La grande enquête sur le stress accable France Télécom

dimanche 14 mars 2010

L’inspection du travail dans un rapport transmis au parquet de Besançon et reproduit vendredi 12 mars par Le Parisien estime que le suicide d’un salarié de France Télécom à Besançon, en 2009, est « en lien avec le travail », car la direction connaissait « l’existence d’un risque grave » et n’a « pas pris les mesures de prévention suffisantes »,

Dans ce document envoyé à la fin janvier au directeur de l’unité d’intervention Bourgogne Franche-Comté, où travaillait le salarié, l’inspection du travail précise qu’elle a transmis son rapport d’enquête à la justice, au titre de « la mise en danger délibérée » de la vie d’autrui et de l’article du code du travail qui oblige l’employeur à prendre les mesures nécessaires pour la sécurité de ses salariés.

Nicolas G., un technicien de 28 ans, s’était suicidé en août 2009 à son domicile. Un délégué SUD-PTT avait expliqué à l’époque qu’il avait « récemment été nommé sur un poste qu’il avait ressenti comme très disqualifiant ». Il avait même dû être hospitalisé. Le salarié avait laissé des lettres expliquant son geste. Le parquet de Besançon avait estimé le 12 août qu’il était « impossible » d’établir un lien formel de causalité entre ses problèmes professionnels et son suicide. Dans son rapport, l’inspection du travail précise que « parmi les causes décrites par la victime » dans ses lettres, « certaines sont liées au travail ».

Après enquête, elle affirme que « la direction (...) connaissait l’existence d’un risque grave lié à la santé mentale de ses salariés », notamment grâce à des rapports de médecins du travail et du cabinet d’expertise Technologia, qui, en 2008, évoquait des risques psychosociaux chez les techniciens d’interventions.

Technologia soulignait notamment le sentiment d’« instabilité » et d’« inutilité » ressenti par certains salariés obligés de changer de métier, les relations « parfois délicates, voire conflictuelles, avec la clientèle », ou encore le décalage entre les horaires réels et ceux prévus sur le planning de ces techniciens.

De plus, malgré des alertes de médecins du travail dès avril 2009 expliquant que les mesures de prévention de la direction (cellules d’écoute, etc.) étaient insuffisantes, « France Télécom n’a pas modifié ses mesures de préventions » et « a donc, en pleine connaissance de cause, décidé de ne pas mettre en place » celles que préconisait le cabinet Technologia. L’enquête montre même que « les cadences de travail des techniciens ont considérablement augmenté, notamment à partir de décembre 2008, avec un point culminant en juin 2009 ». Le syndicat SUD-PTT envisage de se porter partie civile dans cette affaire.

L’inspection générale des affaires sociales (IGAS) a recommandé à France Télécom de classer trois suicides de fonctionnaires et une tentative, comme « accidents de service », c’est-à-dire ayant un lien avec le travail. Xavier Darcos, le ministre du travail, a nommé en novembre, à la demande de France Télécom, un inspecteur général des affaires sociales, Jean-Marc Boulanger, pour déterminer si certains suicides ou tentatives de suicides de fonctionnaires, intervenus en 2008 ou 2009, étaient imputables au travail et s’ils pouvaient donc être reconnus comme accidents de service. L’accident de service est l’équivalent pour les fonctionnaires de l’accident du travail. Technologia, après s’être entretenu avec 500 salariés, note la « persistance des difficultés » dans l’entreprise, soulignant qu’il y a eu « plusieurs suicides depuis janvier ». Il a été remis lundi après-midi au nouveau PDG, Stéphane Richard, et aux syndicats.

Source LEMONDE.FR avec AFP le 12/03/10

Transmis par Linsay



Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur