Elections israéliennes : les lunettes déformantes

mercredi 18 mars 2015
par  Charles Hoareau
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On va finir par s’y habituer : à chaque nouvelle importante diffusée par les médias il va falloir avoir le décodeur.

A en croire les médias les élections israéliennes sont marquées par trois éléments importants :

« - le Likoud arrive premier des élections législatives anticipées devant l’Union sioniste d’Isaac Herzog qui comptabilise 18,73% des voix.

- La liste des Arabes israéliens réalisent une percée en arrivant troisième.

- Les cinq sièges d’avance sur son principal rival devrait permettre à Benjamin Netanyahou de rester Premier ministre. » [1]

Passons sur la victoire (plus large qu’annoncée) de celui qui a déclaré qu’en cas de victoire de son camp il n’y aurait pas d’état palestinien et revenons sur la liste qui crée la surprise en se hissant à la 3e place.

Contrairement à ce que laisse croire ce qui est écrit et dit partout ce n’est pas une liste des seuls arabes israéliens mais une liste judéo-arabe, appelée Liste commune, constituée de l’ensemble des partis arabes – représentants des Palestiniens de 1948 vivant en Israël – et du Haddash, le front pour la paix, animé principalement par le Parti communiste israélien.

Comme le dit Pierre Barbancey [2] « Une union tout d’abord due à une nécessité pragmatique : la loi a été modifiée pour évincer justement les petits partis, faisant passer de 2 % à 3,5 % le pourcentage minimum nécessaire pour accéder à la Knesset, soit trois ou quatre députés. Si nécessité a fait loi, elle a enclenché une dynamique, particulièrement chez le 1,7 million de Palestiniens d’Israël. Leur participation électorale a toujours été inférieure à la moyenne nationale (57 % contre 68 %). »

C’est bien une liste d’union pour la paix, contre le racisme, les discriminations et l’apartheid que subissent les arabes israéliens et contre les inégalités sociales qui a marqué des points très importants comme le dit la tête de liste, Ayman Odeh, secrétaire général de Haddash qui défend l’idée d’une alliance arabo-juive pour lutter pour la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Il a prévenu que sa formation ne s’associerait à aucun gouvernement après les législatives, quel que soit le vainqueur du scrutin. « Nous voulons que ce gouvernement, qui nous a tous menés dans l’impasse, juifs comme Arabes, ne puisse pas continuer. Mais nous ne sommes pas dans la poche d’Herzog. » [3]

On est donc bien loin d’un affrontement inter-ethnique ou inter-religieux comme pourraient le faire croire les titres de la presse de ce matin.

C’est même tout le contraire et c’est porteur d’espoir.
On leur achète des lunettes aux rédacteurs en chefs ?


[1Europe1 mais on aurait pu prendre des dizaines d’autres médias qui livrent tous les mêmes éléments

[2Huma du 16 mars

[3idem



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