Congrès de la CGT 13 : rassembler notre camp (I)

lundi 8 février 2016
par  narosinfo
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Du 2 au 4 février se tenait le congrès de l’union départementale CGT des Bouches du Rhône. La préparation de celui-ci avait donné lieu à des débats sur quelle CGT aujourd’hui, quelle stratégie face aux projets du capital, quels rassemblements et sur quels contenus ? Dans une ambiance sereine et studieuse les débats confirmèrent l’orientation prise depuis 3 ans maintenant et que l’on peut résumer par cette phrase reprise plusieurs fois dans le congrès : face aux coups du camp d’en face, il est important de rassembler notre camp.
Echos des débats...

En arrivant au congrès, on est accueillis dans le grand hall du Palais des congrès dans le parc Chanot par un stand des Fralib devenus coopérateurs dans la toute jeune SCOP-TI : tout un symbole. Pendant 3 jours les débats vont aller bon train et les interventions se succéder. A l’issue de ceux-ci une nouvelle direction est élue : une commission exécutive de 100 membres, largement renouvelée, un bureau de 25 membres et un nouveau secrétaire général Olivier MATEU.
Nous donnons aujourd’hui la parole à 3 nouveaux membres de la CE élue par le congrès.

Comme on peut s’en douter les salariés de la SODEXO dont on parle… jusqu’en Chine (véridique ci-dessous la photo et les commentaires en chinois ne sont pas un montage !!) étaient attendus et remarqués au 56 ème congrès CGT et ils n’ont pas déçu ! L’intervention de Christian a été un des moments forts du congrès, une de ces interventions qui rendent les yeux humides, sont interrompues par les applaudissements et se terminent devant une salle debout.
Il dit son incrédulité, lui qui avait 38 ans d’ancienneté, qui a connu le patron à ses débuts (le patron de SODEXO est un marseillais qui a commencé en 1966 par une petite entreprise familiale comme il aime à le raconter sur le site de l’entreprise devenue, en quatre décennies, une multinationale). Il dit tout l’appui qu’ont été les UL et UD 13, comment il leur, ils leur sont tous reconnaissants...Comment voulez-vous que l’on ne soient pas émus ?

Plus tard dans les couloirs, Nordine, délégué CGT de la SODEXO, nous raconte « son » congrès

Nordine de la SODEXO

« C’était mon premier congrès, j’étais en quelque sorte le petit nouveau qui débarque dans cette antre au parc Chanot, où sont réunis plusieurs centaines de camarades, pour la plupart de vieux briscards. C’est la richesse de notre syndicat qui est réunie ici. Tous les corps de métiers femmes, hommes, un seul combat ….la défense des salariés.

J’écoute les histoires des camarades sur leurs luttes et leurs victoires, je partage avec des copains les ressentis.
A chaque pause, dans les couloirs du congrès, j’échange avec les copains notre propre vécu.

Dans les débats je découvre aussi les bagarres de pouvoir et des interventions critiques où là il faut être assisté d’un ancien pour décoder les messages.
Lors de ce congrès, j’essaie de tout comprendre, y compris les désaccords, sans pour cela juger, sachant les enjeux que cela peut représenter, mais voyant que l’unité, comme cela a été de nombreuses fois mis en avant, reste un objectif majeur dans notre syndicat .

Première candidature à la CE, et élu, beaucoup d’émotions lors des prises de parole de mes camarades.
Deux mois de combat à la SODEXO, et en écoutant les Fralib , je me dis que nous aurions jamais fait ne serait-ce que le quart de ce qu’ils ont fait.

Nous rencontrons maintenant celle que tout le monde ici appelle Nanou et non Nedjma qui est son vrai prénom.

Elle travaille à la clinique Beauregard, un établissement de santé à la logique de gestion bien ancrée dans les rouages de la société capitaliste.

Logique qu’elle combat au nom du droit à la santé et aux missions qu’elle considère comme essentielles : soigner, écouter, prendre le temps auprès des patients qu’elle refuse de considérer comme des clients.

Pour elle le congrès se déroulait dans un moment particulier puisqu’en même temps se déroulaient les élections professionnelles dans son établissement.

Elue pour la première fois à la CE de l’union départementale, elle nous donne ses impressions et nous parle bien sûr des élections.

Nanou clinique Beauregard

Je trouve que ce congrès s’est bien passé. Il y a eu des débats mais pas de règlements de compte. J’ai connu des congrès bien plus agités. Je suis frappée par le renouvellement et le rajeunissement de la direction. C’est très bien mais je regrette de ne pas pouvoir travailler avec nombre de celles et ceux qui partent.

J’ai beaucoup aimé le rapport d’introduction du congrès fait par Hélène [1] on devrait le diffuser largement. Il porte, comme plusieurs interventions de congressistes des éléments d’analyse de la situation politique actuelle et c’est indispensable pour comprendre et lutter.
Bien sûr il y a d’autres interventions avec lesquelles je n’étais pas d’accord, notamment celles qui disaient qu’il ne fallait pas s’intéresser aux questions politiques, mais c’est le débat

C’est important comme l’a dit Olivier en fin de congrès de rassembler notre camp. Dans le contexte actuel on ne peut tout attendre de l’unité syndicale il faut se rassembler avec celles et ceux qui veulent se battre sur les mêmes objectifs que nous.

RM : Et comment tu vois ton rôle dans la CE de l’UD ?

A mon avis il faut travailler à une meilleure prise en compte des salariés de la santé privée et qui sont pour l’instant, bien que plus nombreux en nombre de syndiqués, moins représentés dans la direction de la CGT que leurs collègues du public. Il faut donc que l’on arrive à un autre équilibre santé privée/ santé publique, non pas pour être en concurrence mais pour être à l’image du salariat et des forces syndicales.

RM : et les élections alors ?

Eh bien on n’a pas tous les résultats car il va y avoir un 2e tour pour le 2e collège mais d’ores et déjà on peut dire qu’on aura une forte progression. 600 salariés étaient appelés à voter et dans le 1er collège on passe à 46% de votants contre 32% aux dernières élections et dans le 2e collège il s’annonce aussi une forte progression. Je suis très contente on va avoir plus d’élus et donc plus de temps je vais pouvoir m’investir davantage.


Stéfan, milite au centre-ville un secteur où le commerce est omniprésent et avec lui les administrations, les services publics ou privés.

Il faut compter aussi avec de nombreuses petites entreprises et associations dans lesquelles l’organisation est difficile.

Il a été chargé par son union locale de près de 3000 adhérentes et adhérents de faire l’intervention au nom de celle-ci.

Un baptême du feu pour lui candidat pour la première fois à la CE de l’union départementale.

Il prend sa place dans les débats du congrès et répond à un intervenant précédent parlant de problèmes de personnes et posant des questions sur la stratégie suivie.

Intervention UL CGT Marseille Centre pour le 56e congrès de l’UD CGT 13 (extraits)

(...) nous pensons qu’il ne s’agit pas de problèmes de personnes, mais bien de choix dans l’orientation et la stratégie de la CGT, même si des questions de personnes peuvent venir parasiter ces débats.

 Il a été déploré lors de ce congrès, que lors de certaines mobilisations, les camarades CGT extérieurs à l’entreprise étaient plus nombreux que ceux à l’intérieur. Nous pensons que c’est une stratégie de soutien qui peut se montrer efficace selon les circonstances. Par exemple, au niveau de l’UL, des salariées d’H&M étaient venus nous voir , car la violence de leur hiérarchie, en termes de conditions de travail et d’humiliations était telle qu’elles n’en pouvaient plus. Une d’entre elles ayant même fait une tentative de suicide.

S’il avait fallu attendre que les salariées se mobilisent majoritairement, alors que la plupart étaient terrorisées, nous n’aurions rien fait. Au contraire, nous avons envahit le magasin de la rue de la République le jour où le directeur régional était présent pour lancer une opération commerciale. Nous étions une 40aine de militants de divers secteurs (commerce, McDo, chômeurs, travailleurs sociaux, fonctionnaires …) et nous avions pris soin de prévenir la presse (Marseillaise, la Provence, France 3). Devant le rapport de force, la hiérarchie n’a pas bronché, et a même refusé de répondre aux médias. Nous avons ensuite voulu envahir le magasin H&M de la rue St Férréol. Là, le directeur régional a mobilisé les vigiles du magasin pour nous barrer le passage. Nous avons forcé et avons envahi le magasin, en promettant de revenir si le harcèlement envers les camarades continuait.

Nous n’avons pas eu besoin de le faire, la peur ayant changé de camp. De plus, une semaine après cette action, le vigile du magasin faisant face au H&M de la Rue St Fé est venu à l’UL se syndiquer voyant que la CGT défendait les travailleurs du secteur.

En plus de la solidarité de classe, valeur indissociable de la CGT, cette stratégie se révèle efficace en terme de rapport de force, voire de syndicalisation. De plus, les militant-e-s qui participent à ces actions en ressortent gonflés à bloc. Et même, si tous les camarades ne peuvent pas être présents à toutes les actions, nous nous servons tous de l’exemplarité de ces luttes (de Fralib à la Sodexo) dans nos sections et syndicats pour montrer ce qu’est la CGT auprès de nos collègues de travail.

(...) la plupart des salarié-e-s que nous recevront sont issus de TPE (Très Petites Entreprises).

A ce propos, je relève que le terme TPE étaient omniprésent lors du dernier congrès, car des élections professionnelles, essentielles pour la représentativité syndicale, allaient avoir lieu pour les TPE. Depuis le début de ce Congrès, les TPE n’ont pas été évoquées une seule fois. La CGT ne ’intéresserait à ces 4 millions de salarié-e-s que lors des élections ? Leur structuration au sein de la CGT ne serait plus à l’ordre du jour ?(...)

Viva la CGT !

Depuis plus d’un an la CGT des Bouches du Rhône a créé en sein une commission internationale. Parce que la solidarité de classe n’a pas de frontières et parce que plus que jamais, dans un contexte mondial marqué par les guerres et l’impérialisme, il est important de l’affirmer et de lutter pour cet objectif. Tout naturellement le 2e jour du congrès fut l’occasion d’une soirée internationale placée cette année sous le signe de la solidarité avec les kurdes. Avant de donner la parole à Salih SOYLEMEZ camarade kurde, puis de laisser la place au groupe de musique venu du Kurdistan qui animera la soirée, Virginie CAVA, nouvelle élue au secrétariat de l’UD prononcera le discours ci-après.

Soirée internationale

Au vu de la situation internationale, de son ampleur prise et de leur impact sur les travailleurs de notre département et du reste du monde, des relations privilégiées de l’aire marseillaise avec l’Afrique, il a semblé indispensable à notre UD de mieux prendre en compte les questions internationales.
Dans ce but la CE de l’UD a créé une commission internationale qui a, depuis sa création impulsé diverses initiatives : rencontre avec les syndicalistes et communistes d’Ukraine, donné à la CE de l’UD un argumentaire sur les questions de la Palestine et la campagne BDS, permis à l’UD de s’investir en connaissance de cause au côté des kurdes en particulier au moment du silence syndical assourdissant sur la résistance de Kobane.

Comment se désintéresser de ces questions alors que Marseille est un port ouvert sur la Méditerranée, quand les travailleurs détachés sont mis en concurrence des salariés de France comme à la SNCM par exemple, quand les délocalisations ont pour but de mettre les salariés en concurrence comme pour Fralib, quand la direction d’Eurocopter semble ne voir d’avenir pour son usine qu’à travers la vente d’appareils de combat à l’Arabie Saoudite. .. c’est bien à partir de nos positions de classe et donc de la solidarité internationale que nous prenons position pour la sortie de l’OTAN, contre le retour des guerres coloniales et contre les politiques qui créent des millions de réfugiés.

Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, La France, les Etats-Unis leurs alliés, refusent de tirer les leçons de leur politique internationale et poursuivent leurs objectifs de vassalisation du moyen orient. Une preuve parmi tant d’autres ? L’exclusion des kurdes dans les négociations actuelles sur l’avenir de la Syrie alors même qu’ils sont la 1re force d’opposition à Daesh.

Nous voulons redire que la guerre n’a jamais rien réglé pas plus les bombardements des populations civiles syriennes décidées par Hollande au lendemain des attentats.

Nous rentrons dans une phase de « risque sérieux » sur l’internationalisation durable de conflits et c’est bien aussi pour cela que le gouvernement veut prolonger l’état d’urgence et changer la loi au mépris de nos libertés. En toute indépendance la CGT doit réaffirmer son refus de la neutralité comme elle a su le faire contre les guerres coloniales ou lors de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Un BILAN s’impose :

Sur la situation syrienne après plusieurs années de guerre civile qui oppose les opposants et les partisans du régime de BACHAR EL ASSAD, le bilan avoisine plus de 150 000 MORTS

Ce mouvement révolutionnaire s’est transformé peu à peu en conflit opposant plusieurs camps armés au milieu de la population civile
Cette guerre sanglante a forcé plus de 700 000 Syriens à quitter leur pays

Actuellement ces plus de 400 000 civils retranchés dans les villes assiégées EN DANGER DE MORT !

En Turquie, depuis son arrivée au pouvoir le président ERDOGAN, a instauré une des plus graves vagues de répression et de violences contre les populations kurdes
Au prétexte de « guerre contre le terrorisme », ce gouvernement poursuit une véritable opération d’extermination contre les kurdes
Des villes entières voient leurs habitants martyrisés, bombardés, sans qu’aucun dirigeant politique n’intervienne.
Sur les dernières semaines, c’est plus de 3000 victimes, 200 000 déplacés

Pire encore, la Turquie organise le commerce clandestin du pétrole de DAESH ;
C’est le moment que l’Union européenne a choisi pour rouvrir le processus d’adhésion de la Turquie à l’union européenne. Et pour cela même ils sont prêts à utiliser les fonds publics pour faciliter cette intégration !!!

Alors Il y a urgence à faire cesser toutes les opérations militaires notamment contre le peuple kurde, et qu’un processus de paix soit relancé.

La France doit prendre des mesures actives pour protéger les populations
Nous devons nous inscrire dans cette bataille pour que la liberté et les droits humains soient respectés.

Autre petit rappel :
Il y a plus de cinq ans, un avion décollait précipitamment de Tunis et mettait le cap sur Riyad. À son bord, un dictateur, ses proches et une fortune volée au peuple tout au long des vingt-trois années de règne

C’est ce même dictateur qui était encensé par le gouvernement Sarkozy et le FMI présidé par Strauss-Kahn.
De la Tunisie avec la grève dans le bassin minier de Gafsa aux manifestations pacifiques de la place Tahrir en Egypte en passant par les manifestations de la jeunesse libyenne et celles pour plus de démocratie en Syrie au nom du peuple qui a inventé l’alphabet, l’intervention des pays capitalistes, OTAN, Etats-Unis et France en tête, tout a été fait pour étouffer l’opposition démocratique au profit des arriérés de Daesh et autres Al Nostra dont il y a peu encore Fabius disait le plus grand bien.
Aujourd’hui les le Niger, le Yemen et tant d’autres pays d’Afrique et d’Asie sont les premières victimes des crimes perpétrées par des armées rétrogrades armées par la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar tous alliés de l’OTAN.
Leur action a juste contribué à étouffer les voix des oppositions démocratiques et a soit produit du chaos soit renforcé les dictateurs.
Il y a pourtant de l’espoir quand des peuples ne veulent pas se faire confisquer leur révolution ou leur lutte. C’est le cas en Tunisie qui viennent de se doter d’une Constitution dont ils sont légitimement fiers.
Sous les poussées multiples Le 11 décembre dernier, les sénateurs français ont d’adopté une résolution invitant le gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine.

Soit une victoire de tous les partisans d’une paix juste et durable en Palestine, en Israël, en France et dans le monde.

La France, se doit d’agir pour
- le respect du droit international
- la dignité des peuples

Soit, un avenir de paix et de développement au Proche-Orient qui ne pourra s’écrire que par la reconnaissance, aux côtés d’Israël, d’un État palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Nous devons porter l’exigence de la levée du blocus de Gaza

La reconnaissance de l’État palestinien n’attend plus ; elle pourra compter sur le soutien de la CGT des Bouches du Rhône !

L’union départementale CGT 13 réaffirme son engagement et sa solidarité aux côtés des peuples du monde à commencer par les peuples de la Méditerranée dont elle fait partie et s’engage à développer son action en ce sens.

(A suivre : quand la CGT d’ALTEO parle des boues rouges, ceux d’AIR FRANCE et de NEXCIS de leur combat et le rapport d’ouverture intégral)


[1Hélène Honde, secrétaire à l’organisation NDLR



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