Être ou ne pas être ... DE GAUCHE ?

lundi 1er septembre 2014
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Cette fois cela crève les yeux ! Avec un ministre de l’Économie directement issue de la banque Rothschild (on n’est jamais mieux servi que par soi-même) et une ministre de l’Éducation pur produit du réseau franco-américain des « Young Leaders » sponsorisé par la banque Lazard, seul(e)s les plus aveugles voient dans le gouvernement Valls 2 un gouvernement de « gauche ». Mais où sont passés les partis dits de « gauche » ? Avecl’appel (re) construire les Rouges-vifs remettent en selle une vieille pensée : « si tu ne t’occupes pas de la gauche, c’est la droite qui s’occupera de toi. »

Même si les partis dits de « gouvernement » estampillés à gauche ne savent plus vraiment reconnaître leur droite de leur gauche, la gauche en tant qu’idée de progrès social, d’Égalité et de démocratie vraie est toujours bien vivante. Maintenant, il s’agit de la faire entrer dans la vraie vie. « Or cette circonstance tient en un énoncé assez simple : égalité et démocratie vraie ne peuvent être réalisées quand la société est abandonnée à l’emprise sans limite du capital — compris aussi bien comme logique sociale que comme groupe d’intérêt. Que le capital vise l’emprise totale, la chose découle du processus même de l’accumulation, dont la nature est d’être indéfinie. Aucune limite n’entre dans son concept — ce qui signifie que les seules bornes qu’il est susceptible de connaître lui viendront du dehors : sous la forme de la nature épuisée ou de l’opposition politique. » [1]

Le Capital, avec l’aide du gouvernement socialiste est en train de gagner la lutte de classe et comme il n’a pas d’opposition véritable il va, avec le PS, l’UMP ou le FN, tout simplement mettre sous sa coupe réglée la société toute entière. La tyrannie n’est pas loin et la prise d’otage des citoyens enchainés par « l’austérité » évidente.
Aussi, être de gauche, c’est se situer d’une certaine manière vis à vis de ce capital, des banques et de la finance et ne plus tolérer d’abandonner le financement de l’économie réelle au seul capital financier privé et à ces conséquences abusives. « Le capital prend en otages les salariés individuellement, puisque la vente de la force de travail est la seule solution praticable dans une économie à travail divisé où nul ne peut pourvoir aux exigences de sa reproduction matérielle hors de l’échange marchand. Quand l’accès à la monnaie est le point de passage obligé de la simple survie, et que cet accès n’est possible que sous la forme du salaire, il apparaît que le fond du salariat, c’est le pistolet sur la tempe ... Mais le capital prend aussi en otages les salariés collectivement, puisque, de sa position dans la société économique, il lui revient l’initiative de la production, du lancement des projets et de l’investissement — dont il peut fort bien décider la « grève » lorsque, après avoir prononcé un « à mes conditions ou rien », il estime qu’on n’a pas encore assez fait droit à ses desiderata ... « Qu’on baisse les cotisations, ou je m’en vais » ; « qu’on flexibilise le marché du travail, ou je m’en vais » ; « qu’on me laisse payer ce que je veux de dividendes aux uns et de stock-options aux autres, ou je m’en vais . » [2]
Donc être de gauche, c’est refuser le chantage chronique du capital et contester sa souveraineté en :
- refusant les délocalisations, les mouvements de capitaux et l’implantation des sièges sociaux dans des paradis fiscaux,
- limitant les revenus de l’actionnariat par un impôt adéquate et en plafonnant la rémunération totale des actionnaires,
- imposant la définanciarisation de l’économie et en fermant la Bourse,
- imaginant des « nationalisations » et des réappropriations des moyens de production (terres agricoles, usines...) par les travailleurs,
- installant un protectionnisme raisonné qui mette un coup d’arrêt à la concurrence sauvage des salariés .

« Il faut donc rappeler sans cesse cette trivialité qu’être de gauche suppose de ne pas admettre le capital comme une évidence n’ayant même plus à être questionnée pour se contenter de passer la serpillière fiscale dans les coins. Le rapport au capital qui signe la situation caractéristique de la gauche est donc un rapport politique de puissance, un rapport qui conteste un règne et affirme une souveraineté, celle de la multitude non capitaliste, contre une autre, celle de la « profitation » —pour reprendre l’expression des grévistes guadeloupéens lors de leur mouvement de 2009. » [3]
Et c’est tout le sens de notre appel (Re)Construire qui vient de passer le cap des 600 signatures !

La droite et son extrême gagnent surtout par défaut de perspective politique ouverte par un mouvement progressiste.
Les résultats électoraux du PCF et du Front de gauche sont plombés par leur impossibilité à se défaire d’accords avec un PS de plus en plus ouvertement réactionnaire.
Plus que jamais une organisation révolutionnaire en prise avec les luttes dans les entreprises et les quartiers populaires et détachée de tout électoralisme doit émerger. _ C’est de notre responsabilité à chacun de nous,
Nous qui ne croyons pas que le capitalisme soit aménageable,
Nous qui ne voulons pas de compromission avec la social-démocratie
Nous qui ne confondons pas mondialisme et internationalisme
Nous qui ne voulons pas de cette alliance ouest-européenne nouvelle puissance impérialiste.
Nous qui voulons que les plus exploités, les plus précaires, les chômeurs, les discriminé-e-s, ne laissent à personne d’autres qu’à eux-mêmes la prise en main de la lutte pour leur émancipation.

« Sauf la rage identitaire qui pense pouvoir fondre, et faire disparaître, la gauche et la droite dans la francité éternelle, sauf l’aveuglement du parti des gestionnaires qui, croyant « dépasser la gauche et la droite », ne fait que reproduire la droite, sauf les confusions médiatiques de la gauche et de ses partis, sauf l’action néfaste de quelques « assassins politiques » qui, tout en feignant de le redouter, n’ont rien tant en vue que de tuer la gauche, cette idée ne peut pas mourir. Elle n’a que deux siècles, elle est de prime jeunesse, le cours des choses ne cesse de lui donner raison, le scandale du temps présent l’appelle impérieusement. L’avenir lui appartient. »  [4]

La_peniche avec le monde diplomatique de septembre 2014.



[1Frédéric Lordon – Le Monde Diplomatique de septembre 2014

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[3idem

[4idem



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