CARMENSEITAS : la fraternité aide à vivre

jeudi 13 novembre 2008
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Sur la scène du théâtre Toursky, « Carmenseitas », la pièce d’Edmonde Franchi, mise en scène par Agnès Regolo, a fait revivre au public le dernier siècle d’existence de la manufacture des tabacs de la Belle de Mai. Un spectacle exigeant, combattif et généreux et une vraie enquête sur les conditions de vie et de travail des ouvrières de la « manu ».

A quatre, elles vous font traverser en moins de deux heures l’histoire de la classe ouvrière et celle du féminisme en plus. Hélène Force, Edmonde Franchi, Catherine Lecoq et Tania Sourseva, incarnent des cigarières marseillaises. Elles franchissent les époques à la cadence des coups du patronat et au rythme de leur vie de femmes.

Elles sont les héroïnes captivantes de « Carmenseitas », une pièce d’Edmonde Franchi, mise en scène par Agnès Regolo et créée le 6 novembre dernier, au théâtre Toursky, à Marseille. Un texte écrit à partir des archives de la Seita et des témoignages des anciennes ouvrières de l’usine, qui a définitivement fermé ses portes au début des années 90.

Dommage que la Friche de la Belle de Mai, aujourd’hui héritière des murs de la manufacture des tabacs, n’ai pas jugé bon d’accueillir la pièce. Elle commence justement par l’inauguration de cette même Friche sur les ruines de la Seita, avant de remonter le temps jusqu’aux prémices de l’industrie du tabac, quand les femmes roulaient à la main et que, pour longtemps encore, c’étaient les maris qui toucheraient leur salaire. Tant pis, le Toursky était plein à craquer et le public on ne peut plus enthousiaste.

Il faut dire que la générosité des artistes, l’ambiance de fraternité et d’humour que répand le texte sont irrésistibles, sans parler les malicieuses interventions de l’Académie de Chant de l’Estaque, dirigée par Alain Aubin, qui ponctuent le spectacle.

La lente agonie de l’industrie du tabac, les luttes et les souffrances de ses ouvrières n’ont pourtant rien de drôle mais c’est justement la force de la pièce de parler sérieusement d’exploitation de l’homme par l’homme (en l’occurrence la femme) et de solidarité, sans rien gommer de la franche humanité qui unit les ouvrières dans la vie.

Un spectacle à recommander à tous ceux qui hésitent à se lancer dans la lutte. Enthousiasmant, tonique, réconfortant… Heureusement, on pourra encore le voir le 28 novembre au Complexe des Terres Blanches, à Bouc-Bel-Air, le 14 février 2009 au théâtre Tino Rossi aux Pennes Mirabeau et le 28 mars 2009 au Comoedia d’Aubagne. Les "Carmenseitas" s’en iront ensuite en Algérie (avril 2009) et c’est le chœur d’Alger, qui remplacera l’Académie de chant de l’Estaque.



Commentaires

mercredi 28 avril 2010 à 17h41
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mercredi 19 novembre 2008 à 11h27 - par  edmonde franchi

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