprès des autorités israéliennes, la mission n’a obtenu aucune réponse et n’a pas pu se rendre dans les territoires. Elle a dû travailler notamment depuis Amman (Jordanie) et a réussi à contacter de nombreux représentants de la société civile palestinienne et israélienne.

Une annexion rampante

Depuis la guerre des six jours de 1967, 250 colonies ont été créées. Quelque 520 000 colons y vivent aujourd’hui. Elles conduisent "à une annexion rampante qui empêche la création d’un État palestinien viable et avec une continuité", affirme son rapport. Il précise que "les colonies de peuplement sont maintenues et développées à travers un système de ségrégation total entre les colons israéliens et la population habitant dans les territoires occupés (…) Ce système de ségrégation est soutenu et facilité par un contrôle militaire et un maintien de la sécurité stricts, au détriment des droits du peuple palestinien". Constatant les violations de "certaines obligations selon les lois humanitaires internationales", le rapport souligne la compétence de la Cour pénale internationale. Cette référence à la CPI "n’a jamais été évoquée dans quelque rapport que ce soit", a souligné Christine Chanet devant la presse.

Depuis que cette mission a été mandatée, l’Etat d’Israël boycotte les réunions du Conseil des droits de l’homme. Il ne s’est d’ailleurs pas présenté le 29 janvier 2013 pour l’examen périodique universel (EPU) de sa situation concernant les droits de l’homme.

L’EPU est un processus unique en son genre. Conduit par les États eux-mêmes, sous les auspices du Conseil des droits de l’homme, il consiste passer en revue les réalisations de l’ensemble des États membres de l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. Il fournit à chaque État l’opportunité de présenter les mesures qu’il a pris afin d’améliorer la situation sur son territoire et remplir ses obligations en la matière. Mécanisme central du Conseil des droits de l’homme, l’EPU est conçu pour assurer une égalité de traitement à chaque pays.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a exprimé sa désapprobation devant le refus d’Israël, appelant l’état hébreu à reprendre sa coopération dans le cadre d’un mécanisme établi pour garantir le respect des droits de l’homme dans les États membres. Le Conseil a également décidé de reporter l’examen à une date ultérieure, au plus tard en octobre ou novembre 2013.

Une opération digne de l’Apartheid

En refusant de se soumettre à l’évaluation des autres États siégeant au Conseil, Israël est le premier État qui se permet de boycotter ce processus scrupuleusement observé par tous les Etats depuis 6 ans qu’il existe.

La session de deux semaines vient de s’ouvrir doit évaluer les situations des droits de l’homme dans 14 pays. Outre Israël, se sont la France, Tonga, la Roumanie, le Mali, le Botswana, Bahamas, Burundi, Luxembourg, Barbade, Monténégro, les Émirats arabes unis, Lichtenstein et la Serbie qui doivent être soumis à l’examen périodique au cours de cette session.

Israël échappe donc à l’examen. Dommage car, entre autres turpitudes de l’Etat hébreu, on aurait pu « évaluer » l’origine de l’étonnante baisse de 50% du taux de fécondité des Juifs éthiopiens d’Israël depuis 2000. Après 5 ans de démentis successifs, le gouvernement israélien vient de reconnaître qu’il avait couvert les injections de Depo-Provera (un agent contraceptif de longue durée) infligées aux immigrantes d’Ethiopie sans leur consentement. Une opération purement raciste que ne renierait pas l’Afrique du Sud d’avant Mandela.

Israël s’arroge tous les droits et n’a que mépris pour la communauté internationale. Cette dernière, il est vrai ne s’en offusque pas, à commencer par l’Union Européenne qui a jugé utile de réhausser ses relations avec cet Etat criminel.

Cet Etat, qui occupe illégalement un territoire étranger depuis 46 ans, coupable de crimes de guerre, sourd aux résolutions de l’ONU et condamné par la Cour internationale de justice [1], cet Etat qui emprisonne sans procès y compris des enfants, bombarde sans hésiter ses voisins (tout récemment la Syrie) et tue en temps « normal » au moins un Palestinien par semaine, cet Etat bénéficie de la sollicitude de la « communauté internationale » qui ne connaît que son « droit de se défendre ».

Qui défendra ses victimes ? Alors que les guerres en Syrie et au Mali semblent condamner la cause palestinienne à un silence médiatique universel, sur place malgré le courage d’une minorité de citoyens israéliens très agissante, les résultats des dernières législatives ne laissent rien présager de bon.

Avec Al-assawraet Agences de presse


[1pour la construction d’un mur de séparation sur un sol qui ne lui appartient pas



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur