Les Fralibs à la belle Rouge

lundi 4 août 2014
par  narosinfo
popularité : 3%

Comme les fralibs le font dire à l’avocat d’UNILEVER (joué par Didier) dans la scène du procès, leur lutte, par moments, c’est un peu comme la bande dessinée Martine : « Martine à la plage, Martine au Front populaire, Martine à Rouge Vif… ».
Là, du 25 au 27 juillet c’était les Fralibs à La Belle Rouge, le festival de la compagnie Jolie Môme qui a lieu tous les ans, le dernier week-end de juillet à St Amand-Roche-Savine, dans le Puy de Dôme.

Cette année, le festival se tenait en pleine lutte contre la nouvelle convention assurance chômage. De ce fait, les artistes, dont beaucoup sont des intermittents du spectacle avaient une première question à résoudre : fallait-il faire grève (et donc annuler le festival) ou pas ? Au-delà des acteurs et techniciens qui sont les premiers touchés (et encore plus s’ils sont intermittents), là comme ailleurs la suppression d’un festival a des conséquences sur l’économie du lieu. La lutte peut selon les endroits imposer ces sacrifices. Ici la question est particulière pour un festival particulier et militant produit par la troupe elle-même et non par une structure extérieure. Une grève c’est le moyen ultime pour peser mais ici peser sur qui ? Les artistes qui saisissent l’occasion de ce festival pour se faire connaître et faire connaître leur création ? Les spectateurs pour qui ce festival est aussi un lieu de débats entre militant-e-s venu-e-s des 4 coins de France ? La troupe Jolie Môme qui serait lourdement sanctionnée par une annulation dont on peut se dire qu’elle réjouirait le pouvoir et le MEDEF plus qu’elle ne les contrarierait ? D’un autre côté ne pas se saisir de la tribune du festival pour dénoncer et informer sur ce qui est en jeu aurait été une anomalie…

La décision prise par les acteurs a été de maintenir le festival et de se réunir tous les jours en assemblée générale pour décider et voter les formes d’action et d’en informer et d’y associer les spectateurs.

Ainsi, jeudi 24 juillet, avant même que le festival commence, l’antenne Pôle emploi d’Ambert (la sous-préfecture voisine) a été envahie.

Le lendemain, à Gémenos, après une assemblée générale des salariés (devenus coopérateurs) pour élire le conseil d’administration de la SCOP, voilà une délégation de nos fralibiens, les dénommés « Los Théâtros » en route pour le festival.

Arrivés sur place ils constatent que Jolie Môme les attendait de pied ferme et fraternel puisqu’ils sont invités sur tout le festival.

Si c’est trop tard pour le 1er spectacle ils peuvent néanmoins découvrir la cour du collège, QG du festival, décorée de banderoles, slogans et drapeaux (rouges évidemment !) qui feront dire à Henri :« Mais c’est la place rouge cette cour ! ».

C’est l’occasion aussi pour Henri et Yves de retrouver deux camarades du coin, Didier et Jean Paul qui les avaient fraternellement accueillis et hébergés lors d’une précédente visite de lutte à Clermont Ferrand.
Au son des cuivres des Touffes Kretiennes les estomacs se remplissent consciencieusement avant le repos réparateur, bercé par les notes de musique entendues dans la cour…

Le lendemain, après les spectacles du matin, dans la salle du collège, devenue réfectoire le temps d’un festival :
- Au mur il y a l’exposition sur la lutte des fralibs et qui connaîtra un vif succès tout au long du festival [9 panneaux A1retraçant, en graphiques et dessins, la chronologie des 4 ans de lutte et les arguments économiques et sociaux face à UNILEVER… ou toute autre multinationale ! On peut faire venir cette exposition pour une initiative, se renseigner auprès de rougemidi@rougemidi.org ]

- Dans la salle il y a un débat sur les luttes en cours.

Celle de celles et ceux, qui luttent pour une autre protection sociale des chômeurs. Les intermittents, bien sûr, mais pas qu’eux, car comme le dira Laura, une jeune intervenante, cette lutte nous concerne tous.

La lutte des Fralibs tiendra bien sûr une large place.

Le débat est trop vite interrompu par une assemblée générale de tout le festival à 14h sous le grand chapiteau.

Là, après une petite heure de discussion, décision est prise d’aller manifester à la sous-préfecture d’Ambert en solidarité avec le peuple palestinien.

Comme ailleurs en France, le même jour à la même heure, comme ailleurs aussi sans doute dans le monde, la manif est grave, les poings serrés, la solidarité et la détermination, réaffirmées.

Devant la sous-préfecture les manifestant-e-s brûlent un mannequin auquel ils tournent le dos, symbole de l’indifférence des gouvernants et des médias. Spontanément ils font silence, certains le poing levé, toutes et tous le visage grave et teinté d’émotion dans un moment qui restera gravé dans la mémoire des manifestants.

Puis toute la troupe du festival, acteurs et « spect-acteurs », retourne à St Amand sous les yeux médusés des ambertois qui n’ont pas dû souvent voir une manifestation d’une telle ampleur dans leur petite ville de 7000 habitants.

Les spectacles reprennent et c’est tard dans la nuit, après avoir dansé sur les musiques du Bringuebal que les spectateurs se séparent.

Dimanche, c’est le grand moment pour les Fralibs, le jour où ils jouent leur pièce, ayant naturellement annulé la première représentation prévue la veille pour cause de manif pour Gaza. Le matin c’est la répétition avec un peu de trac pour ce lieu et ce public qu’ils ne connaissent pas. Le désir de bien porter le conflit, de bien faire passer le message les habite.

A 14h, dans un coin du festival où les stands sont désertés et toute vie semble suspendue, le chapiteau est archi rempli et ils jouent….
Jouent-ils vraiment ou revivent-ils intensément, devant les yeux de spectateurs ébahis, tour à tour émus aux larmes, éclatant de rire, applaudissant à tout rompre aux paroles fortes qui sont dites, ces 1336 jours (et nuits) ?
Poser la question c’est y répondre, eux qui, comme le dira Rim à la fin ne sont « pas des acteurs, mais de « simples » salariés » comme si cela pouvait être simple en particulier dans leur cas…

Des tonnerres d’applaudissements les saluent avant même la fin de la pièce au point que la dernière scène est jouée devant un public debout qui scandera, chantera et dansera avec eux sur la scène la dernière chanson…dont la vidéo ci-dessous donne un aperçu à celles et ceux qui n’ont pas encore vécu ce moment inoubliable [1]

Au débat qui suivra un spectateur dira : « Vous avez fait ce que vous deviez faire, maintenant c’est à nous de faire. Il faut que l’on se mobilise, là où l’on est, pour que vos produits soient vendus et que nous en tant que consommateurs on mette en échec UNILEVER ». _ (Approbation et applaudissements).
Le stand des fralibs est ensuite pris d’assaut pour du thé, des tee-shirts et des CD de la solidarité.

Pas trop le temps de s’attarder, une intervention des Fralibs est prévue pendant le spectacle de Jolie Môme, Paroles de mutins. C’est Rim qui intervient et comme ils le disent, elle est « ovationnée ».

Le soir, après un repas offert par Cuisibus, une association locale dont tous les membres sont syndiqués et qui sillonne la région avec un bus équipé pour servir de délicieux repas bio, les fralibs reprennent le chemin du retour pour arriver à l’usine au petit matin. Et voilà ce qu’ils écrivent au sujet de ces 3 jours.

Nous sommes revenus du festival "La belle rouge" le festival de la compagnie Jolie Môme avec pleins de chaleur dans le cœur.
Trois jours d’humanité, de partage, de militantisme où la lutte des fralibs a été superbement accueillie.

Le samedi nous avons participé à une assemblée générale ou se mêlaient le public et les artistes. Le maitre mot : communication ; tout le monde s’est exprimé quel que soit le ressenti envers l’action proposée, ce qui s’est conclu par une manifestation extraordinaire par sa diversité syndicale sans signes d’appartenances (drapeaux etc) tous unis en soutien du peuple palestinien opprimé. Une grande et belle manifestation !!

Le dimanche tout le festival a fermé les stands pour assister à notre pièce de théâtre sur notre lutte. Elle a suscité de vives émotions et tout le monde a fini sur scène les larmes aux yeux nous y compris.

Nous avons eu des dizaines de contact pour la distribution future de nos produits.

Nous sommes aussi intervenu durant le spectacle de la compagnie Jolie Môme et une fois de plus l’humanisme de notre lutte a été ovationné.

Nous revenons avec des contacts, plus de 2000 euros de solidarité, de la chaleur plein le cœur, des étoiles plein la tête.

Nous remercions chacune des personnes qui ont permis cette initiative.

Hasta la victoria siempre et que vive la paix !!!

LOS THEATROS


Les Fralib à la belle rouge (voir article sur... par rouge_midi


Merci à Rim pour ses photos et à Didier le clermontois pour sa vidéo


[1la pièce sera jouée en septembre à la fête de l’Huma, à la fête de rentrée de l’UD CGT 13 et dans bien d’autres endroits à la demande. Pour connaître les représentations prévues ou voir s’il est possible qu’ils viennent jouer par chez vous, s’adresser à rougemidi@rougemidi.org



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur