Bras de fer entre les chômeurs et le gouvernement

samedi 30 mars 2013
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Samedi 23 mars à Marseille se tenait un rassemblement de soutien aux chômeurs algériens. Pendant ce temps de l’autre côté de la Méditerranée le mouvement se développait...et c’est tant mieux

Des milliers de manifestants ont envahi samedi 23 mars la Place de la Résistance à Laghouat, dans le sud de l’Algérie, pour demander des emplois et une plus grande transparence dans les procédures d’embauche. Après la « Marche de la dignité » organisée le 14 mars à Ouargla, les manifestations s’étendent dans toutes les provinces méridionales de l’Algérie. D’autres rassemblements sont prévus à El Oued et à Tamanrasset la semaine prochaine.

« Nous sommes en train de faire bouger nos bases dans toutes les wilayas [gouvernorats] pour que le pouvoir accepte de dialoguer avec nous et de trouver des solutions à nos problèmes », a déclaré Tahar Belabes, porte-parole du Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC).

La contagion qui gagne les wilayas du sud-est est, selon lui, une réponse aux tentatives des walis [gouverneurs] de torpiller ce mouvement, en demandant aux députés de se rendre dans ces régions. Le 18 mars, des parlementaires ont été chassés de Laghouat, à 400 kilomètres au sud d’Alger, par les chômeurs de la province.

Les manifestations se poursuivront, a ajouté Belabes, jusqu’à ce que les autorités acceptent de parler aux représentants du CNDDC, qui souhaite avoir son mot à dire sur les activités des agences de l’emploi. « Nous sommes esclaves des sociétés de recrutement créées par les pontes du système au profit de leur progéniture, et nous souffrons du racisme des sociétés étrangères », a affirmé le militant Tarek Mameri.

Les jeunes sont en train de s’imposer et de s’affirmer là où les partis politiques ont échoué, c’est-à-dire dans la rue, estime le coordinateur du CNDDC à Laghouat, Belkacem Khancha. « La rue est à nous et la société nous soutient », a-t-il ajouté.

Comme ce fut le cas pour la manifestation d’Ouargla, les forces de sécurité sont restées en retrait, observant de loin le déroulement de cette manifestation pacifique.

Les politiques d’embauche

Des militants venus des quatre coins du pays avaient fait le déplacement dans la province pour afficher leur soutien aux manifestants. Certains ont tenté de faire passer leurs propres messages, à l’instar des représentants des familles des personnes disparues durant la Décennie noire [guerre civile qui opposa l’armée régulière à différents groupes islamistes durant les années 1990] et des militants des droits de l’homme venus de Ghardaïa [600 km au sud d’Alger].

Mais ce mouvement de protestation attise cependant les appétits de certains responsables politiques, qui tentent de le récupérer. C’est le cas d’Abdelfattah Zeraoui Hamadache, dont le parti salafiste a vu son projet rejeté par le ministère de l’Intérieur en février dernier, venu avec un grand renfort de militants. Dans ce que beaucoup considèrent comme une tentative manifeste de détourner cette campagne, Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a publié vendredi 22 mars un communiqué de « soutien » aux manifestants du sud. L’organisation terroriste a déclaré que les jeunes continuent de supporter les conséquences de ne pas avoir la sharia comme mode de gouvernance.

Bien que les manifestants ne puissent « interdire à qui que ce soit de participer » à ce mouvement de protestation, selon Khancha, ils resteront fidèles à leur cause. Les manifestants ont présenté des revendications très claires, explique-t-il, notamment en matière de plus grande transparence dans les politiques d’embauche et de travail de l’agence nationale pour l’emploi, ainsi que de refonte des systèmes de formation et d’enseignement dans le sud.

Le gouvernement a déjà commencé à prendre des mesures pour améliorer la situation. Lors d’une réunion interministérielle organisée en début de mois à Alger, il a adopté une série de mesures destinées à répondre aux attentes des habitants des provinces méridionales. Selon les nouvelles directives gouvernementales, les sociétés présentes dans les provinces du sud doivent désormais obligatoirement accorder la priorité à la main-d’œuvre locale.

Par Nazim Fethi source Magharebia le 26 mars 2013

Transmis par Linsay



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