Contre le réchauffement climatique, la Bolivie appelle à détruire le capitalisme

dimanche 29 novembre 2015
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La contribution nationale de la Bolivie en vue de la COP 21 classe le changement climatique dans les échecs de l’économie capitaliste, auquel le pays appelle à mettre fin.

Bannir le capitalisme, le consumérisme, le mercantilisme pour un nouveau modèle de civilisation. La proposition émane du gouvernement bolivien, qui a remis avec un peu de retard sa contribution nationale en vue de la COP 21.

122 pays ont déjà fait part de leurs engagements pour l’accord international à Paris visant à maintenir le réchauffement climatique dans la limite des 2°C par rapport à l’ère préindustrielle.

Réduction des émissions de Co2, financement pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique, transfert de technologies, les solutions proposées par les pays pour lutter contre le changement climatique en vue de la COP 21 sont nombreuses.

Pistes alternatives

Mais le pays dirigé par Evo Morales a profité du sommet alternatif contre le changement climatique qui s’est tenu en Bolivie le 10 octobre pour lancer des pistes de lutte alternatives.

Le pays, qui a déjà inscrit le respect de la Terre Mère dans sa constitution tient pour principal responsable de la crise climatique actuelle « l’échec du système capitaliste ». « Pour résoudre la crise climatique, nous devons détruire le capitalisme », affirme la contribution.

Les propositions boliviennes ne se résument par à la dénonciation du capitalisme, mais s’articulent autour de 10 solutions structurelles, parmi lesquelles figurent également la reconnaissance des droits de la « Madre Tierra », la reconnaissance au niveau des gouvernements nationaux du droit à l’eau ou encore l’abandon des brevets des technologies.

Autre proposition centrale, la création d’un tribunal international de la justice climatique et de la Terre Mère, qui serait chargé de trancher les crimes climatiques au niveau international.

Justice climatique internationale

L’idée d’une justice climatique internationale n’est pas nouvelle en Bolivie. Dès 2009, Evo Morales avait a appelé à sa mise en place, lors de la conférence de Copenhague. Pour l’heure, aucun tribunal international ne possède les compétences pour juger les crimes climatiques. Résultat, la justice climatique est souvent rendue à l’échelon national, où les lois diffèrent fortement d’un pays à un autre.

Cette idée de justice climatique se retrouve également dans le concept de réparation des émissions de gaz à effet de serre entre les pays membres des Nations unies. En partant d’un objectif de maintien du réchauffement climatique sous la barre des 1,5°C, la Bolivie a estimé le volume d’émissions possibles. Elle l’a réparti entre les pays développés et ceux en développement, en se basant sur un indice de justice climatique, défini en fonction du niveau de développement du pays, de sa responsabilité dans le réchauffement, de ses capacités technologies et de son empreinte écologique.

Inversion des droits à polluer

L’utilisation de cet indice climatique permettrait une répartition équitable des droits à polluer restant sur terre entre pays développés, responsables du réchauffement climatique, et les pays en développement qui en sont les premières victimes.

Selon les calculs opérés par la Bolivie, le nouveau cadre international devrait prévoir 11% des émissions pour les pays développés et 89% pour ceux en voie de développement. Le gouvernement bolivien s’est également engagé, entre autres, à relever sa part d’énergies renouvelables à 79% d’ici 2030 et à supprimer toute déforestation illégale d’ici 2020.

Pour l’heure, la population des pays développés représente environ 20% de la population mondiale. Mais ces pays (États-Unis, France, Japon, Allemagne, etc) émettent 4 fois plus de gaz à effet de serre par habitant que les pays en développement.

D’après un article paru sur Euractiv et un envoi de Rouge Vif Paris

Extrait de la contribution bolivarienne pour la COP21
« […] La cause structurelle qui a déclenché la crise climatique est l’échec du système capitaliste. Le système capitaliste favorise le consumérisme, le bellicisme et le mercantilisme, provoquant la destruction de la Terre Mère et de l’humanité. Le système capitaliste est un système mortifère. Il mène l’humanité vers un horizon de destruction qui condamne la nature et la vie elle-même. Pour résoudre structurellement la crise climatique nous devons détruire le capitalisme.
Le système capitaliste cherche le profit sans limites, renforçant le divorce entre les humains et la nature ; il établit une domination des humains sur la nature et entre les êtres humains eux mêmes, transforme : l’eau, la terre, l’environnement, le génome humain, les cultures ancestrales, la biodiversité, la justice et l’éthique en produits. Le système économique capitaliste privatise le bien commun, mercantilise la vie, exploite les êtres humains, pille les ressources naturelles et détruit les richesses matérielles et spirituelles des peuples. […]

La Bolivie voit le « Buen Vivir » comme l’horizon civilisationnel et culturel alternatif
au capitalisme, liée à une vision globale et complète priorisant le développement global en harmonie avec la nature, et comme solution structurelle à la crise climatique mondiale. Le « Buen Vivir » s’exprime dans la complémentarité des droits des peuples à vivre à l’abri de la pauvreté et de la pleine réalisation des droits économiques, sociaux et culturels mais aussi des droits de la Terre Mère, qui intègre la communauté indivisible de tout les système de vie et d’êtres vivants, indissociables, interdépendants et complémentaires qui partagent un destin commun. […] »

Texte complet (en anglais) sur http://www4.unfccc.int/



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