Guerre en Syrie : la réponse des peuples.

samedi 31 août 2013
par  narosinfo
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Le poids des opinions et quelques autres éléments.

Dimanche soir, à écouter et lire les médias tout semblait réglé comme du papier à musique. Un massacre de plus avait été commis en Syrie, le régime de Damas, et forcément lui (l’enquête de l’ONU était donc inutile), avait franchi la fameuse ligne rouge, il fallait faire cesser les agissements du dictateur et seule la guerre pouvait sauver le peuple syrien. Et cette opinion était bien sûr partagée par l’ensemble du monde « civilisé » (sic !) et « démocratique » (resic !). Fermez le ban.

Cela semblait d’autant plus réglé que sur l’instant les avis contraires étaient soit tus, soit bien trop timides, y compris dans le camp progressiste de notre pays où les premières déclarations comportaient des ambiguïtés et des oublis ou erreurs préjudiciables à la cause pacifiste (à l’exception notable des billets de José Fort dans l’Humanité) tant elles pointaient la seule responsabilité du gouvernement syrien, (responsabilité que Rouge midi n’a pas cessé de dénoncer par ailleurs…en essayant d’éviter de tomber dans le simplisme). Il n’est pas inutile de rappeler ici quelques-unes des incohérences, non pour polémiquer mais pour mesurer l’évolution des choses :
- « Les bombardements à l’arme chimique, dont la responsabilité est attribuée au régime de Bachar Al Assad » (déclaration du PCF du 26 août )
- Cette même déclaration parle de la nécessité de la reprise de la conférence de Genève sans pointer que ce sont les USA et l’opposition qui pour l’instant n’ont pas voulu s’asseoir à la table des négociations (l’opposition réaffirmant suite à l’attaque chimique qu’il était maintenant impossible de reprendre la discussion…ce que les russes [1] avaient anticipé dès le 22 août en parlant du prétexte idéal que tenait désormais l’opposition pour maintenir son refus de négocier).
- Pas un mot sur l’enquête de l’ONU qui avait conclu en mars dernier, lors de la première attaque chimique, à la responsabilité de l’opposition.
- Pas un mot non plus sur la responsabilité d’Israël dans ce conflit
- Un « conflit que le régime syrien a, à dessein, militarisé et internationalisé » (lettre de Pierre laurent à Hollande du 27 aoûtune lettre à François Hollande ). Pierre Laurent se rappelle-t-il que dans la première phase du conflit il y a eu plus de morts dans l’armée syrienne que chez les rebelles ?

Dans cette même lettre, la « demande de bien vouloir inscrire en priorité à l’ordre du jour de la session extraordinaire qui s’ouvrira le 10 septembre une discussion parlementaire sur la situation en Syrie » paraissait bien timide et ne répondant pas à l’urgence face aux déclarations guerrières de la bande des 3 (USA, Angleterre, France) d’autant que ces mêmes écrits n’étaient accompagnés d’aucun appel à la mobilisation populaire contre la guerre.

Imposer la paix est à notre portée

Tout semblait réglé…mais cela n’a pas marché ou du moins le scénario initial a du plomb dans l’aile et ce pour plusieurs raisons à énumérer pas forcément par ordre d’importance.

- Contrairement à ce que disent radios et télés la Russie et la Chine ne sont pas isolées dans leur refus de l’intervention. Comme le fait remarquer Philippe Migault, directeur de recherches à l’IRIS, dans Ouest France, les russes « ne sont pas d’accord avec Paris, Londres et Washington. Mais ils ont la même position que la Chine, que l’Inde ou que le Brésil. Les Russes représentent une bonne partie de l’opinion publique mondiale, qui considère que les Occidentaux n’ont pas à s’immiscer dans les affaires intérieures d’un Etat.
Par ailleurs, au sein de l’Union européenne, personne n’a entendu les Allemands demander une intervention militaire en Syrie. Ni les Espagnols, les Italiens, les Polonais, les Suédois… Il n’y a que Paris, Londres et Washington à vouloir y aller. »
Et si on compte en nombre de citoyens, n’en parlons pas !

- La presse est obligée de dire que les opinions publiques des 3 pays belliqueux, dont la France de gôche fait partie, sont majoritairement défavorables à une intervention armée. Cela explique certainement grandement le vote du parlement britannique qu’un journaliste de France Inter qualifiait ce matin de « fuite à l’anglaise » (sic !). Ce refus a d’ailleurs obligé Obama à faire un aveu de taille peu souligné : il décidera « SELON les Intérêts Américains" » http://www.huffingtonpost.fr/2013/08/29/intervention-syrie-angleterre-david-cameron-parlement-britannique_n_3839674.html. Ah bon ? Et nous qui pensions que c’était dans l’intérêt du peuple syrien…

Amplifions et prolongeons les mobilisations

Il y a des mobilisations de refus de la guerre, ce dont hier et ce matin les médias radio télévisés ne parlaient pas comme si elles ne comptaient pas et pourtant…Elles sont bien au coeur des hésitations des politiques. Dans ce cadre, nous nous pouvons nous féliciter de la réactivité et de l’appel à la mobilisation du Mouvement de la paix. On peut penser que cet appel est pour beaucoup, au-delà de la participation conséquente à des rassemblements unitaires convoqués en 24h, dans l’évolution des expressions des organisations progressistes qui s’affirment plus résolument pour la paix au cours des heures. De même l’initiative du Mouvement de la Paix n’est pas pour rien, d’une part à la montée du refus de la guerre en France (64% de français se disent opposés à la guerre selon les derniers sondages) d’autre part au fait qu’une part croissante de l’opinion s’interroge sur la véracité des faits tels qu’ils sont présentés. De ce point de, l’entretien accordé par l’opposant syrien Haytham Manna est éclairante

Syrie : « Les attaques chimiques sont un coup monté », d’après Haytham Manna (LeVif.be)

En exil depuis 35 ans, l’opposant Haytham Manna, responsable à l’étranger du Comité de Coordination nationale pour le changement démocratique (opposition syrienne non armée), s’oppose avec force à toute intervention étrangère contre son pays.

François Janne d’Othée : L’utilisation d’armes chimiques en Syrie pourrait amener les Occidentaux à « punir » le régime. Qu’en pensez-vous ?

Haytham Manna
 : Je suis totalement contre, tout comme la coordination que je dirige. Cela ne fera que renforcer le régime. Ensuite, une intervention risque d’attiser encore plus la violence, d’ajouter de la destruction à la destruction et de démanteler un peu plus la capacité de dialogue politique. (…)

FJO : Les Occidentaux choisissent la mauvaise option, selon vous ?
HM :
Depuis le début, c’est une succession d’erreurs politiques. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont poussé les parties à se radicaliser. Ils n’ont pas empêché le départ de djihadistes vers la Syrie et ont attendu très longtemps avant d’évoquer ce phénomène. Où est la démocratie dans tout ce projet qui vise la destruction de la Syrie ? (…)

FJO : Qui est responsable du dernier massacre à l’arme chimique ?
HM
 : Je n’ai pas encore de certitude mais nos informations ne concordent pas avec celles du président Hollande. On parle de milliers de victimes, alors que nous disposons d’une liste de moins de 500 noms. On est donc dans la propagande, la guerre psychologique, et certainement pas dans la vérité. Ensuite, les armes chimiques utilisées étaient artisanales. Vous pensez vraiment que l’armée loyaliste, surmilitarisée, a besoin de cela ? Enfin, des vidéos et des photos ont été mises sur Internet avant le début des attaques. Or ce matériel sert de preuve pour les Américains !

FJO : Pensez-vous qu’une partie au conflit a voulu provoquer les Occidentaux à intervenir ?
HM
 : C’est un coup monté. On sait que les armes chimiques ont déjà été utilisées par Al Qaeda. (…) l’armée loyaliste a repris du terrain. Seule une intervention directe pourrait donc aider les rebelles à s’en sortir… Alors, attendons. Si c’est Al Qaeda le responsable, il faudra le dire haut et fort. Si c’est le régime, il faudra obtenir une résolution à l’ONU. Et ne pas laisser deux ou trois pays fédérer leurs amis, pas tous recommandables d’ailleurs.

FJO : Entre Occidentaux et Russes, quelle position vous semble la plus cohérente ?
HM
 : Les Russes sont les plus cohérents car ils travaillent sérieusement pour les négociations de Genève 2 [sensées mettre autour d’une même table le régime et les opposants]. Les Américains ont triché. Deux ou trois fois, ils se sont retirés, au moment où s’opérait un rapprochement.

FJO : Une solution politique est-elle encore possible ?
HM
 : Tout est possible mais cela dépendra surtout des Américains. Les Français se contentent de suivre. Une solution politique est la seule qui permettra de sauver la Syrie. Mais l’opposition armée ne parvient pas à se mettre d’accord sur une délégation.

A nous donc de faire en sorte que le gouvernement français ne " suive " plus...

Contrairement à ce que nombre de commentateurs "autorisés" veulent nous faire croire, le choix n’est pas entre l’appui à un régime dictatorial ou à des fascistes obscurantistes, mais celui de pousser ou non pour que l’opposition non armée puisse sortir de l’étouffement dans lequel la guerre civile l’a plongée et gagne la justice sociale et la liberté, toutes demandes qui ont motivé la révolte initiale du « peuple qui a inventé l’alphabet ».

A quelques jours du 10 septembre, les mobilisations actuelles, les diffusions de l’information militante face au pouvoir des médias, nous rappellent que « El pueblo unido jama sera vincido ».

Si Hollande ne sait pas quoi faire des milliards qu’il est prêt à consacrer à la guerre, il peut toujours les utiliser à l’emploi, au pouvoir d’achat et à la protection sociale.


En médaillon le rassemblement unitaire de Marseille


[1ria novosti



Commentaires

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samedi 31 août 2013 à 23h30 - par  chb
samedi 31 août 2013 à 17h20

www.pcfbassin.fr

Note ; Si j’ai mal vue ou lue je ferais amende honorable.

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