La CFDT ne fait pas de politique…mais…

vendredi 14 avril 2017
par  Charles Hoareau
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C’est bien connu la CFDT (comme FO, la CFTC…etc ) ne fait pas de politique contrairement à la CGT qui a toujours été « noyautée » ou « courroie de transmission » (au choix)…des rouges au couteau entre les dents. Si vous n’en êtes pas convaincus c’est que vous ne lisez pas la presse ou n’écoutez pas nombre de médias autorisés…

La CFDT ne fait pas de politique et pratique un syndicalisme responsable qui lui a permis de devenir la 1re centrale syndicale française (mais puis qu’on vous le dit !) et cela n’a rien à voir avec les tripatouillages de chiffres introduits par la loi Bertrand de 2008 qui donne à la notion de représentativité l’exactitude d’un pifomètre que l’on peut manipuler à sa guise.

La CFDT ne fait pas de politique mais alors qu’est ce qui a pris à son secrétaire général M. Berger ces jours derniers ? D’abord il s’en prend à Gattaz non pas parce que ce dernier a annoncé vouloir encore plus de régression sociale suite aux élections, non pas parce qu’il a perdu son pin’s promettant la création d’un million d’emplois, non pas parce qu’après avoir hésité entre Macron et Fillon il annonce qu’il choisit finalement l’homme qui a créé le très confortable salaire à vie pour son épouse.

Non si Berger s’en prend à Gattaz c’est parce que ce dernier n’a pas été gentil avec Hamon…et Hamon seulement. Tiens pourquoi donc juste lui ? Il ne partage pas son « outrance » et le fait de mettre Benoit Hamon « dans le paquet d’ultra populisme » comprenez Mélenchon et Le Pen que Berger met dans le même « paquet ».
Toujours sans faire de politique donc et de peur qu’on ait mal compris, hier sur France Inter celui que la radio présentait comme le « N°1 de la première centrale syndicale française » (on n’est plus à une contrevérité près sur France Inter) en a remis une couche.

Non seulement il défend encore Hamon mais il s’en prend en plus à Mélenchon à cause de sa position sur l’Europe et aussi à cause de sa « révérence » au Venezuela dont le pouvoir a, « depuis Chavez, a saigné le pays » et a « une population extrêmement pauvre qui vit sous un régime totalitaire ». Totalitaire ? Y a-t-il eu une seule élection dont le résultat n’a pas été respecté ? Et quand il y a eu un coup d’état totalitaire il a été l’œuvre des adversaires de Chavez et à l’époque on n’a guère entendu les protestations de la CFDT. Et si le peuple en masse a manifesté pour que Chavez retrouve le pouvoir c’est qu’il était masochiste ? Chavez a gagné 9 élections il faut en gagner combien pour ne pas être « totalitaire » selon la CFDT ? A moins qu’elle ne prétende que les urnes ont été bourrées et ne conteste les résultats…toujours sans faire de politique évidemment.

De manière tout aussi apolitique il a poursuivi en indiquant qu’il ne partageait « quasiment aucune » position de Mélenchon et qu’il y avait avec ce candidat « un risque en termes d’une vision assez totalitaire ». Décidément le totalitarisme est partout pour lui.

N’en déplaise à Berger et les siens, je fais partie de celles et ceux qui pensent que le Venezuela n’est pas une dictature mais qu’il est dans un processus qu’il faut défendre mais c’est presque anecdotique en l’espèce.

Ce qui ne l’est pas c’est qu’au travers de son propos Berger montre qu’il n’est pas apolitique du tout et que son apolitisme présumé, comme tous ceux qui s’en prévalent est en fait une façon de masquer son engagement contre le camp du monde du travail et son asservissement au camp du capital. Hollande le sait bien qui rend un hommage appuyé à la CFDT en la montrant en exemple à ce qu’il reste du PS.

Passons sur la vision simpliste des élections présidentielles (« chacun dit votez pour moi et je m’occuperai de vous »), ce sont bien des raisons politiques qui ont poussé la CFDT à soutenir la loi El Khomri hier (ne remontons pas plus loin les exemples de soumission sont bien trop légions) et font dire aujourd’hui à Berger, au nom du « syndicalisme apolitique » que sur la durée du travail « la référence hebdomadaire n’est plus la bonne référence ». Qu’il faut analyser la durée du travail tout au long d’une carrière ce qui lui permet de justifier que son syndicat ne fera rien pour pousser la revendication des 32h. Au passage notons que la CFDT pousse le projet dangereux pour la santé d’une banque du temps qui permet la plus grande flexibilité des horaires tout au long d’une vie, autrement dit la possibilité de semaines surchargées et harassantes quand le capital le demande !

Que la CFDT s’attaque fortement à Mélenchon ou qu’elle critique Hamon sur les aspects les plus positifs de son programme, qu’elle défende avec vigueur « l’Europe » en faisant semblant de la confondre avec l’alliance capitaliste nommée UE (« tous ceux qui disent que la solution c’est de sortir de l’Europe sont des menteurs » sic !), la CFDT démontre une seule chose : elle fait de la politique, celle du capital.



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