Après la France c’est au tour des Pays Bas...

vendredi 3 juin 2005
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Trouvé sur le site de la documentation française.

Les Pays-Bas ont infligé un nouveau coup, peut-être fatal, à la Constitution européenne, trois jours après le non français, en la rejetant massivement mercredi lors d’un référendum où le non l’a emporté avec 61,6% des voix, selon les résultats définitifs non officiels.

Le rejet de la Constitution par un deuxième pays fondateur de l’Union européenne après la France ne doit pas empêcher « le processus de ratification de continuer », a réagi le président en exercice de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, s’est dit « très déçu » mais a promis de respecter la volonté de ses concitoyens d’autant que le taux de participation s’est élevé à 62,8%, selon ces résultats, collationnés par l’agence de presse ANP avec les chiffres des bureaux de vote. Les résultats officiels ne devaient être publiés que lundi.

Le taux de participation serait donc de près de 24 points supérieur à celui des élections européennes de juin 2004, attestant de la mobilisation des quelque 11,6 millions de Néerlandais.

Les principaux partis ont dit vouloir tenir compte de ce référendum consultatif si la participation dépassait 30%.
« C’est un signal clair et que nous ne pouvons pas nier », a reconnu M. Balkenende. En France, le non a gagné avec 54,67% des suffrages.

Dans le camp du non, l’heure était à l’euphorie. A Amsterdam, de 200 à 300 militants du Parti socialiste (SP), une petite formation très à gauche, ont sauté de joie, s’étreignant et criant leur satisfaction à l’annonce des résultats.

« Nous nous réjouissons que les Néerlandais n’aient pas plié devant l’épouvantail brandi par le gouvernement », a dit pour sa part Mat Herben, député de la Liste Pim Fortuyn (LPF, populiste, opposition), l’un des plus fervents militants du non.

Le camp hétéroclite du non rassemble les protestants les plus rigoristes, la LPF, le Parti socialiste, et le député d’extrême droite Geert Wilders, soit seulement 22 des 150 sièges du parlement.

Du côté des partisans du oui, l’heure était à l’auto-critique et aux moyens de combler le « gouffre » entre la classe politique, majoritairement favorable à la Constitution.

« Aux Pays-Bas, plus de 40% des gens estiment que l’Europe va trop vite sur l’euro, l’élargissement aux pays de l’est puis à la Turquie. Le non est un signal aux politiques pour dire : +arrêtez-vous et écoutez-nous+ », analysait pour l’AFP Maurice de Hond, directeur d’un des principaux instituts de sondage des Pays-Bas.

Selon les sondages, les Néerlandais redoutent une dissolution de leur petit pays dans l’Europe élargie, et une intervention de Bruxelles sur des dossiers comme la politique libérale en matière de drogues douces, le mariage ouvert aux homosexuels ou l’euthanasie autorisée sous condition.

Ils voient une preuve de la malhonnêteté des politiques dans l’aveu de l’ancien directeur de la Banque centrale néerlandaise selon lequel le florin avait été sous évalué par rapport au deutschemark lors du passage à l’euro.
Cet aveu confirme l’opinion des consommateurs sur la hausse des prix.

Parmi les autres raisons du non figurent la crainte de l’étranger et une possible adhésion de la Turquie.
« J’ai voté non car je n’ai pas confiance dans le gouvernement », déclarait un retraité de 65 ans dans un bureau de vote du centre d’Amsterdam. Il se disait aussi mécontent de l’élargissement de l’UE à 25 pays, refusant notamment « les Polonais, à 98% très catholiques et superstitieux ».

M. Balkenende avait lancé mardi soir un ultime appel en faveur du « oui, pour faire progresser l’économie ».
Le non ne fera toutefois pas tomber le gouvernement de La Haye, à la différence de ce qui s’est passé à Paris mardi. En effet, quelque 80% des élus soutiennent le oui, et c’est le parlement, contre l’avis du gouvernement, qui est à l’origine du référendum.

Quelque 58% des Néerlandais estiment que le non massif opposé mercredi aux Pays-Bas au référendum sur la constitution européenne ne doit pas entraîner de conséquences pour le gouvernement, selon un sondage réalisé mercredi soir.

Ce référendum était le premier à l’échelle nationale en quelque 200 ans d’histoire moderne du royaume.



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